Freins et moteurs de la pérennité des programmes antitabac aux Etats-Unis
12 février 2024
Par: Comité national contre le tabagisme
Dernière mise à jour : 12 février 2024
Temps de lecture : 4 minutes
Une étude a identifié les obstacles et les facteurs favorables à la pérennité des programmes de lutte contre le tabagisme. Les incertitudes budgétaires, le manque de personnel et l’implication variable des partenaires sont pointés comme les principaux freins de ces programmes. Le contexte de la pandémie de Covid-19 a également souligné la fragilité des priorités de santé. La planification, l’évaluation et l’adaptation des programmes permettent au contraire d’améliorer leur durabilité.
Les programmes de lutte contre le tabagisme ont le plus souvent besoin d’être prolongés sur plusieurs années avant de porter leurs fruits. La reconduite de ces programmes est, en ce sens, une condition indispensable de leur efficacité.
Afin d’évaluer les facteurs pouvant favoriser ou freiner la durabilité des programmes antitabac, des chercheurs de l’université Washington de St-Louis (Missouri) ont conduit une étude qualitative pour les Centers for Disease Control and Prevention (CDC)[1]. Les acteurs locaux des programmes antitabac (PACT, Plans, Actions and Capacity to Sustain Tobacco Control) déployés dans différents états du pays avaient bénéficié d’une formation et d’une assistance technique. L’étude s’appuie sur l’analyse des entretiens entre ces acteurs locaux et les correspondants leur délivrant cette assistance technique. Les onze programmes antitabac évalués ont été déployés au niveau des états entre 2018 et 2022.
L’incertitude politique et financière, principal frein des programmes antitabac
Un faible niveau d’adhésion politique et les incertitudes législatives, avec leurs conséquences financières directes, sont perçus comme les principaux freins à la pérennité des programmes antitabac. Le manque de personnel, la rotation des effectifs et les difficultés de recrutement découlent des ressources insuffisantes consacrées à ces programmes. La période de pandémie de Covid-19 a par ailleurs induit un déplacement des priorités des politiques de santé et a nettement retardé le déploiement des programmes antitabac, alors que le tabagisme reste une question de santé majeure. La variabilité du niveau d’engagement des partenaires nuit également à la stabilité des programmes antitabac.
A l’inverse, la planification stratégique, l’évaluation des programmes et leur adaptation aux contextes locaux comptent parmi les facteurs facilitant leur continuité. Bénéficier d’une assistance technique et participer à des ateliers préparatoires favorisent notamment la conception d’une planification efficace. L’implication soutenue des partenaires contribue nettement au succès de ces programmes. Elle dépend de la qualité des relations établies et de la réciprocité des échanges avec ces partenaires. Pour les partenaires comme pour le public, la consistance, la transparence et la fréquence de ces programmes sont des éléments de communication essentiels pour susciter une meilleure adhésion.
Le rôle d’un engagement politique continu
Bien que non représentative, cette étude permet d’éclairer les pratiques. Les freins et moteurs mis à jour par les auteurs ne sont pas entièrement nouveaux, mais sont ici clairement identifiés sur le plan de la durabilité des programmes. Ils confirment que, comme pour d’autres questions de santé publique, la lutte contre le tabagisme est fortement dépendante de la volonté politique qui la porte et qui détermine les moyens financiers et humains qui lui sont consacrés. L’étude souligne enfin que le travail en réseau et la mise à disposition d’une assistance technique participent aussi au succès des programmes antitabac.
Mots-clés : programmes antitabac, pérennité, évaluation, assistance technique
MF
[1] Han K, Gannon J, Moreland-Russell S. Barriers and Facilitators to Program Sustainability Among State Tobacco Control Programs. Prev Chronic Dis 2024;21:230211. DOI: http://dx.doi.org/10.5888/pcd21.230211