En France, le tabagisme repart légèrement à la baisse

20 novembre 2024

Par: Comité national contre le tabagisme

Dernière mise à jour : 20 novembre 2024

Temps de lecture : 5 minutes

En France, le tabagisme repart légèrement à la baisse

Avec 23,1% de fumeurs quotidiens en 2023, la France obtient sa plus faible prévalence tabagique jamais enregistrée. Ces résultats apparaissent en cohérence avec la diminution des volumes de vente de tabac et la hausse de la vente des produits de substitution nicotinique. Toutefois, les niveaux de consommation demeurent élevés, y compris en comparaison des autres pays européens, et particulièrement chez les personnes en situation de précarité.

L’enquête a été menée par téléphone entre le mois de mars et juillet 2023 auprès de 15 000 personnes âgées de 18 à 75 ans[1].

Le tabagisme en recul après plusieurs années de statu quo

La prévalence tabagique des 18-75 ans s’établit à 31,1% pour 2023, dont 23,1% de tabagisme quotidien, soit les plus bas niveaux de consommation quotidienne enregistrés par l’indicateur depuis sa mise en place, et un recul de plus de deux points depuis 2021. Toutefois, l’arrêt des politiques fiscales et la période de pandémie de Covid-19 s’étaient traduits par une reprise de la consommation. De fait, la prévalence tabagique a reculé de moins d’un point depuis 2019.  L’indicateur note par ailleurs des disparités de genre, puisque la prévalence du tabagisme quotidien des hommes s’établit à 25,4%, contre 20,9% pour les femmes. Selon Santé publique France, cette baisse de la consommation quotidienne est cohérente avec la diminution des volumes de vente de tabac en France, enregistrée entre 2021 et 2023, ainsi qu’avec l’augmentation des ventes de traitements d’aide au sevrage.

Le tabagisme demeure un marqueur social en France

Même si la baisse du tabagisme quotidien concerne toutes les catégories sociales, les résultats de l’enquête soulignent la persistance des inégalités sociales face au tabagisme. Chez les personnes sans diplôme ou titulaire d’un diplôme inférieur au baccalauréat, la prévalence du tabagisme quotidien est de 28,9%, soit 12 points de plus que parmi les diplômés de l’enseignement supérieur. De la même manière, les personnes ayant un faible revenu sont davantage susceptibles de fumer quotidiennement (23,9%) que celles déclarant un haut niveau de revenus (17,3%). Enfin, chez les 18-64 ans, les personnes sans emploi sont particulièrement affectées par le tabagisme (35,8%), soit bien davantage que les actifs occupés (25,2%) ou les étudiants (17,2%).

Le vapotage en augmentation constante depuis 2016

Selon l’enquête, les niveaux de consommation de cigarettes électroniques sont en augmentation constante depuis 2016, et s’établissent à 8,3% en prévalence quotidienne. Les résultats notent par ailleurs que plus de quatre Français sur dix ont déclaré avoir consommé ce produit au moins une fois dans leur vie. Bien que de nombreux acteurs économiques du vapotage avancent l’argument d’un transfert de consommation des produits du tabac vers les cigarettes électroniques, l’enquête de Santé publique France ne fournit pas de données sur la consommation conjointe de tabac de ces deux produits, appelée vapofumage. Les données disponibles en la matière indiquent toutefois que plus d’un Français sur deux consommateurs de cigarettes électroniques est par ailleurs fumeur de produits du tabac.

Un effet différé des politiques de santé publique

En revanche, ces résultats pourraient en partie s’expliquer par un effet différé des politiques publiques mises en place jusque 2020. En effet, les données de Santé publique France, centrées sur les 18-75 ans, éludent la consommation tabagique des plus jeunes. Or, celle-ci a drastiquement diminué sous l’effet conjoint de différentes mesures, comme la mise en place d’une trajectoire fiscale ou l’instauration du paquet neutre. En effet, entre 2017 et 2022, la prévalence du tabagisme quotidien chez les jeunes de 17 ans a reculé de près de 10 points, pour atteindre 15,6%, soit le plus bas niveau de consommation jamais enregistré auprès de cette population. De fait, par effet de cohorte, le net recul de la consommation de tabac chez les adolescents se traduit plusieurs années après par une diminution de la consommation tabagique chez les 18-75 ans.

Une prévalence encore trop haute

Malgré une légère baisse de la consommation, la situation française demeure particulièrement mauvaise, en comparaison des autres pays européens, en particulier en raison de l’absence de politique cohérente de lutte contre le tabagisme. Au Royaume-Uni, les pouvoirs publics envisagent d’interdire la vente de produits du tabac et de nicotine à toute personne née à partir de 2009. Autrement dit, le Royaume-Uni est le premier pays du monde à s’engager dans une interdiction progressive du tabac. En parallèle, le pays poursuit une politique fiscale ambitieuse sur les produits du tabac, avec un paquet de cigarettes vendu environ 18 euros.

©Génération Sans Tabac

FT


[1] Santé publique France & OFDT, Prévalence du tabagisme en France hexagonale en 2023 parmi les 18-75 ans, 19/11/2023, (consulté le jour même)

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