Cœur et tabac : de plus en plus de femmes touchées

11 décembre 2020

Par: communication@cnct.fr

Dernière mise à jour : 11 décembre 2020

Temps de lecture : 6 minutes

Cœur et tabac : de plus en plus de femmes touchées

Les femmes sont aussi susceptibles que les hommes de développer et de mourir des nombreuses maladies causées par le tabagisme[1]. De plus, elles font face à des risques spécifiques à leur sexe qui sont encore trop souvent sous-estimés.

Les maladies cardiovasculaires sont l'une des principales causes de décès dans le monde. Bien que l'incidence des maladies cardiovasculaires chez les femmes soit généralement plus faible que chez les hommes, les femmes ont une mortalité plus élevée et un pronostic plus mauvais après des événements cardiovasculaires aigus[2]. Le risque de maladie cardiovasculaire chez les femmes est souvent sous-estimé. Cela est dû à des perceptions erronées selon lesquelles il s’agirait de maladies « masculines » ou que les femmes seraient davantage « protégées » que les hommes à l’égard des maladies cardiovasculaires en raison de leur statut hormonal. En réalité ce bénéfice réel, disparaît en cas de consommation de tabac et les femmes sont alors aussi vulnérables que les hommes aux maladies induites par le tabac[3].

Une situation préoccupante en France[4]

Le taux de tabagisme des femmes continue de baisser en France. Selon le dernier bulletin de Santé Publique France de mai 2020[5], entre 2018 et 2019, le pourcentage de femmes déclarant fumer de manière quotidienne est ainsi passé de 22,9 % à 20,7 %. Cependant, si la diminution est réelle pour les femmes les plus jeunes (18 à 34 ans), on constate une augmentation qui ne cesse chez les femmes de plus de 55 ans. Cet effet générationnel correspond à l’entrée alors massive dans le tabagisme des femmes dans les années 1970[6] et qui n’ont pas arrêté. Le développement du tabagisme féminin est le résultat direct des stratégies marketing de l’industrie du tabac qui a adapté ses produits, ses marques et ses campagnes à l’attention des femmes et qui poursuit aujourd’hui ce ciblage délibéré [7]-[8].

Il en résulte qu’entre 2000 et 2014 en France, les décès attribuables au tabac chez les femmes ont doublé, le taux de mortalité par cancer du poumon chez les femmes a désormais dépassé celui du cancer du sein, il a augmenté de 71% chez les femmes de 55 à 64 ans alors qu’elle a diminué de 15% chez les hommes. L’incidence des infarctus du myocarde avant 65 ans a augmenté de 50% chez les femmes (16% chez les hommes). Chez les femmes de 35 à 49 ans, plus de 25% des décès par maladie coronaire sont attribuables au tabac.

L’enjeu d’une approche genrée et de l’arrêt total du tabac

Il importe de prendre en compte les caractéristiques de sexe et de genre dans la prévention, le diagnostic, le traitement et la gestion des maladies cardiovasculaires. Pour atteindre l’objectif d’une génération sans tabac en France à l’horizon 2032, il convient non seulement de prévenir l’entrée du tabagisme des jeunes mais aussi de traiter le tabagisme des adultes en particulier celui des femmes pour les accompagner de manière adaptée dans l’arrêt.

Les bénéfices de l’arrêt du tabac sur la santé sont très rapides et contrairement aux idées reçues il n’existe pas de seuil en deçà duquel le tabac serait sans danger. Ainsi les risques sont présents même pour une consommation d’une cigarette par jour[9]. Le facteur de la durée du tabagisme est déterminant. Cependant, si l’arrêt du tabac, tôt dans la vie, réduit de manière considérable les risques de contracter une maladie cardiovasculaire[10], des bénéfices existent à tout âge. A 60 ans, l’arrêt du tabac permet, en moyenne, de gagner 3 années d’espérance de vie. De plus, l’arrêt du tabac est un facteur essentiel de prévention de récidive d’accidents cardiovasculaires. Ainsi, les fumeurs qui arrêtent de fumer après une crise cardiaque réduisent de 36% le risque de décès et de 32% le risque d’une nouvelle crise11.

Mots clés : Femmes, tabac, cœur   Crédit photo : Agence de presse photographie PHANIE ©Génération Sans Tabac
[1] Marjan Walli-Attaei, PhD Philip Joseph, MD Prof Annika Rosengren, MD Prof Clara K Chow, PhD Sumathy Rangarajan, MSc Prof Scott A Lear, PhD et al. Variations between women and men in risk factors, treatments, cardiovascular disease incidence, and death in 27 high-income, middle-income, and low-income countries (PURE): a prospective cohort study, The Lancet, VOLUME 396, ISSUE 10244, P97-109, JULY 11, 2020 DOI:https://doi.org/10.1016/S0140-6736(20)30543-2 [2] Zujie Gao, Zengsheng Chen, Anqiang Sun, Xiaoyan Deng,Gender differences in cardiovascular disease,Medicine in Novel Technology and Devices, Volume 4,2019,100025,ISSN 2590-0935,https://doi.org/10.1016/j.medntd.2019.100025. [3] Professeur Daniel THOMAS, Le « Cœur Des Femmes » Victime Du Tabac, Forbes, 5 décembre 2020, consulté le 11 décembre 2020 [4] Les pathologies liées au tabac chez les femmes : une situation qui reste évolutive et alarmante, Fédération Française de Cardiologie, 6 novembre 2018, consulté le 11 décembre 2020 [5] Pasquereau A, Andler R, Arwidson P, Guignard R, Nguyen-Thanh V. Consommation de tabac parmi les adultes : bilan de cinq années de programme national contre le tabagisme, 2014-2019. Bull Epidémiol Hebd. 2020;(14):27381. http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2020/14/2020_14_1.html [6] Ibid [7] Le fléau du tabagisme féminin, conséquence des stratégies publicitaires des industriels du tabac, CNCT, 31 octobre 2018, consulté le 11 décembre 2020 [8] Les femmes demeurent une cible majeure pour l’industrie du tabac, Génération Sans Tabac, 21 avril 2020, consulté le 11 décembre 2020 [9] Hackshaw A, Morris JK, Boniface S, Tang JL, Milenković D. Low cigarette consumption and risk of coronary heart disease and stroke: meta-analysis of 141 cohort studies in 55 study reports. BMJ. 2018 Jan 24;360:j5855. doi: 10.1136/bmj.j5855. Erratum in: BMJ. 2018 Apr 11;361:k1611. Erratum in: BMJ. 2018 Nov 28;363:k5035. PMID: 29367388; PMCID: PMC5781309. [10] Arrêter de fumer tôt réduit fortement les risques de décès par maladies cardiovasculaires, Génération Sans Tabac, 5 novembre 2020 consulté le 11 décembre 2020 11 Critchley JA, Capwell S. Mortality risk reduction associated with smoking cessation in patients with coronary heart disease. A systematic review. JAMA 2003;290:86–97. Comité National Contre le Tabagisme |

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