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Le désastre environnemental des cigarettes électroniques jetables

Une enquête menée par l’organisation Material Focus[1], spécialisée dans le recyclage des produits électriques, et publiée dans le Financial Times[2] montre l’ampleur du coût environnemental des cigarettes électroniques jetables de type puff au Royaume-Uni. Rien que dans le pays, 138 millions de puffs ont été vendues en 2022, soit assez de cuivre pour fabriquer 2 500 batteries de véhicules électriques et 370 000 chargeurs pour ces véhicules.

Les puffs jetées dans les déchets ménagers ont des impacts environnementaux de grande ampleur, notamment en raison de la toxicité du liquide contenu dans ces dernières et de la perte de métaux précieux tels que le lithium et le cuivre.

Les gouvernements écossais et irlandais envisagent d’interdire totalement les puffs, tandis que la réglementation européenne qui doit être adoptée cette année rendra obligatoire l’utilisation de piles remplaçables ou rechargeables dans tous les produits de consommation d’ici à 2027.

Les puffs conduisent à des pertes massives de matières premières

Pour Scott Butler, directeur exécutif de Material Focus, les puffs représentent une quadruple menace pour l’environnement : perte de matières premières essentielles, pollution en lien avec les matières plastiques, toxicité du produit stricto sensu et risque d’incendie.

Les matériaux contenus dans les vapes à usage unique pourraient avoir une seconde vie, précieuse, s’ils étaient recyclés correctement. Chaque appareil contient environ 0,15 g de lithium dans sa batterie, un métal classé comme matière première « critique » par les États-Unis et l’Union européenne. L’Agence internationale de l’énergie a averti qu’il pourrait y avoir pénurie de lithium d’ici deux ans en raison de l’augmentation de la production de voitures électriques.

Plus de 90 tonnes de lithium ont été utilisées dans la production des millions de cigarettes électroniques jetables vendues dans le monde l’année dernière, selon les estimations du Financial Times basées sur les données du groupe de recherche Euromonitor, de la société de conseil ECigIntelligence et de Material Focus. Cela équivaut à une quantité de lithium suffisante pour alimenter plus de 11 000 batteries de véhicules électriques. Les batteries de ces cigarettes électroniques contenaient également environ 1 160 tonnes de cuivre, soit assez pour alimenter 1,6 million de chargeurs de véhicules électriques.

En 2022, Material Focus avait mené une étude conjointement avec le Bureau of Investigative Journalism qui a révélé que 1,3 million de cigarettes électroniques jetables sont jetées chaque semaine dans les déchets ménagers[3]. Ces batteries pourraient être rechargées au moins 300 fois si les puffs étaient équipées d’un port de charge.

Les dispositifs de vapotage jetés en décharge présentent également un risque d’incendie : plus de 700 incendies sont causés chaque année par l’élimination incorrecte d’appareils électriques contenant des piles, selon Material Focus.

Des produits difficilement recyclables et très peu recyclés

La plupart des puffs contiennent des diodes électroluminescentes qui s’allument lorsque l’utilisateur tire dessus. Il est peu probable qu’elles soient récupérées lors du processus de recyclage.

Selon Peter Moody, directeur général de Gap Group, une entreprise de recyclage, le recyclage des cigarettes électroniques jetables est « très exigeant en termes de main-d’œuvre ». Chaque produit doit être démonté à la main en raison des piles inflammables, et le liquide de nicotine nécessite des considérations supplémentaires en matière de santé et de sécurité.

Un programme de recyclage mis en place par le fabricant de vape jetable Riot Labs dans 800 boutiques de vapotage au Royaume-Uni a enregistré un taux de reprise inférieur à 1 %.

La majorité des fabricants de vapotage ne respectent pas la réglementation environnementale

Les entreprises doivent s’enregistrer en tant que producteur chaque année, en fonction de la quantité d’appareils électriques qu’elles vendent. Pour une quantité d’appareils électroniques inférieure à 5 tonnes par an, les entreprises doivent s’enregistrer auprès de leur autorité de régulation environnementale en tant que petit producteur. Pour les entreprises dépassant les 5 tonnes, celles-ci doivent payer un organisme (Producer Compliance Scheme – PCS) en charge des obligations incombant aux entreprises en matière de financement de la collecte, du traitement, de la valorisation et de l’élimination des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE).

Au Royaume-Uni, seules 16 des 150 plus grandes marques de vapotage se sont enregistrées pour se conformer aux réglementations environnementales relatives à la responsabilité des producteurs en matière de déchets électriques, de piles portables et d’emballages. Pourtant, tous étaient membres d’une association professionnelle de l’industrie de la vape et avaient enregistré leurs produits auprès de la Medicines & Healthcare products Regulatory Agency (MHRA). De plus, les grands producteurs et importateurs de produits du vapotage (Comme ElfBar, très populaire au Royaume-Uni), qui ne se sont enregistrés que récemment, ne couvrent pas les coûts réels de la collecte et du recyclage.

Mots-clés : cigarettes électroniques jetables, puff, recyclage, environnement, batterie, lithium, déchets

©Génération Sans Tabac

AE


[1] Communiqué de presse, Over 90% of vape and vape juice producers in the UK are failing to meet environmental regulations, Material Focus, publié le 7 mars 2023, consulté le 9 mars 2023

[2] Oliver Barnes and Alexandra Heal, The environmental cost of single-use vapes, Financial Times, publié le 7 mars 2023, consulté le 9 mars 2023

[3] Génération sans tabac, Une majorité des cigarettes électroniques jetables ne sont pas recyclées et finissent dans les décharges, publié le 19 juillet 2022, consulté le 9 mars 2023

Comité national contre le tabagisme |

Publié le 15 mars 2023