British American Tobacco se voit retirer sa certification « neutralité carbone » en Australie
29 octobre 2023
Par: Comité national contre le tabagisme
Dernière mise à jour : 29 octobre 2023
Temps de lecture : 4 minutes
Le gouvernement australien a été tenu de révoquer la certification de « neutralité carbone » accordée au cigarettier British American Tobacco après que l'approbation a été jugée contraire à la Convention-Cadre pour la lutte antitabac de l’Organisation mondiale de la santé (CCLAT de l’OMS) dont l'Australie est partie.
Les documents relatifs à la liberté d'information montrent que le directeur général de l'Institut pour la réduction du carbone, Rob Cawthorne, a déposé une plainte auprès du ministère de la santé en août dernier au sujet de British American Tobacco (BAT), qui a reçu la certification de Climate Active[1].
Climate Active, un système de certification de neutralité carbone soutenu par le gouvernement, est géré par le ministère du changement climatique, de l'énergie, de l'environnement et de l'eau. Il offre des certifications aux organisations qui peuvent prouver qu'elles font des efforts pour atteindre la neutralité carbone. Ces organisations peuvent ensuite utiliser la marque de certification dans leur communication.
Le tabac a un impact délétère sur l’environnement de la production à la consommation
Becky Freeman, professeur de santé publique et spécialiste de la lutte antitabac, a déclaré que cette certification ne servait qu'à « polir la réputation ternie d'une industrie qui tue chaque année plus de 8 millions de personnes dans le monde », elle ajoute que « les industries nuisibles ne devraient jamais pouvoir bénéficier d'un soutien gouvernemental ».
Depuis sa culture, le séchage, le transport jusqu’à la consommation et les déchets associés, le tabac contribue significativement à l’épuisement et à la pollution des sols et des cours d’eaux. Il est responsable d’une surconsommation hydrique, d’une déforestation et participe au changement climatique. Ainsi, les activités de l’industrie du tabac sont fondamentalement contraires et inconciliables avec les objectifs de développement durable définis par l’ONU.
Une opportunité de communication pour le fabricant de tabac
Les documents montrent qu'après avoir été informé de la plainte, le directeur de la lutte antitabac du ministère de la santé a informé le ministère de l'industrie que la promotion des activités « neutres en carbone » de l'industrie du tabac pourrait être perçue comme une activité de responsabilité sociale des entreprises (RSE) et que l'approbation du gouvernement, contraire à la CCLAT, offrirait une opportunité de communication au fabricant. La CCLAT prévoit, entre autres, à travers ses articles 5.3 et 13 que les politiques de santé publique doivent être préservées de l’influence de l’industrie du tabac et que toutes formes de publicité (incluant les activités de RSE de l'industrie du tabac) sont interdites.
La notion de « RSE » est l’un des piliers de l’industrie du tabac dans sa stratégie d’image et de promotion de ses nouveaux produits. Elle vise à toucher de nouveaux publics et en particulier des décideurs politiques. Depuis près de 15 ans, BAT publie sur son site internet des « rapports sur ses engagements en matière de développement durable » où le fabricant détaille à l’attention des différentes parties prenantes (décideurs, consommateurs, actionnaires, journalistes etc.) comment la compagnie prévoit de placer le concept de « durabilité » au premier plan de ses objectifs afin de parvenir à la neutralité carbone. Cette communication participe de l’objectif du fabricant d’atteindre 50 millions de consommateurs de ses nouveaux produits d’ici 2030.
AE
Mots-clés : British American Tobacco, Australie, certification, neutralité carbone, greenwashing, environnement, OMS, CCLAT,
[1] Melissa Davey, Australia breaches WHO treaty with carbon neutral certification of big tobacco company, The Guardian, publié le 19 octobre 2023, consulté le 24 octobre 2023
Comité national contre le tabagisme |