La Convention-cadre de l’OMS : un rempart face aux stratégies de l’industrie du tabac
4 décembre 2024
Par: Comité national contre le tabagisme
Dernière mise à jour : 2 décembre 2024
Temps de lecture : 3 minutes
![La Convention-cadre de l’OMS : un rempart face aux stratégies de l’industrie du tabac](https://www.generationsanstabac.org/wp-content/uploads/2024/07/cclat-convention-cadre-lutte-anti-tabac.jpg)
Adoptée en 2005, la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac constitue l’un des principaux outils internationaux visant à protéger la santé publique contre les ravages du tabagisme. Ce traité, ratifié par plus de 180 pays, a intégré dans ses obligations générales, celle de protéger les politiques publiques de l’interférence de l’industrie du tabac. Des directives d’application complémentaires fondées sur des principes clairs et des mesures concrètes ont également été adoptées par les Parties à ce traité afin de limiter cette interférence dans les politiques publiques.
Une vision claire des enjeux
La Convention-cadre repose sur un constat fondamental : Il existe un conflit fondamental et inconciliable entre les intérêts commerciaux de l’industrie du tabac et la protection de la santé publique. Ce principe est rappelé dans les directives d’application de l’article 5.3 du traité, qui impose aux États signataires de préserver leurs politiques de lutte antitabac de toute ingérence de l’industrie du tabac. Parmi les recommandations adoptées figurent le rejet de tout partenariat avec cette industrie, la prévention des conflits d’intérêts, l’absence de tout traitement préférentiel mais aussi la limitation des interactions à ce qui est strictement nécessaire. La transparence des interactions avec les décideurs publics s’inscrit également dans cette perspective.
Cette approche vise à contrer une industrie qui, selon l’OMS, promeut un produit responsable de millions de décès chaque année, d’une dépendance majeure et de problèmes socio-économiques tels que la paupérisation des ménages.
Une industrie en quête de reconquête
Pour contourner ces restrictions, l’industrie du tabac développe des stratégies sophistiquées. Parmi elles, l’instrumentalisation de la notion de « réduction des risques » à travers la commercialisation de nouveaux produits tels que le tabac chauffé, les cigarettes électroniques et les sachets de nicotine. Ces initiatives, souvent présentées comme des solutions pour réduire les méfaits du tabagisme, sont dénoncées par des experts comme une tentative de détourner l’attention des mesures réellement efficaces pour réduire la consommation de tabac[1].
Le tabac à l'écran : une publicité déguisée ?
La lutte contre les stratégies de l’industrie du tabac dépasse le cadre des lois et des réglementations stricto sensu. Elle s’étend à des formes d’influence plus indirectes comme la présence du tabac dans les productions culturelles. Bien que la publicité pour le tabac soit interdite en France depuis la loi Évin, la surreprésentation du tabagisme dans les films à travers des placements comportementaux demeure un enjeu de santé publique. Selon une enquête de la Ligue contre le cancer, le tabac était visible dans 90 % des films analysés entre 2021 et 2024, pour une durée moyenne de 2,6 minutes par film. Ces scènes, souvent associées à des qualités valorisantes comme la confiance en soi ou l’indépendance, influencent particulièrement les jeunes.
Les données sont alarmantes : les jeunes de 10 à 14 ans exposés au tabac à l'écran ont un risque 2,6 fois plus élevé de commencer à fumer. En 2014, une étude attribuait 37 % des initiations au tabagisme à la représentation du tabac dans les films. Face à ces constats, les experts appellent à renforcer les réglementations, notamment en encadrant davantage la représentation du tabac sur les écrans.
©Génération Sans TabacRK
[1] https://www.lequotidiendumedecin.fr/specialites/addictologie/loms-face-lindustrie-du-tabac (consulté le 28/11/2024)
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