Etude : le marketing de l’industrie sur les teneurs en goudron

20 juillet 2021

Par: Comité national contre le tabagisme

Dernière mise à jour : 20 juillet 2021

Temps de lecture : 3 minutes

Etude : le marketing de l’industrie sur les teneurs en goudron

Une enquête menée en Corée du Sud en 2018 montre que les fabricants de tabac continuent de déployer un marketing spécifique sur les produits du tabac ayant de plus faibles teneurs en goudron, induisant le consommateur en erreur sur les risques sanitaires réels encourus[1].

Les auteurs de l’enquête ont analysé 178 paquets de cigarettes achetés dans les villes de Séoul et de Busan. Chacun de ces paquets a été codé en fonction de sa teneur en goudron, pouvant aller de 0,1 à 8 milligrammes. Les cigarettes ont été classées comme « ultra-faibles » si elles contenaient moins d’un milligramme de goudron, comme « faibles », avec une teneur comprise entre 1 mg et 3 mg, comme « moyennes » entre 3 mg et 6 mg, et comme « hautes » avec plus de 6 milligrammes de goudron. Chaque paquet de cigarettse a ensuite été codé en fonction de la présence d’informations spécifiques relatives au goudron dans le tabac.

Un marketing spécifique sur le goudron

Les résultats de l’étude montrent que les fabricants de tabac développent un marketing spécifique autour des paquets de cigarettes contenant des niveaux « ultra-faibles » et « faibles » en goudron. Ainsi, 80% des paquets contenant moins de 3 milligrammes comportaient un marketing supplémentaire indiquant la teneur en goudron, contre seulement 47% pour les paquets de cigarettes contenant des niveaux au moins moyens de goudron. De la même manière, les couleurs utilisées sur les paquets avaient tendance à varier selon les niveaux de goudrons présents. En effet, les auteurs de l’étude ont noté une utilisation plus fréquente de couleurs claires pour les produits à faible teneur, et de plus en plus foncée pour ceux contenant de plus forts niveaux de goudron.

Induire le consommateur en erreur

Pour les chercheurs, les pratiques des fabricants de communiquer de manière prononcée sur la plus faible teneur de certains produits du tabac peut induire le fumeur en erreur sur le risque réel de sa consommation tabagique. Ce marketing vise en effet à laisser entendre que certaines cigarettes seraient moins nocives que d’autres, pouvant potentiellement encourager les fumeurs à se tourner vers ces produits plutôt que de s’orienter vers un sevrage tabagique. Pour cette raison, les auteurs de l’étude soulignent l’importance pour les pouvoirs publics coréens d’interdire toute mention relative à la teneur en goudron sur les paquets de tabac.

Une stratégie récurrente de l’industrie du tabac

Cette stratégie d’instrumentalisation de la notion de « réduction des risques », est une pratique récurrente de l’industrie du tabac. Dans les pays occidentaux où la forte réglementation a permis d’infléchir la courbe de consommation tabagique, comme en Europe ou en France, ce même discours sur la réduction des risques est recyclé par l’industrie du tabac pour faire la promotion du tabac chauffé. Pourtant, à ce jour, aucune étude scientifique indépendante n’est parvenue à démontrer la moindre nocivité de la consommation de ces nouveaux produits en comparaison des cigarettes manufacturées.

Mots clés : Goudron, Corée, Etude, Marketing

©Génération Sans Tabac

[1] Iacobelli M, Cho J, Welding K, Smith K, Cohen JE. Machine-assessed tar yield marketing on cigarette packages from two cities in South Korea. Tobacco Induced Diseases. 2021;19(July):54. doi:10.18332/tid/136421.

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