Au Pays de Galles, les fumeurs et anciens fumeurs de 55 à 74 ans se verront proposer un dépistage du cancer du poumon
8 juillet 2025
Par: Comité national contre le tabagisme
Dernière mise à jour : 3 juillet 2025
Temps de lecture : 5 minutes
Le secrétaire gallois à la Santé et aux Services sociaux, Jeremy Miles, a annoncé le lancement d’un programme national de dépistage du cancer du poumon, visant les fumeurs ou ex-fumeurs les plus à risque. Il s’agira du quatrième programme de dépistage du cancer de la population au Pays de Galles. Les premiers dépistages devraient débuter en 2027, et le développement du programme commence immédiatement[1].
Lancement d’un programme national de dépistage du cancer du poumon
Ce programme découle des recommandations du UK National Screening Committee (UK NSC) et de projets pilotes réussis, notamment dans la vallée du nord de Rhondda. Il ciblera les personnes âgées de 55 à 74 ans identifiées comme présentant un risque élevé de cancer du poumon, c’est-à-dire les fumeurs actuels ou anciens, et intégrera un accompagnement pour l’arrêt du tabac. Les personnes les plus âgées de cette tranche d’âge seront prioritaires.
Le cancer du poumon est le troisième cancer le plus fréquent au Pays de Galles, mais reste de loin la première cause de décès par cancer. La majorité des cas sont diagnostiqués à un stade avancé, lorsqu’ils sont rarement curables. Le dépistage précoce est donc essentiel pour améliorer les chances de survie.
En 2022, environ 340 000 personnes au Pays de Galles, soit 14,1 % de la population totale, fumaient des cigarettes, selon l’Office des statistiques nationales (ONS)[2]. Plus de 43 000 personnes sont diagnostiquées avec un cancer du poumon chaque année au Royaume-Uni, qui touche principalement les personnes âgées et le tabagisme en est la principale cause. Si la tranche d’âge des 70 à 74 ans est généralement celle où l’on observe le plus haut taux de diagnostic du cancer du poumon, la majorité des cas surviennent chez les personnes âgées de 55 à 79 ans, avec une incidence particulièrement élevée à partir de 60 ans.
Les personnes qui en sont atteintes souffrent d’une toux persistante, de crachats de sang, d’un essoufflement persistant, d’une fatigue « inexpliquée », d’une perte de poids, de malaises ou douleurs lors de la respiration ou de la toux. Le pronostic actuel de survie au-delà de 5 ans pour ce type de cancer demeure particulièrement mauvais.
Mise en œuvre progressive et financement du dispositif
La mise en œuvre du programme se fera en trois étapes, afin de permettre au NHS gallois d’augmenter ses capacités de lecture des scanners et de suivi des résultats. Jeremy Miles a annoncé un financement initial de 2,3 millions de livres (environ 2,68 millions d’euros) pour l’année 2025-2026, destiné à agrandir l’équipe actuelle et à lancer les premières phases du projet. Une fois pleinement opérationnel, le programme devrait coûter environ 13 millions de livres par an (environ 15,1 millions d’euros).
Heather Lewis, médecin-conseil en santé publique pour Public Health Wales, a salué la décision du gouvernement gallois : « Le dépistage permet de détecter le cancer du poumon à un stade précoce, quand il est plus facile à traiter. Cela sauvera des vies. ».
Le projet pilote mené dans le nord de Rhondda, en partenariat avec le Cancer Network et le Cwm Taf Morgannwg University Health Board, a permis de réaliser 600 scanners, conduisant à la détection de 12 cancers du poumon, dont deux tiers à un stade précoce.
Prévention renforcée et lutte contre les inégalités de santé
Le cancer du poumon n’affecte pas toutes les populations de manière égale : les taux de mortalité sont deux fois et demie plus élevés dans les zones les plus défavorisées du Pays de Galles. Les résultats du projet pilote à Rhondda, une région particulièrement touchée par le tabagisme et l’incidence de cancers du poumon, soulignent l’impact potentiel du dépistage dans la réduction des inégalités.
Heather Lewis a ajouté que « le dépistage est une action concrète pour réduire les écarts en matière de mortalité par cancer au Pays de Galles. Il illustre notre transition vers un système de santé plus préventif. ».
Le programme intégrera également un service d’aide à l’arrêt du tabac ; ce dernier constituant de très loin la principale cause du cancer du poumon. Le financement soutiendra notamment l’extension du service Help Me Quit pour accompagner les personnes éligibles bien avant le début des dépistages. Public Health Wales aura pour mission de mettre en œuvre les meilleures stratégies pour faire évoluer conjointement le dépistage et le soutien à l’arrêt du tabac.
Pour autant, la mesure du dépistage du cancer du poumon doit être également mise en perspective avec d’autres modalités coût – efficaces de prévention. Un modèle européen mélangeant dépistage et arrêt du tabac a ainsi conclu que la seule cessation du tabac réduit l'incidence du cancer de 8 à 46 %, tandis que le dépistage n’entraîne qu’une baisse de 1 à 24 % et reste moins efficace et rentable[3].
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[1]Nation.cymru, Welsh Government to launch new national lung cancer screening programme, publié le 28 juin 2025, consulté le 1 juillet 2025
[2]Griffiths Eleri, Lung cancer screening to be rolled out to smokers, BBC, publié le 28 juin 2025, consulté le 1 juillet 2025
[3]Diaz M., Garcia M., Vidal C., Santiago A., Gnutti G., Gómez D., Trapero-Bertran M., Fu M., Lung Cancer Prevention LUCAPREV research group, Health and economic impact at a population level of both primary and secondary preventive lung cancer interventions: A model-based cost-effectiveness analysis, Lung Cancer, publié en septembre 2021, consulté le 1 juillet 2025