Actualités

Suisse

Suisse : la consommation de tabac stagne, celle des nouveaux produits explose

En Suisse, la prévalence tabagique se maintient à un niveau élevé (24%), selon les chiffres de l’Enquête suisse sur la santé (ESS). Pour Luciano Ruggia, directeur de l’Association suisse pour la prévention du tabagisme, l’incapacité des pouvoirs publics à endiguer l’épidémie tabagique dans le pays s’explique par le lobby pro-tabac[1].

Selon l’Enquête suisse sur la santé, un quart de la population âgée de plus de 15 ans est fumeuse, et cette proportion atteint même 26% auprès des 15-24 ans. Comme le souligne l’Association suisse pour la prévention du tabagisme, cette situation peut être comparée avec celle de la France, où la mise en place d’un ensemble de dispositifs de santé publique a permis en cinq ans de réduire de neufs points la prévalence tabagique quotidienne chez les adolescents de 17 ans, s’établissant désormais à 16%. Compte tenu de la croissance démographique, le nombre absolu de fumeurs et de fumeuses en Suisse continue donc de croître, et avec lui les coûts sanitaires, sociaux, fiscaux et environnementaux associés au tabagisme.

Tabac chauffé, snus, puffs, la consommation explose auprès des adolescents

En parallèle, une étude nationale de 2022 menée par la Health Behaviour in School-aged-Children (HBSC) auprès de 10 000 écoliers Suisses montre une augmentation très nette de la consommation des nouveaux produits du tabac et de la nicotine au sein de cette population. En effet, à 15 ans, 4% des garçons et 3% des filles avaient consommé du tabac à chauffer dans les trente jours précédant l’enquête, soit trois fois plus qu’en 2018. La consommation de snus a également fortement augmenté, puisque 13% des garçons ont indiqué en avoir consommé dans les 30 derniers jours, soit deux fois plus qu’en 2018. Chez les filles, la proportion est passée de 1% à 6%. La consommation de cigarettes électroniques est enfin préoccupante, d’autant qu’elle est régulièrement réalisée en parallèle d’une consommation tabagique classique. Ainsi, 12% des adolescents de 15 ans avaient pratiqué le vapofumage. Comme le rappelle l’Association suisse pour la prévention du tabagisme, cette hausse de l’augmentation de la consommation de ces nouveaux produits est à mettre en relation avec l’évolution de ventes des cigarettes électroniques jetables (Puffs). Selon les données commerciales, ces ventes pourraient avoir augmenté de 2200% pour la seule année 2022.

Un coût sanitaire amené à augmenter en Suisse pour ces prochaines années

Alors que le nombre absolu de fumeurs continue d’augmenter en Suisse, les coûts associés au tabagisme devraient également s’alourdir. En Suisse, le tabagisme est à l’origine d’environ 9500 morts par an, soit 14% de l’ensemble des décès[2]. En 2017, une étude mandatée par l’Office fédéral de santé publique estimait que les coûts de santé associés au tabagisme s’élevaient à 3 milliards de francs suisses par an, soit plus de la moitié des coûts sanitaires liés aux addictions[3]. Les coûts sanitaires associées au tabagisme, bien que supérieurs aux recettes fiscales liées à la vente de tabac, ne représentent qu’une fraction de l’ensemble du coût social du tabac. En France, ce coût social net s’élève par exemple à 156 milliards d’euros par an.

Mots-clés : Suisse, prévalence, lobby

©Génération Sans Tabac

FT


[1] Association suisse pour la prévention du tabagisme, Enquête suisse sur la santé : un quart de la population fume encore. Les nouveaux produits à base de nicotine se multiplient. 03/11/2023, (consulté le 06/11/2023)

[2] Association suisse pour la prévention du tabagisme, Mortalité et morbidité liées au tabagisme, 07/2022, (consulté le 06/11/2023)

[3] Polynomics, Volkswirtschaftliche Kosten von Sucht, 2021, (consulté le 06/11/2023)

Comité national contre le tabagisme |

Publié le 7 novembre 2023