Interdictions de fumer : un jalon vers une génération sans tabac en France

3 juillet 2025

Par: Comité national contre le tabagisme

Dernière mise à jour : 2 juillet 2025

Temps de lecture : 5 minutes

Interdictions de fumer : un jalon vers une génération sans tabac en France

Entrée en vigueur en juillet 2025, l’interdiction de fumer dans les parcs, plages, abords des bibliothèques, abris de transport en commun et aux abords des établissements scolaires constitue une avancée notable dans la politique de dénormalisation du tabac en France. Les associations de lutte contre le tabagisme à l’instar du Comité national contre le tabagisme (CNCT) et l’ACT-Alliance contre le tabac saluent cette mesure mais appellent à une vigilance sur son effectivité et à l’élargissement d’autres lieux.

Des leviers structurants de prévention et de dénormalisation

Un décret est venu renforcer le cadre réglementaire de la lutte contre le tabagisme en France. Il interdit désormais la consommation de tabac dans plusieurs espaces publics extérieurs : parcs, jardins publics, plages, , abords des bibliothèques, abords et à l’intérieur des enceintes sportives, abris de transport collectif (abribus, quais de tram ou de bus), ainsi qu’à moins de dix mètres des entrées des établissements scolaires, collèges et lycées.

Cette mesure s’inscrit dans l’objectif de long terme poursuivi par les autorités sanitaires : réduire l’exposition de la population — en particulier des jeunes — à la consommation de tabac dans l’espace public, en cohérence avec la stratégie nationale de lutte contre le tabagisme. En interdisant de fumer dans les lieux de vie collective et dans un rayon clairement défini autour des établissements scolaires et lieux fréquentés par les jeunes, ce décret vise à les protéger des effets délétères du tabagisme mais également à affaiblir la visibilité sociale du tabagisme et à prévenir son acceptabilité, en particulier auprès des enfants et des adolescents.

Au-delà de sa portée préventive et sanitaire, cette interdiction répond également à des préoccupations environnementales, en limitant la pollution générée par les mégots dans des zones naturelles ou densément fréquentées. Elle constitue ainsi un levier structurant et transversal, au croisement des enjeux de santé publique, de protection des plus jeunes et de préservation des espaces publics.

En complément, le décret renforce également le cadre de protection des mineurs en reclassant l’infraction de vente de tabac et de vapotage à un mineur en contravention de 5e classe, punie d’une amende pouvant atteindre 1 500 euros, contre 450 euros auparavant.

Des exceptions qui fragilisent la cohérence de la mesure

Malgré les avancées permises par ce décret, l’exclusion des terrasses de cafés et restaurants constitue un point de fragilité majeur selon le CNCT et l’ACT[1]. Ces espaces, souvent très fréquentés par les familles, les jeunes et les enfants, restent des lieux d’exposition directe à la fumée de tabac. Leur maintien hors du champ de l’interdiction envoie un message contradictoire, alors même que l’objectif affiché est de dénormaliser la consommation dans l’espace public.

De même, les produits de vapotage ne sont pas concernés par le décret, bien qu’ils soient de plus en plus présents et consommés par les jeunes. Leur usage visible dans les lieux publics contribue à entretenir une culture de la dépendance nicotinique. Le CNCT appelle donc les maires à inclure les produits du vapotage dans le champ de l’interdit comme le leur permet leurs pouvoirs, à l’échelle de leur commune.

Des modalités d’application encore à structurer

Si le décret marque une avancée significative selon les associations, son efficacité dépendra étroitement de sa mise en œuvre concrète sur le terrain. L’application homogène des nouvelles interdictions, qu’il s’agisse des espaces sans tabac ou des mesures renforcées contre la vente aux mineurs, nécessite une mobilisation coordonnée des acteurs publics à tous les niveaux.

Concernant les espaces sans tabac, l’effectivité repose sur plusieurs conditions : une signalétique claire et visible dans les lieux concernés, le rappel des enjeux de la mesure facilitant son appropriation par les administrés, la formation des agents compétents en matière de contrôle et des consignes claires de la part des maires à ce sujet. Sans ces prérequis, le risque est grand de voir la mesure appliquée de manière inégale, voire symbolique, d’une commune à l’autre.

S’agissant de la vente de tabac aux mineurs, la requalification de l’infraction en contravention de 5e classe constitue un pas dans la bonne direction. Néanmoins, le CNCT estime que cette sanction ne sera efficace qu’à la condition d’être couplée de sanctions disciplinaires dissuasives, en particulier la suspension temporaire ou définitive de la licence en cas de condamnations. L’association souligne aussi l’importance de renforcer les contrôles, notamment dans les zones à forte densité de jeunes et de communiquer sur ces contrôles, condamnations et suites qui y sont données[2].

©Génération Sans Tabac

AE


[1] La cigarette désormais bannie à la plage, au parc, devant un lycée… mais pas en terrasse, La Croix,  publié le 28 juin 2025, consulté le 1er juillet 2025

[2] Communiqué, Le CNCT salue les nouvelles interdictions de fumer et appelle à veiller à son effectivité, CNCT, publié le 1er juillet 2025, consulté le jour même

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