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Baisse des ventes de tabac en France en 2021 et baisse globale de la consommation chez les adolescents

Une note de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) synthétise les tendances actuelles des consommations des produits du tabac chez les adultes et chez les adolescents.

L’évolution des ventes, de la consommation et des stratégies de sevrage liés au tabac est scrutée de près par l’OFDT, tant chez les adultes que chez les adolescents. Une note produite par cet Observatoire récapitule les toutes dernières tendances[1].

Baisse des ventes des produits du tabac en 2021

Les ventes des produits du tabac au sein du réseau national des buralistes ont baissé de 6,6 % en 2021 et représentent 43 188 tonnes de tabac. Après une stabilisation en 2020, due à l’effet de confinement, les ventes ont donc repris leur tendance à la baisse, amorcée depuis 2012. Les cigarettes représentent encore 78 % de ce volume, le reste se partageant entre le tabac à rouler (17 %, contre 12 % de 2008 à 2011) et les autres produits du tabac (6 % contre 3 à 4 % de 2006 à 2019). Les écarts de prix entre cigarettes et tabac à rouler se sont toutefois réduits depuis 2019.

Les plus fortes baisses sont enregistrées dans les régions Hauts-de-France et Grand Est, où les achats transfrontaliers ont repris, après la hausse observée au cours du premier confinement de 2020. Ces baisses dépassent les 10 % dans quinze départements, tous frontaliers, tandis qu’elles se situent à 5,8 % dans le reste du territoire métropolitain.

Les achats transfrontaliers dominent encore les achats hors du réseau officiel

Parmi les achats effectués hors du réseau national des buralistes, les achats transfrontaliers restent prédominants et sont en grande partie licites, lorsqu’ils réalisés dans les quantités autorisées[2]. C’est quand ils dépassent ces quantités autorisées que les achats transfrontaliers deviennent illégaux. Les achats illégaux peuvent aussi concerner les produits de contrebande (achats transfrontaliers massifs, souvent par des circuits mafieux, mais aussi « cheap white », produites par les cigarettiers dans des usines situées en zones franches), voire de contrefaçon (production illégale).

Au total, ces achats hors réseau, sans pour autant être illicites, représenteraient 22 % des achats de tabac, la part effective des achats illicites étant estimée à 12 % (dont 10,4% pour les achats auprès d’un proche ou d’un revendeur, et 1,6% en achats sur Internet), ce qui semble nettement inférieur à ce qu’annoncent les fabricants. En s’appuyant sur une étude réalisée sur des paquets vides (« empty pack surveys » ou études « ramasse-paquet », dont la méthodologie reste contestée), la SEITA, filiale du groupe Imperial Brands, affirme en effet que 37 % des cigarettes proviendraient d’achats hors du réseau national, dont près de 18 % seraient des cigarettes de contrefaçon[3] et 19 % des achats transfrontaliers ; ces études présentent cependant des biais d’échantillonnage et ont tendance à surévaluer la part des achats illégaux, tout en distinguant mal les paquets transfrontaliers achetés légalement ou non. Les industriels invoquent fréquemment l’argument que les hausses de taxes sur les produits du tabac induiraient une augmentation de la contrebande ; l’observation semble au contraire montrer que la moindre accessibilité des produits de tabac entraîne une baisse de la consommation qui se répercute à la fois sur le marché licite et sur le marché illicite[4].

Baisse de la consommation et de l’expérimentation chez les adolescents

Sur le plan de la consommation de tabac, on dénombre 15 millions de fumeurs dans l’année dont 12 millions d’usagers quotidiens (25,5% des 18-75 ans en 2020), pour 37 millions de personnes ayant expérimenté le tabac au cours de leur vie.

Des disparités sociales fortes sont observées : la prévalence de tabagisme quotidien, variant selon le niveau de diplôme, s’établit à 36 % parmi les personnes n’ayant aucun diplôme contre 17 % parmi celles titulaires d’un diplôme supérieur au baccalauréat. Le niveau de revenus joue également, puisque 33 % des fumeurs quotidiens se situent dans le tercile le plus bas, contre 18 % dans le tercile le plus élevé. Les chômeurs (44 %) sont davantage des fumeurs quotidiens que les actifs occupés (27 %) ou les étudiants et les inactifs (24 %).

Le tabagisme des adolescents poursuit de son côté sa baisse, l’expérimentation de tabac chez les élèves de 3e passant de 37,5 % en 2018 à 29 % en 2021 (contre 52 % en 2010), tandis que la consommation quotidienne évolue de 6,5 % en 2018 à 3,7 % en 2021 (contre 15,6 % en 2010)[5]. Dans cette population, l’âge moyen d’expérimentation du tabac a reculé, passant de 13,7 ans en 2000 à 14,4 ans en 2017. Le passage entre expérimentation et consommation quotidienne s’est en revanche réduit à 13 mois en 2021, contre 22 en 2011. Les expérimentations exclusives de chicha restent quant à elles stables, autour de 6 % en classe de 3e, marquant une implantation de cet usage chez les adolescents, alors que les consommations mixtes incluant la chicha sont en baisse de 6 points (de 20 % à 14 %) en comparaison de 2018. Les expérimentations de cigarette électronique (34 %) ont par ailleurs dépassé celles du tabac chez les élèves de 3e, alors que leur usage quotidien est resté stable depuis 2018.  A 17 ans, 25 % des adolescents étaient fumeurs quotidiens de produits du tabac en 2021, contre 41 % en 2000.

La perception du tabac reste liée au statut tabagique

La perception des dangers du tabagisme chez les adultes dépend quant à elle du statut tabagique : les fumeurs tendent plus souvent à minimiser les risques liés à l’expérimentation (28% contre 36% chez les non-fumeurs)[6] et à considérer que ces dangers sont surtout liés à l’usage quotidien de tabac (56% contre 49% des non-fumeurs). Une étude conduite en 2017 auprès des adolescents indique que chez derniers, la perception des produits du tabac s’est nettement dégradée et que ceux-ci sont aujourd’hui fortement associés à la déchéance physique, à la mort et aux diverses pathologies liés au tabac, y compris chez les jeunes fumeurs[7].

Les TSN sont en progression, le Mois sans tabac est moins suivi

Du côté du sevrage tabagique, les ventes de traitements de substitution nicotinique (TSN) ont augmenté de 14 % en 2021. Cette hausse est favorisée par le remboursement de ces traitements selon le régime de droit commun, après la disparition des forfaits TSN au 1er janvier 2019, et par l’élargissement des prescripteurs au 1er janvier 2016. Les formes orales de ces TSN connaissent la plus forte progression (+ 21 % par rapport à 2020), probablement du fait de la multiplication des combinaisons thérapeutiques patch + formes orales. Cette augmentation est moins marquée (+10 %) pour les timbres transdermiques (patchs). Les deux rappels de lots de varénicline (Champix®), en juillet et octobre 2021, ont divisé de moitié les ventes de ce traitement (0,9 % des traitements en 2021)[8].

Si les visites sur le site Tabac-Info-Service ont baissé de 9%, les appels de première intention sur la ligne Tabac Info Service ont augmenté de 14,4 %, tandis que les appels de seconde intention (entretien avec un tabacologue) se sont réduits de 3 % et le téléchargement de l’application de 22 %. Le Mois sans tabac 2021 a rassemblé 10 % de participants en moins (112 931 en 2021, contre 126 690 en 2020), mais le nombre de tentatives d’arrêt du tabac durant cette période, soit environ 1,8 millions de personnes, est estimé au double du nombre d’inscrits en ligne (784 874).

Les tendances observées quant aux ventes, à la consommation et aux tentatives d’arrêt sont donc plutôt encourageants, et montrent qu’une politique volontaire et surtout suivie peut porter ses fruits. Le ralentissement de la baisse de la consommation nécessite toutefois de renforcer les efforts pour être en mesure d’atteindre en 2030 l’objectif d’une génération sans tabac, soit moins de 5% de fumeurs.

Mots-clés : ventes, usages, perception, sevrage, France, OFDT

©Génération Sans Tabac

MF


[1] Douchet MA, Tabagisme et arrêt du tabac en 2021, OFDT, Notes, avril 2021, 20 p.

[2] Les quantités de tabac qu’il est possible de rapporter de l’étranger, depuis le 1er août 2020 : 200 cigarettes ; 250 grammes de tabac à fumer (à rouler ou autre) ; 100 cigarillos ; 50 cigares, ces quantités étant cumulables. Avant cette date, les quantités autorisées étaient quatre fois supérieures.

[3] Degrandmaison E, Tabac de contrefaçon : le marché parallèle explose dans les Pays de la Loire, Ouest France, publié le 30 mars 2022, consulté le 29 avril 2022.

[4] Le commerce illicite mondial de tabac en diminution dans le monde, Génération sans tabac, publié le 9 mars 2022, consulté le 4 mai 2022.

[5] Spilka S., Philippon A., Le Nézet O., Janssen E., Eroukmanoff V., Godeau E. Usages d’alcool, de tabac et de cannabis chez les élèves de 3e en 2021. OFDT, Tendances, n°148, décembre 2021, 4 p.

[6] Spilka S., Le Nézet O., Janssen E., Brissot A., Philippon A., Chyderiotis S. (2019) Drogues : perceptions des produits, des politiques publiques et des usagers. OFDT, Tendances, n°131, avril 2019, 8 p.

[7] Obradovic I. Représentations, motivations et trajectoires d’usage de drogues à l’adolescence. OFDT, Tendances, n°122, décembre 2017, 8 p.

[8] CHAMPIX (varénicline) – Rappel de lots en raison de la présence de l’impureté N-nitrosovarénicline à un taux supérieur à la limite acceptable, ANSM, publié le 1er octobre 2021, consulté le 4 mai 2022.

Comité national contre le tabagisme |

Publié le 4 mai 2022