Fin octobre, l’Institut national de santé publique du Québec a publié les résultats de l’Enquête québécoise sur le tabac et les produits de vapotage 2020[1]. Les principales conclusions de l’étude sont que le vapotage est beaucoup plus répandu chez les adolescents que chez les personnes plus âgées puisque 18% des 15 – 17 ans ont déclaré vapoter régulièrement contre 2,4% des 35 – 64 ans. Leur consommation porte sur des produits à forte concentration de nicotine.
Cette étude a été menée auprès de 13 355 québécois âgés de 15 ans et plus. Il s’agit de la première enquête transversale québécoise portant sur les produits de vapotage, une deuxième édition étant prévue en 2023. Les objectifs de cette étude étaient de décrire l’usage des produits de vapotage et les comportements qui y sont associés, de même que les perceptions des Québécois de 15 ans plus à l’égard de la consommation de ces produits en 2020.
Un engouement pour les produits de vapotage chez les adolescents
Selon les résultats de l’enquête, la prévalence moyenne du vapotage au cours des 30 jours précédents est de 4,1 % chez l’ensemble des Québécois de 15 ans et plus, plus élevée chez les hommes (4,7%) que chez les femmes (3,5%). Cette prévalence est considérablement plus élevée chez les adolescents de âgés de 15 à 17 ans (18 %) et les jeunes adultes de 18-24 ans (15 %) que chez les adultes de 25-34 ans (5 %) et ceux de 35-64 ans (2 %).
Selon les auteurs de cette étude, plusieurs autres enquêtes ont déjà démontré, à plusieurs reprises, que la prévalence du vapotage est plus élevée chez les adolescents et les jeunes adultes que chez la population plus âgée. À titre d’exemple, selon les données de l’Enquête canadienne sur le tabac, l’alcool et les drogues chez les élèves (ECTADÉ), la prévalence du vapotage chez les lycéens était passée de 8% à 17% entre 2015 et 2019 au Québec et de 6% à 18% dans le reste du Canada au cours de la même période.
La prévalence tabagique au Québec poursuit sa diminution. Chez les lycéens, la prévalence de l’usage de la cigarette est passée de 30% en 1998 à 4% en 2019. En termes d’usage duel, 21% des 15 – 24 ans consomment régulièrement du tabac et des produits du vapotage contre 8% parmi les personnes âgées de 25 ans et plus.
Les adolescents consomment des produits du vapotage à fort taux de nicotine
L’étude révèle que les adolescents et les jeunes adultes (15 à 24 ans) utilisent en plus grande proportion que leurs aînés des produits de vapotage dont la nicotine dépasse 20 mg/ml (soit une concentration à 2%). Plus de 8 adolescents consommateurs sur 10 (82,2%) utilisent des cigarettes électroniques contenant plus de 2% de nicotine, ils sont 55% chez les jeunes adultes de 18 à 24 ans, 32% chez les 25 – 34 ans et 21% chez les 35 ans et plus. Les auteurs alertent sur le fait que cela pourrait entraîner plus rapidement une dépendance chez les jeunes plus sensibles aux effets de la nicotine sur leur cerveau.
Cette consommation peut s’expliquer par le fait que les adolescents (15 – 17 ans) et jeunes adultes (18 – 24 ans) privilégient l’utilisation des cigarettes électroniques avec cartouches jetables préremplies. Ils sont 61 % et 54 % respectivement à utiliser ce type de produit (de type JUUL qui contient des concentrations très élevées de nicotine, jusqu’à 60 mg/ml), alors que les consommateurs des tranches d’âge 25-34 ans et 35-64 ans utilisent un appareil comprenant un réservoir à remplir de liquide (58 % et 77 % respectivement).
Le gouvernement canadien a adopté en juillet 2021 un règlement interdisant dorénavant la vente de produits de vapotage dont la concentration de nicotine est supérieure à 20 mg/ml, comme c’est le cas actuellement en Union Européenne.
Trois quarts des jeunes ne se considèrent pas comme dépendants mais se déclarent conscients des risques du vapotage
Près des deux tiers des vapoteurs (66 %) se perçoivent comme peu ou pas du tout dépendants aux produits de vapotage, parmi lesquels une plus forte proportion chez les 15-24 ans (75 %).
Environ 60% des jeunes de 15 à 24 ans considèrent que la consommation régulière des produits de vapotage avec nicotine pose un risque élevé pour la santé. Quant aux 35 ans et plus, ils sont plus de 80% à considérer que la consommation régulière de vapotage pose un risque sur la santé. Les femmes sont globalement plus susceptibles de penser que les produits du vapotage posent un risque pour la santé que les hommes (80% v/ 71%).
Les amis ou la famille, principale source d’approvisionnement pour les mineurs
Selon les résultats, l’âge du consommateur influence de manière considérable la source d’approvisionnement en produits de vapotage. 7 consommateurs sur 10 de plus de 35 ans s’approvisionnent principalement dans les boutiques spécialisées, c’est le cas de 28 % des 15-17 ans. Ces derniers se procurent également leurs produits auprès de leurs amis et de la famille (47 %). Il existe une interdiction de vente de produits du tabac et de vapotage aux mineurs incluse dans la Loi québécoise concernant la lutte contre le tabagisme (Gouvernement du Québec, 2015). Son application pour les produits du vapotage aurait donc avantage à être renforcée selon les auteurs.
Mots-clés : Québec, Canada, vapotage, cigarettes électroniques, adolescents, jeunes, nicotine
AE
[1] Rapport, Le vapotage chez les Québécois : données de l’Enquête québécoise sur le tabac et les produits de vapotage 2020, Institut national de santé publique du Québec, octobre 2022, consulté le 3 novembre 2022
