France : le gouvernement veut interdire les sachets de nicotine
30 octobre 2024
Par: Comité national contre le tabagisme
Dernière mise à jour : 30 octobre 2024
Temps de lecture : 4 minutes
Dans une interview donnée au Parisien[1] le 29 octobre, la ministre de la santé Geneviève Darrieussecq a annoncé l’interdiction prochaine des sachets de nicotine, très populaires auprès des jeunes. Les produits similaires comme les perles de nicotine seront aussi concernés par l’interdiction. La ministre a déclaré qu’il s’agit de produits dangereux et toxiques car ils contiennent de fortes doses de nicotine.
Ces sachets en tissu perméable ne contiennent pas de tabac mais des fibres de polymères imprégnées de nicotine et d’arômes. Ils sont à glisser entre la lèvre et la gencive pour une diffusion de la substance à travers la muqueuse bucco-gingivale. Ces sachets délivrent une dose très importante de nicotine : jusqu’à 50 mg selon certaines marques. La ministre a précisé qu’un texte d’interdiction sera publié dans les prochaines semaines.
Des produits dangereux dont le marketing est orienté à l’encontre des jeunes
La ministre a justifié l’interdiction à venir dans un souci de protection de la jeunesse. Ces produits, contenant de très forts taux de nicotine, s’adressent directement aux jeunes à travers un marketing ciblé. Elle se dit « préoccupée car les centres antipoisons reçoivent de plus en plus d’appels d’adolescents pour des syndromes nicotiniques aigus parfois sévères, en lien avec la consommation des pouches. Ils se traduisent par des vomissements, des convulsions, des hypotensions voire des troubles de la conscience »
En novembre 2023, l’ANSES avait émis une alerte sur les intoxications signalées, dues à des sachets de nicotine. L’agence demandait un meilleur encadrement de ces produits et rappelle qu’ils n’entrent dans aucune réglementation spécifique au sein des pays de l’Union européenne.
Les observatoires menés par le Comité national contre le tabagisme (CNCT) sur les lieux de vente et en ligne avaient montré une publicité massive pour ces produits depuis leur arrivée sur le marché français en 2022. En 2023, sur 360 visites réalisées par l’association dans 185 lieux de vente différents : 60% des débits vendaient ces produits et 55% en faisaient la publicité. Sur les réseaux sociaux : 239 publicités pour les sachets de nicotine ont été relevées sur le seul réseau Instagram. Les principaux arguments de vente sont la possibilité de consommer ces produits où il est interdit de fumer/vapoter et la disponibilité des arômes. Le CNCT avait également pointé qu’aucune vérification rigoureuse de l’âge n’était effectuée sur les sites internet vendant les sachets de nicotine.
Des produits illégalement en vente
Depuis l’arrivée des sachets de nicotine en France en 2022, le CNCT a alerté à plusieurs reprises les pouvoirs publics et rappelé le caractère illicite de ces produits en demandant leur interdiction de vente. L’association rappelle que ces produits sont classés dans la catégorie des poisons, substances vénéneuses et toxiques. Ils n’appartiennent pas à la catégorie des exceptions concernant les produits à la nicotine autorisés pour le traitement du sevrage tabagique des fumeurs et ne disposent pas d’une autorisation de mise sur le marché. En mai dernier, le CNCT avait par ailleurs déposé une plainte auprès du Procureur de la République pour trafic de substances vénéneuses classées en liste I face à la vente illégale de ces sachets[2].
British American Tobacco (BAT) est le principal fabricant vendant ces produits (de la marque VELO) en France mais des dizaines d’autres marques fabriquées à l’étranger sont disponibles en ligne.
La France serait le troisième pays de l’UE à interdire la commercialisation des sachets après la Belgique et les Pays-Bas.
AE
[1] Véronique Hunsinger , « C’est de notre devoir de les interdire » : les pouches, ces sachets de nicotine qui inquiètent la ministre, Le Parisien, publié le 29 octobre 2024, consulté le 30 octobre 2024
[2] Communiqué de presse, Le CNCT demande l’interdiction des sachets de nicotine, vendus illégalement en France et dépose une plainte, publié le 29 mai 2024, consulté le 30 octobre 2024
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