Étude : la confiance du grand public dans le discours scientifique de l’industrie du tabac

28 avril 2024

Par: Comité national contre le tabagisme

Dernière mise à jour : 28 avril 2024

Temps de lecture : 4 minutes

Étude : la confiance du grand public dans le discours scientifique de l’industrie du tabac

Une étude d’opinion réalisée au Royaume-Uni s’intéresse au degré de confiance du grand public envers l’implication de l’industrie du tabac dans la science. Les résultats montrent que les répondants ne se méfient pas entièrement de l’industrie du tabac, malgré son implication avérée dans la désinformation scientifique. Pour les chercheurs, ces données devraient encourager à mieux informer sur le rôle préjudiciable de l’industrie du tabac pour la science.

Les chercheurs ont interrogé un échantillon représentatif de 1337 personnes habitant au Royaume-Uni et âgés d’au moins 18 ans. L’ensemble de ces personnes a été amené à indiquer son degré de confiance envers trois organismes : le fabricant Philip Morris International, la Fondation pour un monde sans fumée (officiellement présentée comme indépendante mais intégralement financée par l’industrie du tabac), et la Cancer Research UK (totalement indépendante de l’industrie du tabac).

Quatre critères pour évaluer la confiance envers l’industrie du tabac en matière scientifique

Les chercheurs ont tout d’abord interrogé le grand public sur la confiance de ces trois acteurs dans la science, selon quatre critères : sur leur compétence, leur bienveillance, le degré de confiance dans les résultats scientifiques de ces acteurs et enfin sur la capacité des acteurs à utiliser les résultats des recherches dans le sens de l’intérêt général. Chacun des répondants a été amené à donner une note de 1 à 7 pour chacun de ces critères, 7 étant la donne la plus positive. Une note globale a été attribuée à chacun des acteurs, faisant la moyenne de l’ensemble des notes obtenues sur les quatre critères. Pour la Fondation pour un monde sans fumée, les répondants ont été amenés à voter à deux reprises : avant et après avoir été informés que l’organisme est financé par l’industrie du tabac.

Un niveau de défiance limité pour l’industrie du tabac

Les répondants ont donné à la Research UK la note de confiance générale la plus élevée (5,79). Avant de connaître les liens entre la Fondation pour un monde sans fumée et l’industrie du tabac, les répondants ont attribué à l’organisme une note générale de 5,04, et de 4,77 après avoir été informés de ce conflit d’intérêt. La prise de connaissance de ce lien de financement s’est toutefois traduite par une légère augmentation de la confiance des répondants dans la compétence de l’organisme. Pour les trois autres critères, la confiance des répondants recule assez nettement, en particulier sur la question de la capacité des acteurs à utiliser les résultats des recherches d’une manière profitable pour l’intérêt général. Bien que le fabricant Philip Morris obtienne la note globale de confiance la plus basse, celle-ci reste relativement élevée (4,66), avec aucun critère noté en dessous de 4,5 sur 7, malgré l’implication historique et actuelle de l’industrie du tabac dans la désinformation scientifique.

Une confiance corrélée à l’opinion politique des répondants

Les chercheurs ont également cherché à voir si les résultats des répondants variaient selon leurs opinions politiques. En l’espèce, les données montrent que les opinions conservatrices étaient significativement corrélées à la confiance dans l’implication de Philip Morris dans la science. De la même manière, bien que les opinions politiques ne soient pas corrélées à la confiance dans la Fondation pour un monde sans fumée avant de connaître les liens d’intérêt de l’organisme avec l’industrie du tabac, ces opinions sont corrélées avec le changement dans la confiance envers la Fondation, une fois le conflit d’intérêt révélé aux répondants. Autrement dit, plus un répondant partage des opinions conservatrices, moins sa confiance envers la Fondation diminue lorsqu’il apprend que l’organisme est financé par les cigarettiers.

Mots-clés : Massachussetts, génération sans tabac, interdiction, jeunes, Boston, Etats-Unis

©Génération Sans Tabac

FT


[1] Legg T, Bero L and Lewandowsky S (2024), The UK public’s trust in tobacco industry involvement in science – an experimental survey. Front. Commun. 9:1360277. doi: 10.3389/fcomm.2024.1360277

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