L’impact sur le cerveau des cigarettes électroniques pourrait être similaire à celui des cigarettes classiques
11 juin 2021
Par: Comité national contre le tabagisme
Dernière mise à jour : 11 juin 2021
Temps de lecture : 5 minutes
Plusieurs études indiquent que les effets sur le cerveau d’une exposition à la nicotine sont également présents avec les cigarettes électroniques, notamment chez les adolescents et à cause de concentrations en nicotine plus élevées.
Le succès des cigarettes électroniques a suscité de nombreuses recherches pour évaluer leur toxicité. Si les données s’accumulent sur l’impact du vapotage sur les appareils respiratoire et cardiovasculaire, plusieurs recherches montrent qu’il a aussi des conséquences sur le fonctionnement du cerveau, en particulier chez les adolescents [1].
Un possible impact neurologique
Ces études montrent non seulement que les effets de la nicotine délivrée par la cigarette électroniques sont semblables à ceux des cigarettes fumées, mais elles pointent aussi les particularités des cigarettes électroniques, à savoir leur système de délivrance de la nicotine et les arômes chimiques qui leur sont associés.
Comme c’est le cas avec la fumée de cigarette, la nicotine contenue dans la vapeur des cigarettes électroniques parvient à franchir la barrière qui protège habituellement le cerveau de toute toxine provenant de l’extérieur. Les cellules endothéliales des micro-vaisseaux sanguins qui composent cette barrière sont très sensibles aux variations chimiques de l’environnement cérébral ; leur altération pourrait entraîner un déclin cognitif et des dysfonctionnements microvasculaires. Ces conséquences bien connues du tabagisme à long terme se retrouvent de façon très similaire avec la nicotine issue des cigarettes électroniques [2].
Cet impact sur les fonctions cognitives et sur la mémoire est aussi mis en évidence par une étude sur modèle animal, chez des souris exposées durant la gestation à la vapeur de cigarette électronique [3]. Ces données expérimentales chez l’animal suggère de potentielles conséquences du vapotage sur le fœtus humain ainsi que sur le développement neurologique des adolescents, dont le cerveau est encore en pleine formation [4].
Une autre étude montre que la vapeur des cigarettes électroniques produit sur les cellules souches des neurones une réponse de stress, qui pourrait à terme influer sur le développement cérébral [5].
Des effets particuliers de l’exposition à la nicotine chez les adolescents
Les conséquences de l’exposition du cerveau à la nicotine sont particulièrement sensibles dans le développement neurologique des adolescents [6], ce qui pose non seulement la question de l’accès aux cigarettes électroniques pour cette population, mais aussi celle de la concentration de nicotine dans la vapeur inhalée. La tendance actuelle est en effet à la hausse des concentrations de nicotine, notamment dans les cigarettes électroniques pré-remplies de type Juul, ce qui laisse supposer une amplification à terme de ces dommages neurologiques. Les composants chimiques des arômes présents dans les e-liquides sont aussi suspectés d’interférer au niveau microvasculaire avec les mécanismes d’auto-régulation du cerveau [7], ce qui suggère une potentielle nocivité des cigarettes électroniques sur le cerveau, au-delà de l’action propre de la nicotine.
Si toutes ces données méritent d’être pleinement validées par d’autres études, ces résultats soulignent les répercussions cardiovasculaires du vapotage et leur impact sur le cerveau et permettent déjà d’affirmer que « les cigarettes électroniques ne peuvent pas être considérés comme des produits sûrs au niveau cardiovasculaire » [8]. Elles incitent aussi à adopter la plus grande prudence vis-à-vis des études financées par l’industrie du tabac, qui s’ingénient de son côté à vouloir démontrer l’innocuité des produits de vapotage.
Mots-clés : vapotage, cigarette électronique, arômes, nicotine, adolescents, cerveau
©Génération Sans Tabac[1] Silva G, Accumulating Evidence Suggests E-Cigarettes Are Likely As Harmful To The Brain As Regular Smoking, Forbes. Publié le 6 juin 2021, consulté le 9 juin 2021. [2] Kuntic M. et al., Short-term e-cigarette vapour exposure causes vascular oxidative stress and dysfunction: evidence for a close connection to brain damage and a key role of the phagocytic NADPH oxidase (NOX-2). Eur Heart J. 2020 Jul 7; 41(26): 2472–2483. [3] Church JS, Chace-Donahue F, Blum JL, Ratner JR, Zelikoff JT, Schwartzer JJ. Neuroinflammatory and behavioral outcomes measured in adult offspring of mice exposed prenatally to e-cigarette aerosols. Environ Health Perspect. 2020;128(4):47006. [4] Tobore TO, On the potential harmful effects of E-Cigarettes (EC) on the developing brain: The relationship between vaping-induced oxidative stress and adolescent/young adults social maladjustment. J Adolesc. 2019 Oct;76:202-209. [5] Zahedi A, Phandthong R, Chaili A, Leung S, Omaiye E, Talbot P, Mitochondrial Stress Response in Neural Stem Cells Exposed to Electronic Cigarettes. iScience. 2019 Jun 28;16:250-269. [6] Yuan M, Cross S, Loughlin S, Leslie F, Nicotine and the adolescent brain. J Physiol 593.16 (2015) pp 3397–3412. [7] Génération Sans Tabac, Toxicité des composés qui se forment dans les e-liquides ? Publié le 25 novembre 2020, consulté le 9 juin 2021. [8] Skotsimara G, Antonopoulos AS, Oikonomou E, Siasos G, Ioakeimidis N, Tsalamandris S, Charalambous G, Galiatsatos N, Vlachopoulos C, Tousoulis D., Cardiovascular effects of electronic cigarettes: A systematic review and meta-analysis. Eur J Prev Cardiol 2019;26:1219–1228. Comité National Contre le Tabagisme |