Journée mondiale contre le travail des enfants : une réalité toujours inacceptable dans la culture du tabac

12 juin 2020

Par: chef-projet@dnf.asso.fr

Dernière mise à jour : 12 juin 2020

Temps de lecture : 3 minutes

Journée mondiale contre le travail des enfants : une réalité toujours inacceptable dans la culture du tabac

En 2002, l’Organisation internationale du travail (OIT) lançait la journée mondiale contre le travail des enfants pour que soient régulièrement mises en lumière les violations de leurs droits dans le cadre du travail, violations qui entravent leur bon développement physique et mental ainsi que leur épanouissement. Près de deux décennies plus tard, l’emploi des enfants dans le secteur du tabac n’est pas décevant, il est révoltant.

Emploi des enfants dans le secteur du tabac : au moins 16 pays concernés

Le rapport 2018 du Ministère américain du travail relatif aux marchandises issues du travail d’enfants[1] chiffre à 16 le nombre de pays impliquant les enfants dans le secteur du tabac. Il s’agit pourtant d’une activité économique qui ne devrait pas, au regard de sa dangerosité et de ses conséquences sociales, utiliser la main d’œuvre des mineurs. En effet, les fréquents empoissonnements aux pesticides ou à la nicotine entravent le droit des enfants à la meilleure santé possible. En outre, les droits à l’éducation et aux loisirs sont compromis dès lors que les enfants s’épuisent à la tâche dans les plantations, en prêtant main forte à leur famille surendettée[2]. Le chiffre 16 est cependant à prendre avec précaution et à considérer comme une sous-estimation du nombre réel de pays hébergeant cette pratique aux lourdes conséquences sanitaires et sociales. En effet, bien que les Etats-Unis emploient aujourd’hui des enfants âgés de seulement 12 ans dans ce secteur agricole, le pays n’est cependant pas listé parmi les 16 pays de ce rapport[3].

L’industrie du tabac : entre discours et intérêt financier

Au sujet de l’emploi d’enfants dans les plantations de tabac, les grandes compagnies du tabac affirment mettre tout en œuvre pour en finir avec l’exploitation des enfants et soutenir leur maintien dans le système scolaire. Or dans les faits, entre 2000 et 2013, si le taux d’employabilité des enfants dans les plantations de tabac a bien diminué en Turquie, aux Etats-Unis, ainsi qu’au Brésil, il a augmenté en Inde et au Zimbabwe[4]. A première vue, l’exploitation des enfants semble donc s’aggraver en proportion de l’expansion des cultures du tabac sur les continents asiatique et africain. La réalité n’est pas décevante, elle est révoltante. L’exploitation des enfants dans le secteur du tabac est le produit d’une impasse créée par l’industrie du tabac elle-même. Ainsi, elle ne cessera pas tant que les multinationales continueront de rémunérer les cultivateurs avec des pacotilles, en payant les feuilles de tabac à des prix tellement bas que les gains obtenus ne permettent ni de survivre, ni d’investir dans les prochaines cultures pendant que les dettes continuent de s’accumuler d’années en années. L’exploitation des enfants perdurera aussi longtemps que le monde du tabac continuera à tuer à petit feu les consommateurs de ses produits dans le seul objectif de réaliser toujours plus de bénéfices.

©Génération Sans Tabac


[1] https://www.dol.gov/sites/dolgov/files/ILAB/ListofGoods.pdf

[2] https://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---ed_dialogue/---sector/documents/meetingdocument/wcms_709808.pdf

[3] https://www.unfairtobacco.org/en/child-labour-in-tobacco-growing/

[4] https://www.hrw.org/news/2018/06/27/how-we-can-fight-child-labour-tobacco-industry

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