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Japan Tobacco communique activement sur ses activités de RSE dans les médias japonais

Selon une étude publiée dans la revue Tobacco Control[1], Japan Tobacco (JT) continue de s’engager dans des activités dites de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et communique abondamment sur « ses contributions aux Objectifs de développement durable (ODD) » au Japon mais également au niveau international y compris à travers des publicités. Des études antérieures ont démontré que la communication associée aux activités RSE de l’industrie du tabac déforme les perceptions, influence le contenu éditorial des médias pour qu’il soit plus favorable aux intérêts de l’industrie du tabac et a des conséquences préjudiciables au niveau de la lutte contre le tabagisme.

L’article 13 de la CCLAT de l’OMS exige une interdiction totale de la publicité, de la promotion et du parrainage en faveur du tabac. Selon les directives pour l’application de l’article 5.3 et de l’article 13, les activités de responsabilité sociale des entreprises (RSE) de l’industrie du tabac doivent être interdites car elles constituent un type de publicité.

Une présence soutenue dans les médias japonais

Japan Tobacco a activement communiqué en 2022 dans les médias japonais pour entretenir une perception favorable auprès du grand public par le biais d’initiatives axées sur les ODD. Un article publié dans le journal Fukushima Minpo en mai 2022 indiquait que la branche JT Fukushima s’engageait activement à contribuer à la réalisation des ODD au Japon. Dans ce même article, il est indiqué que l’entreprise allait « promouvoir des initiatives de RSE dans la préfecture de Fukushima », en plus des activités existantes telles que la « promotion d’espaces fumeur », la campagne « aimons nos villes en ramassant les mégots de cigarettes jetés » et le « soutien à la reconstruction de l’est du Japon [qui a subi des dommages structurels importants et graves en raison du tremblement de terre et du tsunami] ».

Le 10 mai 2022, la télévision Kochi Sansan a rapporté que le maire de la ville de Kochi a présenté une lettre de remerciement à JT pour le don d’un espace fumeur extérieur dans le grand parc du centre de la ville (Central Park). Le directeur de JTI avait déclaré que cet espace fumeur permettrait de faire coexister les fumeurs et non-fumeurs de manière harmonieuse dans la société. Dans le reportage, on voit que les logos des ODD ont été apposés derrière le directeur régional de Japan Tobacco, aux côtés du logo de la ville et de JT.

La collaboration de la ville avec l’industrie du tabac viole directement l’obligation du Japon en vertu de l’article 5.3 de la Convention-Cadre de l’OMS qui dispose que les politiques de santé publique doivent être préservées de l’influence de l’industrie du tabac.

Imposer une acception sociale du tabagisme et de l’industrie du tabac

Dans ces interventions, les déclarations du fabricant de faire coexister les fumeurs et non-fumeurs en mettant en place des espaces dédiés semblent être, selon les auteurs, une manière visant à normaliser le tabagisme dans les lieux publics en augmentant l’acceptabilité sociale du tabagisme.

Par ailleurs, la problématique des ODD est de plus en plus intégrée dans les programmes scolaires au Japon et les élèves y sont de plus en plus familiarisés. Que les médias associent de manière positive l’industrie du tabac aux ODD et à ses activités de RSE peut entrainer une perception biaisée de la dangerosité des activités de l’industrie du tabac dans son ensemble et contribuer à entretenir une vision positive de cette industrie tout en la normalisant dans la société.

Les auteurs de l’étude rappellent qu’il existe un conflit fondamental et irréconciliable entre les affirmations d’entreprise responsable émanant de JT et les ODD dans leur ensemble. Ils soulignent en particulier en ce qui concerne la santé, la cible spécifique des ODD 3.4  qui consiste à : « réduire d’un tiers la mortalité prématurée due aux maladies non transmissibles en renforçant la mise en œuvre de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT) dans tous les pays ».

Les auteurs invitent donc le Japon à davantage appliquer l’ensemble des dispositions de la CCLAT notamment en termes d’interdiction de la publicité, promotion et parrainage de l’ensemble des produits du tabac et de son industrie y compris sous la modalité de communication d’une entreprise dite socialement responsable.

La RSE, cheval de Troie de l’industrie du tabac

Sur son site internet, la préservation de l’environnement et le soutien aux populations précaires sont les arguments majeurs de la communication RSE de Japan Tobacco. Ces contributions à la RSE sont une modalité que le fabricant exploite, en particulier lorsque toutes les autres formes de publicité, de promotion et de parrainage du tabac lui sont interdites. Pour contrer toute critique, l’industrie du tabac cible les populations les plus vulnérables et mène des activités caritatives lors de catastrophes naturelles ou ici avec des organisations caritatives comme la Banque alimentaire ou Friends of the Elderly Foundation. L’argent que les compagnies de tabac dépensent pour les activités de RSE fait partie de leurs dépenses de marketing et ne doit pas être considéré comme une activité philanthropique. Les sommes engagées sont dérisoires au regard des problèmes concernés que cette industrie a elle-même fréquemment aggravés si ce n’est causés. Les dommages environnementaux dus aux produits du tabac et à son industrie en constituent une illustration.

Ces opérations de communication permettent ainsi aux fabricants de masquer les conséquences préjudiciables à tous égards de leurs produits et de leur activité tout en améliorant leur image et en faisant pression sur la décision publique dans un sens qui leur soit favorable.

Mots-clés : Japon, Japan Tobacco, ODD, RSE, publicité, lobby, CCLAT, médias

©Génération Sans Tabac

AE


[1] Hirano T Japan Tobacco corporate social responsibility activities misleadingly claim to advance Sustainable Development GoalsTobacco Control Published Online First: 27 September  2022. doi: 10.1136/tc-2022-057630

Comité national contre le tabagisme |

Publié le 5 octobre 2022