Kenya : la lutte antitabac menacée par les nouveaux produits très addictifs de la nicotine et le tabac aromatisé
9 août 2023
Par: Comité national contre le tabagisme
Dernière mise à jour : 9 août 2023
Temps de lecture : 4 minutes
Une coalition de groupes de santé au Kenya s’inquiète de la commercialisation et consommation massives de nouveaux produits de la nicotine, tels que, en particulier, les sachets de nicotines. La coalition alerte aussi sur la recrudescence de la consommation de pipes à eau et de tabac aromatisé. Ces groupes affirment que ces produits sont activement promus par l’industrie du tabac auprès des jeunes et qu'ils les exposent à des risques d'accoutumance et à des problèmes de santé[1].
Cette mise en garde intervient alors que la consommation de produits du tabac au Kenya est en hausse. Selon l'Organisation mondiale de la santé, les taux de tabagisme au Kenya, surtout chez les jeunes, sont parmi les plus élevés d'Afrique puisque 36 % des jeunes Kenyans consomment du tabac, contre 11 % des adultes.
L’industrie du tabac contourne les interdictions en vigueur au Kenya
British American Tobacco Kenya (BATK), très présent dans le pays, fait pression depuis de nombreuses années auprès du gouvernement pour faciliter la commercialisation de ses sachets de nicotine de la marque LYFT. Ces produits, mis sur le marché en juillet 2019 sont rapidement devenus très populaires auprès des jeunes, suite à leur promotion sur les réseaux sociaux. Le succès rapide de LYFT et sa mise en vente sur le marché illégal ont conduit le gouvernement kenyan à en suspendre la vente en 2020. Cette interdiction a été renversée en 2022 suite à la pression de BATK qui commercialise désormais ses sachets de nicotine sous la marque VELO dans de très nombreux lieux de vente et à des prix attractifs.
La loi kényane de 2007 sur la lutte contre le tabagisme, qui régit tous les produits du tabac et de la nicotine, exige que l'emballage de ces produits comporte des messages d'avertissement en anglais et en kiswahili. Pour les produits sans fumée, la loi indique que ces messages d'avertissement, sous forme de texte ou d'image, doivent occuper au moins 30 % de la couverture avant et 50 % de la couverture arrière du produit, ce qui n’est pas le cas pour les produits VELO qui ne sont pas conformes à cette disposition. BATK affirme que les sachets de nicotine sont sans tabac et que ces dispositions ne s’appliquent donc pas pour ces produits.
Des produits promus comme des alternatives au tabagisme
Selon les groupes de santé, les sachets de nicotine et les cigarettes électroniques sont promus comme étant moins nocifs que les cigarettes traditionnelles et ne possèdent aucun avertissement sanitaire sur les emballages malgré la loi. Ces produits sont commercialisés auprès des jeunes d'une manière très attrayante et trompeuse, notamment à travers la diversité des arômes disponibles et la promotion d’un caractère « stimulant » de la nicotine. Les groupes de santé s’inquiètent également de la disponibilité des produits du tabac aromatisés, notamment pour les chichas, facilitant ainsi l’initiation des jeunes à ces produits.
Les groupes demandent au gouvernement kenyan de prendre des mesures pour s'attaquer au problème, notamment en interdisant la vente de cigarettes électroniques et de tabac aromatisés et aussi en faisant mieux respecter les interdictions de vente des pipes à eau et des sachets de nicotine actuellement en vigueur. Les associations demandent également au gouvernement de renforcer les messages de prévention autour des dangers liés à la consommation de produits du tabac et de la nicotine.
Mots-clés : Kenya, Afrique, nouveaux produits, nicotine, aromes, sachets de nicotine
AE
[1] John Muchangi, Kenya flooded with harmful nicotine products, say groups, The Stars, publié le 2 août 2023, consulté le 7 août 2023