Allemagne : inquiétudes concernant la consommation des sachets de nicotine par les adolescents
27 décembre 2024
Par: Comité national contre le tabagisme
Dernière mise à jour : 23 décembre 2024
Temps de lecture : 5 minutes
Les résultats récents du DAK-Präventionsradar (Caisse national d’assurance maladie) révèlent une tendance préoccupante chez les adolescents allemands : environ un élève sur sept, âgé de 16 à 17 ans, a déjà expérimenté les sachets de nicotine. Cette pratique est plus répandue chez les garçons que chez les filles.
Environ 12 700 enfants et adolescents âgés de 9 à 17 ans ont été interrogés sur leurs comportements en matière de santé en 2022 et 2023. L'enquête a été menée dans 14 Länder par des enseignants au sein de 83 écoles, représentant 927 classes et ce, à l'aide de questionnaires[1].
Une consommation déjà très élevée chez les élèves
Selon l’enquête, 5,4% des enfants et adolescents interrogés ont consommé au moins une fois des sachets de nicotine (garçons : 6,3%, filles : 3,5%). Chez les 16-17 ans, près de 15 % des élèves interrogés ont déclaré avoir déjà essayé ces produits. Parmi eux, 5 % ont indiqué en consommer régulièrement.
Les autorités sanitaires mettent en garde contre les dangers de ces produits. Le professeur Reiner Hanewinkel de l'Institut für Therapie- und Gesundheitsforschung souligne que le potentiel de dépendance de la nicotine est extrêmement élevé, surtout à un jeune âge. Une consommation précoce peut perturber le développement du cerveau et les taux très élevés de nicotine contenue dans ces produits peuvent entraîner des effets indésirables tels que maux de tête, étourdissements, palpitations cardiaques et nausées. De plus, la présence possible de substances cancérigènes dans ces produits est préoccupante.
Le rapport souligne que les sachets de nicotine sont particulièrement attractifs pour les jeunes en raison de leur marketing ciblé, souvent associé à des arômes fruités et à un design moderne. Cette stratégie commerciale masque les risques sanitaires réels et la perception de la nocivité et du caractère addictogène de ces produits. Les données montrent également que 60 % des jeunes interrogés ayant essayé ces produits déclarent les avoir obtenus via des amis ou des connaissances, tandis que 25 % les ont achetés en ligne alors que ces produits sont normalement interdits dans le pays.
Une co-consommation des produits de la nicotine par les adolescents
L'étude révèle également que presque tous les enfants et adolescents qui ont déjà consommé des sachets de nicotine ont aussi expérimenté d'autres produits contenant de la nicotine comme les cigarettes, les cigarettes électroniques ou les narguilés. À partir de l'âge de 13 ans, cette co-consommation augmente de manière significative.
Les résultats montrent en outre que les élèves issus de milieux socio-économiques défavorisés consomment encore davantage de sachets de nicotine. Ainsi, les élèves scolarisés dans des établissements scolaires généraux (Gymnasium) consomment moins ces produits que les élèves ou jeunes dans des filières plus professionnelles (Haupt – Realschulen).
Des produits toxiques interdits à la vente en Allemagne
Les associations de santé publique appellent à une action immédiate pour établir des règles strictes concernant la vente et la publicité de ces produits. « Nous sommes confrontés à une nouvelle épidémie de dépendance à la nicotine chez les jeunes, » déplore un porte-parole de la DAK. Depuis 2021, les sachets de nicotine relèvent en Allemagne de la loi sur les denrées alimentaires et ne peuvent plus être vendus légalement en raison de leur forte teneur en nicotine. Néanmoins, des sachets de nicotine sont proposés à la vente dans de nombreux kiosques à travers le pays et sur Internet.
En 2022, l’Institut fédéral allemand pour l’évaluation des risques[2] avait analysé 46 marques de sachets de nicotine commercialisées par vingt producteurs différents et les résultats avaient montrés des taux de nicotine variant de 1,79 mg à 47,5 mg/sachet. Les analyses avaient également montré la présence de nitrosamines spécifiques du tabac, dont certaines sont cancérigènes (NNN, NNK), sous forme de traces dans 26 des produits testés et quantifiables dans 17 d’entre eux. Une analyse en laboratoire menée en France par le Comité national contre le tabagisme et l’INC/60 millions de consommateurs[3] sur 7 références différentes a montré la présence de métaux lourds comme de l’arsenic et du plomb dans les produits. Les deux organismes ont demandé leur interdiction immédiate en France à l’instar de la Belgique et des Pays-Bas.
AE
[1] Communiqué, Jeder siebte Schüler hat schon Nikotinbeutel probiert, DAK, publié le 18 décembre 2024, consulté le 20 décembre 2024
[2] Génération sans tabac, Traces de nitrosamines et taux importants de nicotine dans les pouches, publié le 16 août 2022, consulté le 20 décembre 2024
[3] Communiqué, Le CNCT et l’INC/60 Millions de consommateurs dévoilent les résultats de leur étude : du plomb et de l’arsenic retrouvés dans les sachets de nicotine, CNCT, publié le 10 décembre 2024, consulté le 20 décembre 2024
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