Trump, soutenu par l’industrie du tabac, veut revenir sur l’interdiction des arômes pour le vapotage
25 septembre 2024
Par: Comité national contre le tabagisme
Dernière mise à jour : 25 septembre 2024
Temps de lecture : 6 minutes
L'ancien président des États-Unis Donald Trump a exprimé son soutien à l’égard du vapotage, promettant de protéger l'industrie à la suite d'une réunion privée avec un important lobbyiste de la Vapor Technology Association. Trump a écrit sur Truth Social, sa plateforme de médias sociaux, qu'il avait « sauvé le vapotage aromatisé en 2019 » et qu'il « sauverait à nouveau le vapotage ! »
Au cours de son premier mandat, l'administration Trump a mis en place une interdiction limitée des e-cigarettes aromatisées. Après avoir promis d'interdire tous les produits de vapotage aromatisés dans les stations-service et les supérettes, Donald Trump a fait marche arrière deux jours plus tard dans un tweet, affirmant que le vapotage pouvait aider les gens à arrêter de fumer[1].
Les « opinions flexibles » de Trump favorisent l’industrie du vapotage
D'anciens fonctionnaires américains et des experts en santé publique affirment que l’industrie du tabac et du vapotage misent sur l'approche chaotique de Trump en matière de santé publique et sur ses opinions flexibles en matière de politique. Se profilent la nouvelle réglementation des e-cigarettes ainsi qu'une interdiction des cigarettes mentholées qui demeurent en cours d’adoption et n’ont pas encore été mises en œuvre par l'administration Biden.
À la suite d’une réunion le 20 septembre dernier avec Tony Abboud, directeur de la Vapor Technology Association, présentée comme la principale association commerciale du vapotage et représentant plus de 100 membres de l'industrie, Donald Trump a fait « l’éloge » du vapotage sur son réseau social.
L'ancien président a déclaré qu'il sauverait les produits de vapotage aromatisés s'il était réélu. « J'ai sauvé les produits de vapotage aromatisés en 2019, et ils ont grandement aidé les gens à arrêter de fumer », a écrit M. Trump vendredi dans un message sur son compte Truth Social. « J'ai relevé l'âge à 21 ans, ce qui a permis de le tenir à l'écart des « jeunes ». Kamala [Harris] et Joe [Biden] veulent tout interdire, tuant les petites entreprises dans tout le pays. Je sauverai encore le vapotage ». Une déclaration qui reprend presque mot à mot celle de M. Abboud, accusant l'administration Biden d'essayer de « fermer les petites entreprises et de priver les adultes qui fument de leurs produits de vapotage aromatisés ». M. Abboud d’ajouter : « Nous sommes heureux que l'ancien président Trump continue à se battre pour les vapoteurs. »
En 2019, Donald Trump avait pourtant annoncé une interdiction générale des vapes aromatisées. Alex Azar, alors ministre de la santé, avait déclaré que l'objectif était de « nettoyer le marché » des e-cigarettes aromatisées, en autorisant la vente de ces produits uniquement après qu'ils aient été officiellement approuvés par les autorités fédérales de réglementation (la FDA). Selon Stephanie Grisham, attachée de presse de M. Trump à l'époque et qui l'a depuis désavoué, Kellyanne Conway, l'une des principales actrices en coulisses de la nouvelle réglementation, n'avait jamais été favorable à une interdiction totale. Le 4 novembre 2019, un jour avant de lancer officiellement la mesure, Donald Trump a renoncé à une interdiction totale des arômes, préférant augmenter l’âge de vente à 21 ans dans l’ensemble du pays. Les conseillers de campagne de Trump lui avaient déconseillé de mettre en place une interdiction totale des arômes estimant qu’elle mettrait en péril sa candidature à la réélection en 2020. La consommation de produits du vapotage était alors populaire parmi ses partisans. À l’époque, la Vapor Technology Association avait dépensé plus de 100 000 dollars en publicité négative contre Donald Trump pour essayer de contrer l’interdiction des arômes pour le vapotage.
Depuis, la Vapor Technology Association a ajusté sa stratégie. Le groupe a retenu les services de Mme. Conway, qui a déjà joué un rôle déterminant dans la réglementation du vapotage. Celle-ci a pour mission, selon les communiqués de presse publiés par le groupe de sonder les candidats sur ce sujet.
Un soutien de taille de l’industrie du tabac
RAI Services Company, une filiale de Reynolds American, le fabricant des cigarettes Newport au menthol, est la plus grande entreprise donatrice du super PAC « Make America Great Again » en soutien à l’actuel candidat Donald Trump. Le cigarettier a donné jusqu'à présent 8,5 millions de dollars au super PAC dans cette campagne. L'entreprise ne semble pas avoir contribué financièrement à des groupes soutenant la vice-présidente Kamala Harris, candidate démocrate à l'élection présidentielle[2].
Brian Ballard, un lobbyiste qui soutient Trump et dont le cabinet représente les intérêts du groupe de tabac Reynolds depuis 2017, a suggéré à l'entreprise de faire ces dons. Les dirigeants de Reynolds ont rencontré Trump à de multiples reprises en 2023 et 2024, notamment lors d'une réunion plus tôt cette année à New York. Lors de cette réunion, ils ont souligné leurs préoccupations concernant une interdiction du menthol. Les dirigeants ont également abordé d'autres sujets avec l'ancien président, en particulier les cigarettes électroniques contrefaites qui, selon eux, affluent de Chine par le port de Los Angeles et réduisent leurs bénéfices.
D'anciens employés et lobbyistes de l'entreprise, ainsi que d'anciens collaborateurs de M. Trump, ont déclaré que Reynolds considérait Trump comme leur meilleur espoir pour parvenir à leurs objectifs, notamment celui de repousser une proposition d'interdiction des cigarettes mentholées, en suspens.
Pourtant, lorsqu'il a été élu pour la première fois en 2016, Donald Trump n'était pas considéré comme un ami de l'industrie, a déclaré un ancien cadre de Reynolds : « Nous connaissions tous son profil : il ne boit pas, ne fume jamais ». L'entreprise a peu contribué à sa campagne, mais avait fait un don pour son investiture, ce qui a permis aux cadres de l’entreprise de participer à un dîner avec le nouveau président. En 2017, Reynolds a également versé 1,5 million de dollars à l'organisation à but non lucratif pro-Trump America First Policies.
Quant à l'administration Biden, elle a retardé la décision finale concernant l’adoption d’une interdiction des cigarettes au menthol après que des conseillers politiques ont averti le président que celle-ci pourrait lui coûter des voix parmi les électeurs afro-américains.
La vice-présidente Kamala Harris avait exprimé dans le passé son soutien à la mesure dans une lettre de 2018 appelant à l'interdiction des cigarettes mentholées. Elle n'a pas fait de déclaration publique récemment indiquant si elle poursuivrait les efforts engagés en vue d'une interdiction si elle était élue présidente.
Crédit photo : ERIK S. LESSER/EPA/MAXPPPAE
[1] Isaac Stanley-Becker and Dan Diamond, Trump vows to ‘save’ vaping after private meeting with vaping lobbyist, The Washington Post, publié le 21 septembre 2024, consulté le 24 septembre 2024
[2] Isaac Stanley-Becker, Dan Diamond and Josh Dawsey, Why Big Tobacco is betting on Trump, The Washington Post, publié le 18 septembre 2024, consulté le 24 septembre 2024
Comité national contre le tabagisme |