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Le succès des « puffs » auprès des adolescents inquiète élus et professionnels de santé

La rapide diffusion en France des cigarettes électroniques jetables (puffs) chez les adolescents laisse craindre une nouvelle épidémie d’addiction à la nicotine et pose à nouveau la question du respect de l’interdiction de vente aux mineurs.

L’attractivité des arômes, le faible prix et la facilité d’usage semblent être les principaux facteurs du succès des puffs, les cigarettes électroniques jetables[1]. Le dispositif est très simple et ne nécessite pas de recharge et de préparation préalable : les e-cigarettes de type puff (« bouffée », en anglais) sont pré-remplies et, une fois déballées, il suffit de tirer sur le dispositif pour obtenir une bouffée de vapeur aromatisée, avec ou sans nicotine. Présenté sous forme d’une barre colorée, chaque puff contient 500 à 600 bouffées, ce qui équivaut à environ deux paquets de cigarettes. Certains modèles contiennent des taux élevés de nicotine (2% – 20 mg/ml, soit le taux le plus élevé autorisé en Union Européenne). Peu chères et vendues en moyenne 8 €, les puffs sont moins onéreuses qu’un paquet de cigarettes (10 €).

Si la marque WPuff (Liquideo) est la plus connue en France, une vingtaine d’autres marques proposent déjà des produits de ce type. Mises en vente chez les débitants de tabac, mais aussi dans les vapo-stores, les épiceries de nuit, certaines enseignes de distribution de produits pour la maison et sur de nombreux sites Internet, l’accessibilité de ces produits aux adolescents, à qui la vente est normalement interdite, est problématique. Ces cigarettes électroniques jetables posent aussi d’importants problèmes écologiques car ils sont composés de plastique, d’une batterie et d’e-liquide, qui génèrent des polluants persistants et abondants.

L’interdiction de vente aux mineurs est mal respectée

« J’en veux terriblement à tous les commerçants qui acceptent de vendre sans aucun contrôle, alors même que c’est interdit aux moins de 18 ans », a déclaré sur le sujet le Pr Loïc Josseran, président de l’Alliance contre le tabac (ACT)[2]. « Quand on est présent sur un réseau social comme TikTok, on n’est pas là pour aller chercher des vieux fumeurs de 50 ans qui ont envie d’arrêter de fumer, ça c’est faux, même si les fabricants disent qu’ils sont là pour aider au sevrage. On est là pour attraper les jeunes », a-t-il ajouté, en précisant que nous assistons à une véritable « épidémie pédiatrique ».

La responsabilité des vendeurs est donc clairement engagée, comme c’est le cas pour la vente de produits du tabac. La responsabilité des fabricants est elle aussi en cause, lorsqu’ils utilisent les réseaux sociaux pour diffuser des publicités et des actions de promotion pour ces produits, ce qui est interdit depuis l’ordonnance du 19 mai 2016[3].

Sophie Métadier, députée UDI d’Indre-et-Loire, a interpellé le gouvernement le 15 février 2022 sur ce sujet. Sarah El Haïry, secrétaire d’état chargée de la Jeunesse et de l’Engagement, lui a répondu que les autorités ont saisi l’agence de régulation des publicités (ARPP) afin de rappeler aux fabricants et aux influenceurs les sanctions encourues lorsqu’ils font la publicité ou la promotion de ces produits sur les réseaux sociaux comme TikTok ou Instagram[4]. Elle a également indiqué avoir saisi le Conseil d’orientation de la jeunesse et que la pédagogie sur les dangers de l’addiction autour de ces produits allait être développée.

Un fort risque d’addiction lié à la présence de nicotine

La nicotine contenue dans certaines puffs est une préoccupation majeure ; le cerveau des adolescents y est particulièrement vulnérable et une addiction peut survenir en seulement quelques semaines d’utilisation, cet effet s’accentuant quand l’initiation a lieu précocément[5]. Or, le risque d’addiction et l’attractivité des arômes sont considérés par le rapport SCHEER consacré aux cigarettes électroniques comme deux risques forts pour les adolescents[6]. Le dernier avis du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) estime quant à lui non négligeable le risque que de jeunes non-fumeurs initiés au vapotage puissent ensuite devenir des fumeurs de tabac[7]. Il précise aussi que la présence d’arômes augmente l’attrait pour les cigarettes électroniques et réduit la perception des dommages causés.

Mots-clés : cigarette électronique jetable, puffs, adolescents, arômes, vente aux mineurs

©Génération Sans Tabac

MF


[1] Queffélec M, Le succès de la puff chez les ados inquiète : « ils s’intoxiquent petit à petit et deviennent dépendants à la nicotine », France Info, publié le 23 février 2022, consulté le 24 février 2022.

[2] Phénomène des « puff » : « On est face à une épidémie pédiatrique », alerte le président de l’Alliance contre le tabac, France Info, publié le 23 février 2022, consulté le 24 février 2022.

[3] Produits du vapotage, Code de la santé publique, Articles L3513-1 à L3513-19, Ordonnance n° 2016-683 du 19 mai 2016.

[4] Les cigarettes électroniques dites « puff » un piège pour nos adolescents, site de Sophie Métadier, publié le 15 février 2022, consulté le 24 février 2022.

[5] L’âge d’initiation au vapotage, prédicteur du futur tabagisme des adolescents ?, Génération Sans Tabac, publié le 22 février 2022, consulté le 24 février 2022.

[6] Scientific Committee on Health, Environmental and Emerging Risks (SCHEER), Opinion on electronic cigarettes. Publié le 16 avril 2021, consulté le 24 février 2021.

[7] Avis relatif aux bénéfices-risques de la cigarette électronique, Haut Conseil de la Santé Publique, publié le 26 novembre 2021, consulté le 24 février 2022.

Comité National Contre le Tabagisme |

 

Publié le 25 février 2022