Arrêter de fumer après une revascularisation coronaire percutanée permettrait d’atteindre le niveau de risque de non-fumeurs

9 octobre 2023

Par: Comité national contre le tabagisme

Dernière mise à jour : 9 octobre 2023

Temps de lecture : 4 minutes

Arrêter de fumer après une revascularisation coronaire percutanée permettrait d’atteindre le niveau de risque de non-fumeurs

Une étude sud-coréenne sur un vaste échantillon confirme que les fumeurs ayant bénéficié d’un geste de revascularisation coronaire percutanée (RCP) auraient un risque supérieur aux non-fumeurs de développer des évènements cardiovasculaires. L’arrêt du tabac réduirait en revanche ce risque chez les ex-fumeurs ayant cumulé moins de 20 paquets-années de tabagisme.

La présence de nicotine, de monoxyde de carbone et de radicaux libres dans la fumée de tabac est le principal facteur de risque cardiovasculaire chez les fumeurs. L’arrêt du tabac est régulièrement présenté comme une manière de réduire ce risque cardiovasculaire.

La revascularisation coronaire percutanée (RCP) consiste à dilater une artère coronaire rétrécie à l’aide d’un ballonnet introduit puis gonflé à l’intérieur de l’artère au niveau du rétrécissement. Un « stent » (petit ressort métallique) est ensuite implanté à ce niveau pour maintenir le résultat à long terme[1]. Les données à grande échelle étaient toutefois manquantes sur le devenir des patients ayant subi ce type d’intervention, en fonction de leur statut tabagique. Des chercheurs sud-coréens viennent de combler cette lacune.

Après une RCP, les fumeurs présenteraient plus d’événements cardiovasculaires majeurs que les non-fumeurs

Utilisant les données du Korean National Health Insurance System (NHIS), les auteurs de cette étude ont analysé le suivi médical sur quatre ans de 74 471 patients ayant subi une RCP[2]. Ces données permettent d’accéder à diverses variables telles que l’âge, le sexe, l’hypertension artérielle, le diabète sucré, l’indice de masse corporelle, l’exercice physique, les accidents cardiaques et les traitements prescrits. Un questionnaire auto-administré renseignant le statut tabagique et la consommation d’alcool a permis de distinguer trois groupes : les non-fumeurs (45,4 % de l’échantillon), les ex-fumeurs (38,5 %) et les fumeurs (16,1 %). L’âge moyen de cette cohorte était de 62,5 ans, 75,8 % de ces patients étant des hommes.

Les résultats de l’étude indiquent que les patients restés fumeurs après une RCP présenteraient davantage d’évènements cardiovasculaires et cérébro-vasculaires majeurs (MACCE) que les non-fumeurs, ainsi qu’un taux supérieur de la mortalité toutes-causes. Les ex-fumeurs bénéficieraient en revanche d’un taux de MACCE équivalent à celui des non-fumeurs. Ces bénéfices de l’arrêt du tabac ne sont cependant significatifs qu’en-deçà d’une consommation antérieure de 20 paquets-années de tabagisme[3] ; au-delà de ce seuil, le taux de MACCE de ces ex-fumeurs (+20% par rapport à ceux qui ont arrêté) n’est pas significativement différent de celui des fumeurs persistants.

Intérêt de l’arrêt du tabac après une RCP

La base de données du NHIS couvrant 97 % de la population coréenne, les auteurs soulignent l’intérêt de cette étude à grande échelle pour confirmer les conséquences cardiovasculaires du tabagisme après une RCP. Ils mettent en avant l‘utilité de l’arrêt du tabac chez les patients ayant subi une RCP, ce d’autant plus que les chances de parvenir à un arrêt complet du tabac sont également plus importantes pour les personnes ayant subi une RCP. Parmi les limites de cette étude, les auteurs intègrent le fait que les questionnaires étaient auto-administrés et que le décompte en paquets-années ne permet pas de distinguer s’il s’agit d’un tabagisme à faibles doses sur le long terme ou à fortes doses dans un temps court.

Mots-clés : évènements cardiovasculaires majeurs, revascularisation coronaire percutanée (RCP), arrêt du tabac, paradoxe du fumeur.

©Génération Sans Tabac

MF

[1] L’angioplastie coronaire, Fédération Française de Cardiologie, mis à jour le 21 mai 2021, consulté le 5 octobre 2023.

[2] Ki YJ, Han K, Kim HS, Han JK, Smoking and cardiovascular outcomes after percutaneous coronary intervention: a Korean study, European Heart Journal, ehad616, Published online: 26 September 2023https://doi.org/10.1093/eurheartj/ehad616

[3] Un paquet-année correspond à une consommation de 20 cigarettes par jour pendant un an.

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