L’administration Trump annonce le retrait des Etats-Unis de l’OMS
24 janvier 2025
Par: Comité national contre le tabagisme
Dernière mise à jour : 23 janvier 2025
Temps de lecture : 5 minutes

Dans une décision qui a provoqué une onde de choc dans la communauté mondiale de la santé, l'administration Trump a officiellement annoncé son intention de retirer les États-Unis de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Cette décision, détaillée dans un décret signé le 21 janvier 2025, marque un changement important dans la politique étrangère et de santé des États-Unis, suscitant des inquiétudes quant aux répercussions potentielles sur les initiatives internationales en matière de santé et sur la crédibilité des États-Unis sur la scène mondiale.
Au cours de son premier mandat, Trump avait notifié officiellement le retrait des États-Unis de l'OMS, ce que le président Biden avait annulé dès le premier jour de son mandat en 2021.
Une « influence politique inappropriée » des États membres de l'OMS selon Trump
Le décret en question cite des frustrations de longue date concernant l'inefficacité présumée de l'OMS et la partialité politique perçue. Selon l'administration Trump, l'organisation n'a pas réussi à répondre de manière adéquate aux crises sanitaires critiques et est indûment influencée par certains États membres. Dans un communiqué de presse, l’organisation Campaign for Tobacco-Free Kids[1] s’est alarmée de cette décision, soulignant qu'elle pourrait compromettre les efforts déployés au niveau mondial pour lutter contre le tabagisme et d'autres problèmes de santé publique. Pour les experts, cette décision pourrait isoler les États-Unis dans la gestion des urgences sanitaires mondiales et réduire leur influence dans l'élaboration de la politique internationale en matière de santé.
Le moment du retrait coïncide avec des tensions accrues entre les États-Unis et l'OMS au sujet de sa gestion des priorités mondiales en matière de santé, notamment la lutte contre le tabagisme et la réponse aux pandémies. L'administration Trump a accusé l'OMS de manquer de transparence et de responsabilité, ce que l'organisation a toujours démenti.
Gel des agences fédérales de santé
Cette décision intervient également alors que l'on signale une « pause » dans les communications entre le ministère de la santé et des services sociaux (HHS) et les principales agences fédérales de santé, notamment les centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) et la Food and Drug Administration (FDA)[2].
Selon des sources au sein des agences concernées, qui ont demandé à ne pas être nommées parce qu'elles n'étaient pas autorisées à partager l'information, la directive est arrivée sans avertissement et avec peu d'indications sur ce qu'elle couvrait exactement. La note demandait entre autres aux employés des agences de santé de faire examiner et approuver par une personne nommée par le président tous les documents et communications - y compris celles concernant les règlements, les orientations, les avis, les médias sociaux, les sites web et les communiqués de presse - avant publication. Elle demande également aux employés de ne pas prendre la parole en public sans autorisation et de se coordonner avec les personnes nommées par le président avant d'envoyer de la correspondance officielle aux membres du Congrès ou aux gouverneurs.
Pour les acteurs de santé publique, ces contraintes en matière de communication risquent de mettre à mal la diffusion d'informations sanitaires cruciales au public. Ils ont aussi souligné l'importance d'une communication claire et cohérente en période d'incertitude. Ils alertent sur les risques d’une absence de coordination entre les agences sanitaires qui pourrait avoir des conséquences désastreuses sur « la capacité du pays à relever efficacement les défis sanitaires nationaux et mondiaux ».
Une décision grave qui pourrait fragiliser la santé publique mondiale
Dans une déclaration[3] publiée peu après l'annonce, l'OMS a regretté la décision des États-Unis, soulignant le rôle essentiel que joue l'organisation dans la coordination des efforts de santé mondiaux. « Cette décision risque de compromettre des décennies de progrès en matière de santé publique », peut-on lire dans la déclaration. L'OMS a mis en avant ses initiatives en cours, notamment ses travaux sur la lutte contre les maladies non transmissibles, la promotion de la couverture sanitaire universelle et la lutte contre l'épidémie mondiale de tabagisme, comme autant d'exemples de ses contributions indispensables.
Dans sa réponse, l'OMS souligne également l'importance de la coopération multilatérale pour relever les défis sanitaires mondiaux et prévient que le retrait des États-Unis pourrait affaiblir la solidarité internationale et la mobilisation des ressources.
Les États-Unis ont toujours été l'un des principaux contributeurs au budget de l'OMS, fournissant un financement crucial pour des initiatives allant de la distribution de vaccins à la surveillance des maladies. Avec leur retrait, l'organisation pourrait être confrontée à d'importants difficultés financières et opérationnelles. Les experts en santé préviennent également que cela pourrait entraîner des répercussions sur les programmes de santé mondiaux, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire qui dépendent du soutien de l'OMS.
©Génération Sans TabacAE
[1] Communiqué, Trump Administration Should Reverse Decision to Withdraw from World Health Organization, CTFK, publié le 21 janvier 2025, consulté le 23 janvier 2025
[2] Brenda Goodman, Trump administration directs federal health agencies to pause communications, CNN, publié le 21 janvier 2025, consulté le 23 janvier 2025
[3] Communiqué, Réaction de l’OMS face à l’annonce faite par les États-Unis de leur intention de se retirer de l’Organisation, OMS, publié le 21 janvier 2025, consulté le 23 janvier 2025
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