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Le tabagisme passif touche tous les enfants, même chez les non-fumeurs

Si les enfants des fumeurs sont plus exposés que d’autres au tabagisme passif quelles que soient les précautions prises par les parents, les enfants de non-fumeurs y sont aussi sensiblement exposés, indique une étude israélienne. La diversité des sources d’exposition attire surtout l’attention sur les émissions de fumée de tabac aux abords des foyers.

Les enfants sont particulièrement vulnérables face au tabagisme passif et lui paient un lourd tribut en termes de morbidité et de mortalité. De nombreuses études ont déjà montré que les enfants de fumeurs sont plus particulièrement exposés aux fumées secondaires et tertiaires, malgré les précautions que peuvent prendre les parents fumeurs au sein de leur foyer.

Une étude israélienne confirme ces travaux et souligne que les enfants de foyers non-fumeurs sont également touchés par ce phénomène, dans une moindre proportion[1]. Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer ces résultats et quelques recommandations sont formulées pour y remédier.

Les enfants de fumeurs plus fortement exposés

La recherche israélienne s’appuie sur deux études ayant eu recours à une analyse des traces de nicotine présentes chez les cheveux des enfants. L’une de ces études portait sur des enfants de fumeurs, en différenciant dans leur foyer les emplacements intérieurs et extérieurs dans lesquels au moins l’un des deux parents avait l’habitude de fumer. L’autre étude portait sur des enfants résidant dans un foyer où les deux parents étaient non-fumeurs.

Les résultats montrent des traces de nicotine présentes chez 69 % des enfants de foyers fumeurs, contre 35 % chez ceux de foyers non-fumeurs. Parmi les enfants de foyers où au moins l’un des deux parents fume, les variations de lieu de consommation du tabac n’influent qu’assez peu : si 75 % des enfants présentent des traces de nicotine lorsque les parents fument au sein du logement (que ce soit dans une pièce dédiée ou dans l’ensemble du logement), ils sont 71 % à l’être lorsque le parent fume dans la cour ou le jardin, et 62 % lorsque le parent fume devant un porche ou sur un balcon.

La forte exposition des enfants de fumeurs aux fumées secondaires et tertiaires est comparable à celle observée dans d’autres études. Elle est maximale en cas de consommation à l’intérieur du logement, mais reste très élevée lorsque le parent fume à l’extérieur. Sur ce dernier point, les auteurs avancent l’idée d’un reflux de la fumée de tabac vers l’intérieur des habitations, mais soulignent aussi que les parents fumeurs sont, sur leurs doigts et leurs vêtements, porteurs de particules de fumée tertiaire, qu’ils déposent dans leur foyer ou directement sur leurs enfants. Le niveau d’éducation des parents, les croyances erronées sur la diffusion de la fumée de tabac  ainsi que le nombre de cigarettes consommées peuvent nettement influer sur l’importance de l’exposition des enfants à la nicotine. Fumer dans un espace extérieur couvert, comme une terrasse de restaurant, augmente par exemple de moitié l’exposition à la fumée de tabac en comparaison d’un espace extérieur non couvert[2].

L’exposition des enfants de non-fumeurs laisse interrogatif

La présence de traces de nicotine dans les cheveux d’un tiers des enfants de foyers non- fumeurs laisse encore de nombreuses interrogations quant à leur origine. Elles pourraient provenir de la fumée d’autres foyers mitoyens dans les habitations collectives, du passage de fumeurs dans le logement, de dépôts de fumée tertiaire laissés par de précédents occupants du logement, ou d’une contamination à l’extérieur du foyer, en séjournant dans d’autres foyers, dans des véhicules de fumeurs ou dans des espaces publics. Les effectifs très réduits de cette recherche, en particulier pour le volet qui concerne les enfants de non-fumeurs, ne permettent toutefois pas de mieux identifier de quelles sources proviendrait l’exposition des enfants à la nicotine.

Parmi les recommandations émises par les chercheurs, vient en priorité l’interdiction de fumer dans un périmètre d’au moins 9 mètres d’une habitation, d’un enfant ou d’un véhicule transportant un enfant. Ils suggèrent aussi une intense campagne pour sensibiliser les parents à mieux protéger leurs enfants et leurs habitations de la fumée. L’encouragement des parents à arrêter de fumer s’impose comme une évidence, mais ne suffit pas à éviter complètement l’exposition des enfants. Accentuer la dénormalisation du tabac dans la société et relancer le Plan pour la réduction du tabagisme et de ses méfaits en Israël constituent les autres étapes logiques pour limiter l’exposition des enfants.

Mots-clés : Israël, enfants, tabagisme passif, fumée secondaire, fumée tertiaire.

©Génération Sans Tabac

MF

[1] Rosen LJ, Zucker DM, Gravely S, Bitan M, Rule AM, Myers V. Tobacco Smoke Exposure According to Location of Home Smoking in Israel: Findings from the Project Zero Exposure Study. Int. J. Environ. Res. Public Health. 2023; 20(4):3523.

[2] CameronM, Brennan E, Durkin S, Borland R, Travers M, Hyland A, Spitta M, Wakefield M. Secondhand smoke exposure (PM 2.5) in outdoor dining areas and its correlates. Tob. Control 2010, 19, 19–23.

Comité national contre le tabagisme |

Publié le 15 avril 2023