Cigarettes électronique et tabac chauffé dans les pays en développement : l’Union Internationale Contre la Tuberculose se positionne

29 mai 2020

Par: communication@cnct.fr

Dernière mise à jour : 29 mai 2020

Temps de lecture : 5 minutes

Cigarettes électronique et tabac chauffé dans les pays en développement : l’Union Internationale Contre la Tuberculose se positionne
Dans une déclaration publique, l’Union Internationale Contre la Tuberculose et les Maladies Respiratoires appelle à l’interdiction de la vente de produits du tabac chauffé et de cigarettes électroniques dans les pays à moyens et faibles niveaux de revenus, dans l’objectif de lutter contre l’épidémie tabagique. Cette déclaration rejoint celle de l’Organisation Mondiale de la Santé de 2019, soulignant qu’il n’existe « pas suffisamment de preuves de source indépendante permettant de recommander l’utilisation des [cigarettes électroniques] comme méthode de sevrage tabagique à grande échelle pour aider les fumeurs à renoncer au tabac », arguant par ailleurs que ces produits sont « sans aucun doute nocifs ». Pour étayer sa prise de position, l’Union avance dix arguments tendant à démontrer l’importance de légiférer dans les pays à moyens et faibles niveaux de revenus.
  1. L’industrie du tabac vise les jeunes
Les études montrent une augmentation épidémique de l’utilisation de cigarettes électroniques chez les jeunes dans de nombreux pays à haut risque, exposant cette population à un risque de dépendance à vie à la nicotine. Ces nouveaux produits, de plus en plus contrôlés par l’industrie du tabac, ciblent les jeunes à travers des campagnes de publicités sur les réseaux sociaux, le parrainage d’événements, ou des arômes fruités et sucrés. Le ciblage des jeunes par l’industrie du tabac est d’ailleurs le thème de la Journée Mondiale Sans Tabac du 31 mai 2020.
  1. Le passage de la cigarette électronique au tabac chez les jeunes
Un risque de transfert de consommation ne doit pas être sous-évalué. Les jeunes consommateurs de cigarettes électroniques qui n’ont jamais fumé auparavant et qui semblent présenter peu de risques de commencer à fumer ultérieurement sont deux à quatre fois plus susceptibles de fumer des cigarettes traditionnelles dans leur existence.
  1. Les preuves insuffisantes de la réduction des effets nocifs chez les fumeurs
Les cigarettes électroniques, lorsqu’elles ne sont pas seulement utilisées comme instrument de sevrage, présentent des risques a moyen et à long terme pour la santé. Il n’existe aucune étude indépendante pour démontrer la moindre dangerosité du tabac chauffé.
  1. Le résultat net négatif en matière de santé publique
Les bénéfices attendus des nouveaux produits en termes de santé publique, très incertains, seront inférieurs aux dégâts sanitaires provoqués par leur consommation.
  1. Les faiblesses en matière d’application de la réglementation seront exploitées
Les pays à moyens et faibles niveaux de revenus rencontrent déjà des difficultés dans la mise en place et la bonne application des réglementations sur les produits du tabac traditionnels. Les nouveaux produits du tabac, en permanente mutation, seront ainsi plus difficiles à contrôler. Cette situation est d’autant plus problématique que l’industrie du tabac profite systématiquement des faiblesses réglementaires pour faire avancer ses intérêts financiers, et bloquer, retarder, ou contourner les mesures de santé publique.
  1. Les nouveaux produits détournent des mesures essentielles à adopter et appliquer
La lutte antitabac doit se fonder sur un socle solide de preuves, et la mise en place rigoureuse de politiques cohérentes et éprouvées. Les nouveaux produits du tabac, incertains, ne doivent pas ruiner des années d’efforts entrepris en santé publique.
  1. Les nouveaux produits vont mobiliser des ressources qui nécessiteraient d’être affectées à la lutte antitabac.
La mise en place de cadres réglementaires nécessite la mobilisation de nouvelles ressources, qui manquent déjà cruellement à la lutte antitabac.
  1. Les nouveaux produits facilitent l’ingérence de l’industrie du tabac
L’industrie du tabac cherche à redorer son image à travers ses nouveaux produits présentés comme moins nocifs. Par ce moyen, les cigarettiers se posent comme un interlocuteur légitime sur les questions de santé publique, afin d’interférer dans les processus de réglementation.
  1. Il faut bien distinguer le contexte des pays à moyens et faibles niveaux de revenus du contexte du Royaume-Uni
La situation du Royaume Uni n’est pas transposable, en particulier pour les pays à moyens et faibles revenus. La faiblesse des moyens réglementaires et financiers propres à ces pays et la situation distincte de développement de l’épidémie tabagique nécessitent que ces pays restent focalisés sur la mise en œuvre intégrale des mesures de la CCLAT et en particulier du programme MPOWER de l’OMS.
  1. La sécurité avant tout
Les praticiens et décideurs en matière de santé publique doivent suivre le principe de précaution ainsi qu’une approche fondée sur des données probantes dans la définition des politiques publiques. Ces concepts fondamentaux de santé publique appellent des mesures préventives lorsque la science ne peut tirer de conclusions. ©Génération Sans Tabac
©Comité National Contre le Tabagisme |

Ces actualités peuvent aussi vous intéresser