Etats-Unis : Les jeunes LGBT+ fument et vapotent davantage que leurs pairs
16 juillet 2024
Par: Comité national contre le tabagisme
Dernière mise à jour : 6 août 2024
Temps de lecture : 5 minutes
![Etats-Unis : Les jeunes LGBT+ fument et vapotent davantage que leurs pairs](https://www.generationsanstabac.org/wp-content/uploads/2024/07/AdobeStock_482659214-scaled-1.jpeg)
Une nouvelle étude[1] de l’organisme Truth Initiative révèle qu'une proportion plus élevée d’adolescents et jeunes adultes lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres ont consommé du tabac et des produits du vapotage 2021 aux Etats-Unis par rapport à leurs pairs non LGBT+, ce qui montre que les disparités en matière de tabagisme chez les jeunes LGBT+ persistent et se sont étendues aux produits du vapotage.
Les chercheurs de Truth Initiative ont analysé les données d’enquêtes portant sur un échantillon de 6 122 jeunes âgés de 15 à 31 ans interrogés entre juillet 2021 et octobre 2021 dans le cadre d’une étude de cohorte longitudinale. Les jeunes ont été interrogés sur leur orientation sexuelle, leur identité de genre et leur consommation de cigarettes et de produits du vapotage.
Une consommation de tabac et de produits du vapotage supérieure dans la communauté LGBT+
L’étude a révélé que les jeunes qui s'identifient comme LGBT+ déclarent plus fréquemment avoir déjà fumé des cigarettes de tabac (34 % contre 26 %) et en consommer au cours de l’enquête (8 % contre 6 %) que leurs pairs non LGBT+. Pour le vapotage, près de la moitié d’entre eux (49%) a déjà consommé des produits du vapotage, contre 39% des jeunes ne s’identifiant pas comme LGBT. La consommation régulière de cigarettes électroniques est aussi plus élevée (18 % contre 13 %).
Les résultats ont aussi montré d’importantes disparités de consommation au sein de la communauté. Les jeunes s’identifiant comme bisexuels sont ainsi les plus nombreux à avoir déclaré déjà consommé des cigarettes de tabac : 41 % contre 33% des gays/lesbiennes et 26 % des jeunes se déclarant hétérosexuels. De même en ce qui concerne la proportion de ceux consommant des produits au moment de l’étude, elle est respectivement de 10 % pour les jeunes s’identifiant bisexuels, contre 7% des gays/lesbiennes et 6% des hétérosexuels. Pour ce qui a trait à la consommation de produits du vapotage, on retrouve également des écarts : 57 % contre 48% des gays/lesbiennes et 39 % des hétérosexuels. L’utilisation d'e-cigarettes au moment de l’étude était de 22 % parmi les jeunes s’identifiant comme bi-sexuels, contre 20% parmi les gays/lesbiennes et 13 % chez les hétérosexuels.
Les habitudes de consommation de tabac et de vapotage sont similaires chez les jeunes qui ne s'identifient pas comme cisgenres, y compris les jeunes transgenres et non binaires. Par exemple, les jeunes non binaires sont les plus nombreux à avoir déjà consommé des cigarettes de tabac (36 % contre 27 %) et des e-cigarettes (54 % contre 40 %). Près de deux fois plus de jeunes non binaires consomment actuellement des cigarettes de tabac (11 % contre 6 %) et des e-cigarettes (17 % contre 14 %) par rapport à leurs pairs cisgenres.
Les personnes transgenres se déclarent également plus fréquemment consommatrices de cigarettes de tabac (30 % contre 27 %) et d'e-cigarettes (43 % contre 40 %) par rapport à leurs pairs cisgenres.
La communauté LGBT+ reste une cible privilégiée de l’industrie du tabac
L'industrie du tabac a passé des décennies à cibler directement les personnes LGBT+, contribuant ainsi à une prévalence élevée du tabagisme dans cette population. Plus récemment, les fabricants de tabac ont exploité les médias sociaux pour faire de la publicité pour les e-cigarettes, et les personnes LGBT+ déclarent être beaucoup plus exposées aux contenus liés au tabac et au vapotage sur les médias sociaux que leurs homologues non LGBT+.
![lgbt+-tabac-vapotage](https://www.generationsanstabac.org/wp-content/uploads/2024/07/lgbt-tabac-vapotage.jpg)
Figure 1 - Source Truth Initiative
En 2000, des documents confidentiels du fabricant de tabac R.J. Reynolds ont fuité et ont révélé la stratégie marketing intitulée « Project SCUM » (Sub-Culture Urban Marketing – marketing des sous-cultures urbaines). Cette dernière, très controversée, avait pour objectif d’accroître les ventes de cigarettes en ciblant les hommes gays et les sans-abris avec des publicités et des présentoirs placés stratégiquement dans les centres d’accueil communautaires et les magasins spécialisés.
La nécessité de campagnes de prévention ciblées
Outre le marketing ciblé des fabricants de tabac, les auteurs pointent le stress accru lié à la stigmatisation, à la privation des droits sociaux et à la discrimination comme facteurs de consommation de tabac et de produits de vapotage au sein de cette communauté. Selon eux, la prévalence élevée et persistante du tabagisme et de la consommation de produits du vapotage au sein de cette population souligne le besoin crucial d'efforts de prévention et d'intervention spécifiquement destinés aux jeunes LGBT+. Ce ciblage devrait concerner aussi bien la prévention primaire que l’aide à l’arrêt du tabagisme et du vapotage. Les auteurs appellent également à une recherche plus nuancée sur le tabagisme/consommation de nicotine en fonction de l'orientation sexuelle et de l'identité de genre. Par exemple, de nombreuses enquêtes nationales de surveillance des jeunes n'offrent pas la possibilité de s'identifier comme non binaire, une population qui peut représenter au moins la moitié des jeunes non cisgenres et qui fait état d'une forte prévalence du tabagisme/vapotage.
©Génération Sans TabacAE
[1] Rapport, LGBT+ young people smoke and vape at a higher prevalence than non-LGBT+ peers, Truth Initiative, publié le 3 juillet 2024, consulté le 12 juillet 2024
Comité national contre le tabagisme |