Des lobbyistes liés à l’industrie du tabac financent des campagnes sur Facebook en faveur du vapotage

26 juin 2023

Par: Comité national contre le tabagisme

Dernière mise à jour : 26 juin 2023

Temps de lecture : 6 minutes

Des lobbyistes liés à l’industrie du tabac financent des campagnes sur Facebook en faveur du vapotage

Au Royaume-Uni, des groupes de pression diffusent des messages sur le réseau social Facebook en faveur des cigarettes électroniques en prétendant qu'il s'agit de campagnes initiées par des organismes indépendants. Ces groupes invitent les consommateurs de produits de vapotage à « défendre leurs droits » en s'opposant aux nouvelles réglementations sur le vapotage envisagées dans le pays[1].

Les campagnes - diffusées auprès de millions d'utilisateurs de Facebook et de Twitter au cours des dernières semaines - portent des noms tels que #BackVapingSaveLives et Save My Vape, et sont conçues pour donner l'impression qu'elles sont coordonnées par des associations ou des instances publiques indépendantes. En réalité, elles sont gérées et promues par des groupes de réflexion et des lobbyistes proches de l’industrie du tabac qui s'opposent à une réglementation plus stricte et veulent influencer la politique du gouvernement britannique.

Des groupes de façades relayant les messages de l’industrie du tabac

Les campagnes sur les médias sociaux incluent un mouvement populaire appelé We Vape UK, qui déclare être dirigé par une organisation indépendante « pour les vapoteurs et par les vapoteurs », mais qui a été créé par un membre de l'Adam Smith Institute. L'Adam Smith Institute, qui a récemment été classé parmi les groupes de réflexion les moins transparents du Royaume-Uni, a déjà confirmé avoir reçu des dons de la part de fabricants de tabac, déclarant en 2013 que cela représentait environ 3 % de ses revenus.

Les messages de la campagne #BackVapingSaveLives de We Vape UK glorifient le vapotage. Ils comprennent une vidéo d'une jeune femme qui vapote lors d'une soirée, des messages faisant la promotion de vapes aromatisées et jetables, ainsi que des photos de célébrités utilisant des cigarettes électroniques.

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D'autres messages encouragent les consommateurs à remplir un formulaire qui permet d'envoyer une lettre à leur député local. Cette lettre déjà rédigée est signée du nom de la personne et demande au député de « prendre la défense des milliers de personnes qui vapotent dans la circonscription » en s'opposant aux politiques visant à réglementer le vapotage.

Les faux mouvements populaires - connus sous le nom d’astroturfing - ont été décrits par les défenseurs de la transparence et les experts en santé comme un moyen détourné d'influencer l'opinion et un effort délibéré pour saboter les politiques de santé publique.

Des campagnes Facebook qui s’opposent à l'Organisation mondiale de la santé (OMS)

Deux autres campagnes - Say No To WHO et Save My Vape - sont liées à Global Britain Ltd, un groupe de pression s’opposant à l’Union européenne dirigé par Brian Monteith, consultant en relations publiques et ancien politicien du parti du Brexit, décrit par l'unité de recherche TobaccoTactics de l'université de Bath comme un « vétéran des campagnes contre la lutte antitabac ». Rien qu'au cours des trois derniers mois, Say No To WHO a payé 12 publicités sur Facebook qui ont été diffusées auprès d'environ 2,4 millions de personnes au Royaume-Uni.

Ces publicités attaquent l'OMS, qui s'est prononcée sur les risques sanitaires des cigarettes électroniques, et l'accusent d'essayer d'interférer dans la politique britannique, la dépeignant comme une organisation « louche » contrôlée par des forces mondiales néfastes.

L'OMS a qualifié ces messages de désinformation. Le Dr Vinayak Prasad, chef de son unité sans tabac, a déclaré que les recommandations de l'OMS concernant le tabac et les produits du vapotage étaient fondées sur les meilleures données scientifiques disponibles, et qu’elles montraient que ces produits étaient nocifs pour la santé. Pour lui, l'industrie du tabac commercialise ces produits de la même manière qu'elle a commercialisé les produits du tabac traditionnels il y a plusieurs décennies, en trompant le public sur les risques associés et en ciblant directement les enfants et adolescents.

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Ces campagnes ont débuté en 2021, mais elles ont multiplié les messages et les annonces ces dernières semaines, dans un objectif de pression sur le gouvernement britannique pour qu'il s'attaque en priorité au vapotage des mineurs, et dans le contexte de la tenue de la COP10 de la CCLAT de l’OMS en novembre 2023 au Panama.

Des mouvements similaires en France sur Facebook

Une campagne digitale de même nature est orchestrée depuis quelques semaines en France intitulée « Merci la vape » qui appelle les consommateurs de produits du vapotage à « défendre » leur vape face aux réglementations plus strictes qui planent sur les cigarettes électroniques en France.

Cette campagne, qui est une pétition en ligne, est financée par quatre associations de vapotage : So Vape, la Vape du cœur, la Fivape et Aiduce. L'association Aiduce, qui se présente sur son site internet comme une association indépendante de consommateurs est en réalité membre de l’INCCO[2], un réseau international des organisations du vapotage impulsé par la Fondation pour un monde sans fumée, elle-même directement créée et financée par Philip Morris International.

Ces associations affirment le rôle positif du vapotage dans le sevrage tabagique en dépit du récent avis[3] du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) qui recommande aux professionnels de santé accompagnant les fumeurs dans leur démarche d’arrêt du tabac de ne pas proposer les produits du vapotage comme outil de sevrage. Selon l’HCSP, les bénéfices potentiels et les risques de l’utilisation de cigarettes électroniques « ne sont pas établis à ce jour »

Cette campagne s’oppose aux récentes mesures proposées par certaines associations comme le Comité national contre le tabagisme qui recommande l’interdiction des arômes pour les produits du vapotage et la hausse des taxes sur ces produits. À l’approche de la COP10 de l’OMS en novembre prochain, ces organisations attaquent également l’OMS et son discours sur les dangers des nouveaux produits de la nicotine. Dans un récent article sur son site internet, la Vape du cœur[4] dénonce ainsi le caractère « opaque » des Conférences des Parties (COP) de la CCLAT de l’OMS et sa politique visant à davantage réglementer les produits du vapotage.

Mots-clés : Lobby, ingérence, industrie du tabac, vapotage, COP10, OMS, CCLAT, cigarettes électroniques, réseaux sociaux, désinformation

©Génération Sans Tabac

AE

[1] Shanti Das and Jon Ungoed-Thomas, Lobbyists with links to Big Tobacco fund pro-vaping Facebook campaigns, The Guardian, publié le 18 juin 2023, consulté le 20 juin 2023

[2] Tobacco Tactics, International Network of Nicotine Consumer Organisations (INNCO), dernière mise à jour le 11 novembre 2022, consulté le 20 juin 2023

[3] Avis du Haut Conseil de la santé publique, relatif aux bénéfices-risques de la cigarette électronique, publié le 4 janvier 2022

[4] L’OMS contre-attaque : menaces sur le vapotage, La Vape du coeur, publié le 17 avril 2023, consulté le 20 juin 2023

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