100 organisations de santé appellent à l’arrêt de la publicité pour les pochettes de nicotine sur les réseaux sociaux

29 octobre 2021

Par: Comité national contre le tabagisme

Dernière mise à jour : 29 octobre 2021

Temps de lecture : 4 minutes

100 organisations de santé appellent à l’arrêt de la publicité pour les pochettes de nicotine sur les réseaux sociaux

Dans une lettre adressée aux dirigeants de Facebook/Instagram, TikTok et Twitter le 26 octobre 2021, plus de cent organisations de santé leur demandent de prendre des mesures similaires à celles adoptées pour les cigarettes, les cigarettes électroniques et le tabac à chauffer/griller.

Les pochettes de nicotine (en anglais « pouches ») font partie des nouveaux produits sans fumée activement promus par l’industrie du tabac, dans un contexte où les cigarettes fumées connaissent une diminution. Déclinaison sans tabac du principe du snus, ces pochettes à glisser entre les lèvres et la gencive contiennent une poudre à base de nicotine de synthèse ou de nicotine de tabac « purifiée ». Profitant du flou juridique qui entoure encore les produits de nicotine sans fumée dans de nombreux pays, les industriels utilisent les réseaux sociaux pour diffuser des publicités et recruter des influenceurs qui incitent à consommer ces produits[1].

Un marketing tourné vers les jeunes

Pour parer à cette situation, une centaine d’organisations de santé provenant de 53 pays vient d’adresser une lettre aux dirigeants de Facebook/Instagram, TikTok et Twitter pour leur demander de ne pas mettre en avant ces produits sur leurs plateformes en les interdisant de toute forme de promotion. Ces organisations rappellent que tous les produits à base de nicotine sont très addictifs et qu’ils ont des conséquences négatives sur la formation du cerveau à l’adolescence. Elles pointent que le marketing des pochettes de nicotine est particulièrement tourné vers les jeunes, à l’aide d’une imagerie, d’arômes et d’emballages attrayants, l’industrie du tabac s’efforçant de renouveler sa clientèle. Or, les moins de 24 ans constituent 40% de l’audience des influenceurs promouvant les pochettes de nicotine, laquelle couvre au total 537 millions de personnes[2]. S’appuyant sur une étude interne de British American Tobacco (BAT), les auteurs du courrier soulignent que la moitié des primo-utilisateurs de produits de la nicotine oraux sont des non-fumeurs, ce qui contredit l’argument selon lequel ces produits seraient avant tout destinés aux fumeurs souhaitant sortir du tabagisme.

Déjà, en mai 2019, 125 organisations de santé avaient interpellé les mêmes réseaux sociaux en leur demandant d’interdire la publicité pour les cigarettes, les cigarettes électroniques et le tabac à chauffer/griller. Les réseaux sociaux ont depuis tenu compte de cette alerte et ont exclu ces produits de leur politique commerciale. A ce jour, seul Snapchat a opté pour l’interdiction complète de publicité pour tous les produits de la nicotine.

BAT en pointe sur le marché des pochettes de nicotine

Si Altria, Imperial Brands et Japan Tobacco International produisent eux-mêmes des pochettes de nicotine, BAT est le fabricant qui communique le plus sur ce segment de marché, essentiellement sur les réseaux sociaux, et en est devenu le leader. BAT confirme sur son site que le public des pays à faibles et moyens revenus compose son cœur de cible pour ce marché, entre autres parce que leur usage ne nécessite pas d’électricité, comme c’est le cas pour les dispositifs électroniques[3]. Rebaptisées Velo après avoir été lancées sous le nom de Lift, ses pochettes de nicotine se vendent aussi très bien aux Etats-Unis où elles sont fortement consommées par les jeunes et les adolescents, au point d’inquiéter les acteurs de santé[4].

Plusieurs pays ont déjà pris des mesures variées contre les pochettes de nicotine. Leur vente et leur importation sont ainsi interdites en Allemagne, en Russie, en Nouvelle-Zélande, au Kazakhstan, en Lituanie et à Singapour. Elles sont classées comme substances vénéneuses en Australie, à Hong-Kong et en Malaisie. Elles sont rangées parmi les produits du tabac en Corée du Sud et en Ouzbékistan. Elles ne sont enfin accessibles que sur prescription médicale au Canada, en Finlande, au Japon, au Chili, en Malaisie, en Afrique du Sud et à Taiwan. Autant de réglementations qui suggèrent que ces produits de la nicotine sont loin d’être inoffensifs pour la santé.

Mots-clés : pouches, réseaux sociaux, sachet de nicotine, Velo, Lift, BAT. ©Génération Sans Tabac

MF


  [1] Nicotine pouch marketing examples, Campaign for Tobacco-Free Kids, publié le 26 octobre 2021, consulté le 27 octobre 2021. [2] Over 100 Organizations Call on Social Media Companies to End Nicotine Pouch Advertising, Including by Paid Influencers, Campaign for Tobacco-Free Kids, publié le 26 octobre 2021, consulté le 27 octobre 2021. [3] Modern and traditional oral products, British American Tobacco, consulté le 27 octobre 2021. [4] États-Unis : inquiétude autour de la consommation des sachets de nicotine, Génération Sans Tabac, publié le 12 février 2021, consulté le 27 octobre 2021. Comité National Contre le Tabagisme |

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