L’OMS confirme que les mesures antitabac permettent de protéger davantage de personnes dans le monde

Le nouveau rapport de l’OMS sur l’épidémie mondiale de tabagisme montre que 71 % de la population mondiale bénéficient d’au moins une mesure de protection antitabac, une proportion cinq fois supérieure à celle de 2007. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) met l’accent sur la protection contre l’exposition passive à la fumée de tabac.

Dans un rapport publié le 31 juillet 2023, l’OMS établit pour la neuvième fois un bilan de l’épidémie mondiale de tabagisme[1]. Ce rapport indique que 8,7 millions de personnes meurent chaque année du tabagisme, dont 15 % par tabagisme passif, soit 1,3 millions.

Les mesures de lutte contre le tabagisme préconisées par la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT) ont contribué à réduire la prévalence tabagique globale de 22,8 % en 2007 à 17 % en 2021. Elles ont notamment permis à 300 millions de personnes d’éviter de devenir fumeur[2]. Ces mesures efficaces sont synthétisées dans les six axes du programme MPOWER[3], promu par l’OMS depuis une quinzaine d’années.

Nette progression des mesures antitabac

L’OMS estime que 71 % de la population mondiale est aujourd’hui protégée par au moins une des mesures du programme MPOWER, soit cinq fois plus qu’en 2007. Ce sont à présent 151 pays, contre 44 en 2017, qui affichent au moins une de ces mesures ; toutefois, 44 pays, regroupant 2,3 milliards d’habitants, ne possèdent en revanche aucune mesure de protection des populations contre le tabac.

Seuls quatre pays appliquent entièrement le programme MPOWER, Maurice et les Pays-Bas ayant rejoint le Brésil et la Turquie. Parmi les huit pays à avoir mis en œuvre au moins quatre mesures avec le plus haut niveau d’achèvement, on trouve l’Espagne, l’Ethiopie, l’Iran, l’Irlande, la Jordanie, Madagascar, le Mexique, et la Nouvelle-Zélande. Enfin, 36 pays ont pleinement accompli trois de ces mesures.

Un focus sur les interdictions de fumer

Si 40 % des pays, représentant 2,1 milliards de personnes, bénéficient à présent de lieux publics non-fumeurs, la moitié des pays ne disposent pas encore de lieux de travail et de restaurants non-fumeurs. De même, 53 pays n’ont pas institué leurs établissements de santé comme des lieux entièrement non-fumeurs. L’importante mortalité des non-fumeurs due au tabagisme passif incite ainsi l’OMS à promouvoir la protection de tous contre la fumée du tabac comme l’une des priorités actuelles. En plus de protéger le public contre la fumée du tabac et d’aider à respirer un air plus pur, les interdictions de fumer dans les lieux clos et les espaces publics contribuent également à dénormaliser le tabac, à motiver les fumeurs à arrêter de fumer, et à tenir les jeunes à l’écart du tabac et du vapotage.

Il reste beaucoup à faire en matière de lutte antitabac, mais la mise en œuvre des mesures du programme MPOWER de l’OMS montre qu’il est possible d’agir et de réduire le tabagisme, quel que soit le niveau de revenu des pays. En plus des progrès obtenus en santé publique, ces politiques permettent par ailleurs de réaliser de substantielles économies en termes de coûts de santé, d’environnement et de productivité.

Mots-clés : OMS, CCLAT, MPOWER, mesures antitabac.

MF

[1] WHO, WHO report on the global tobacco epidemic, 2023, Protect people from tobacco smoke, 2023, rapport, 248 p.

[2] Roucaute D, Le tabagisme continue de diminuer, mais la majorité des pays n’impose toujours pas de lieux publics clos totalement non fumeurs, Le Monde, publié le 31 juillet 2023, consulté le 1^er août 2023.

[3] Les six axes de MPOWER : 1- Surveiller la consommation de tabac et les politiques de prévention ; 2- Protéger la population contre la fumée du tabac ; 3- Offrir une aide aux personnes qui veulent renoncer au tabac ; 4- Mettre en garde contre les méfaits du tabagisme ; 5- Faire respecter l’interdiction de la publicité, de la promotion et du parrainage en faveur du tabac ; 6- Augmenter les taxes sur le tabac.