Actualités

tabagisme-hausse-france

Interruption de la baisse du tabagisme, en particulier chez les femmes et les plus précaires

Après une baisse importante du tabagisme en France entre 2014 et 2019, à la suite de l’adoption de nombreuses mesures antitabac efficaces, la prévalence des 18-75 ans s’est stabilisée en 2020 et 2021 pour la consommation quotidienne mais la prévalence générale incluant les fumeurs occasionnels a augmenté en 2021.  Ainsi en 2021, en France métropolitaine, plus de 3 personnes sur 10 âgées de 18 à 75 ans déclaraient fumer (31,9% contre 30,4% en 2019) et un quart d’entre elles étaient des fumeurs quotidiens (25,3 %). Cette hausse concerne plus particulièrement les populations les plus précaires et les femmes[1].

Les données proviennent du Baromètre santé 2021 de Santé publique France (SPF)[2], une enquête téléphonique sur un échantillon représentatif de la population selon une méthodologie d’échantillon aléatoire de la population française âgée de 18 à 75 ans, réalisée entre février et décembre 2021, auprès de 24 514 individus résidant en France métropolitaine, et de 6 519 individus résidant en Outre-mer.

Une hausse conséquente de tabagisme féminin

Selon les résultats, en 2021, 31,9% des personnes âgées de 18 à 75 ans ont déclaré fumer du tabac : 34,7% des hommes et 29,2% des femmes. La prévalence du tabagisme quotidien s’élevait quant à elle à 25,3%, soit 27,8% parmi les hommes et 23% parmi les femmes. Elles étaient 20,7% à fumer quotidiennement en 2019 soit plus d’un million de fumeuses en plus en 2021 par rapport à 2019. Il s’agit selon SPF de femmes qui n’ont jamais fumé auparavant, ou d’un retour à la cigarette après un arrêt. Au total, on dénombre 15 millions de fumeurs en France dont 12 millions de fumeurs quotidiens.

Les inégalités territoriales restent également marquées puisque le tabagisme quotidien variait de 21,7% à 29,1% selon les régions de France métropolitaine. Seules deux régions ont une prévalence moins élevée que la moyenne nationale (Île-de-France et Pays de la Loire avec 22,4%) alors que l’Occitanie (28,5%) et Provence-Alpes-Côte d’Azur (29,1%) ont une prévalence plus élevée.

Le tabagisme reste un marqueur social

La prévalence du tabagisme quotidien reste en 2021 nettement plus élevée chez les personnes ayant un niveau de diplôme plus faible : 32% des personnes n’ayant aucun diplôme ou un diplôme inférieur au baccalauréat ont déclaré fumer quotidiennement contre 17,1% des titulaires d’un diplôme supérieur au baccalauréat. Ils étaient 29% et 17,7% en 2019

On retrouve un schéma similaire concernant les revenus : 32,3% des personnes dont le revenu correspondait au tercile le plus bas ont déclaré fumer quotidiennement (29,8% en 2019) contre 17% pour le tercile le plus élevé (18,2% en 2019). Parmi les personnes au chômage,  45,7% (39,9% en 2019) ont déclaré fumer quotidiennement contre 26,6% des actifs occupés (25,3% en 2019).

Un désengagement politique et la crise sanitaire à l’origine de la hausse 

Santé publique France explique cette hausse du tabagisme, en particulier chez certains groupes de populations, par un contexte de crise sociale depuis fin 2018 en France, accentué par la crise du Covid19 depuis 2020. Cette crise a entraîné des conséquences psychologiques, économiques et sociales importantes davantage marquées parmi les femmes et les populations défavorisées.

L’agence précise ainsi que les femmes ont « connu une dégradation de leurs conditions de travail, et pour les femmes télétravaillant, une présence plus fréquente des enfants dans la même pièce. La charge mentale a ainsi pu augmenter pour les femmes, en particulier pendant les confinements, avec une gestion du quotidien et de la famille accentuée ».

La santé mentale de la population s’est également dégradée pendant la crise. L’enquête Coviprev (vague de fin 2021) a montré qu’un tiers de la population souffrait d’un état anxieux ou dépressif et la cigarette peut être perçue, pour ces personnes, comme un outil pour soulager le stress. Si la majorité des fumeurs n’a pas modifié sa consommation de tabac pendant les confinements, ils sont 27% à l’avoir augmenté, contre 19% qui l’ont réduite.

La pandémie a également eu un impact sur les politiques de lutte antitabac en France qui se sont affaiblies pendant la période. Les campagnes de prévention ont reçu un écho moins important dans les médias en raison de la communication principalement ciblée sur le covid. De plus, aussi bien en France que dans les autres pays, les efforts des gouvernements et pouvoirs publics pour limiter l’influence de l’industrie du tabac se sont affaiblis pendant la pandémie.

Selon l’indice d’interférence de l’industrie du tabac, publié fin 2021[3], aucun pays n’a été épargné par l’ingérence de l’industrie du tabac qui a intensifié son lobby, en particulier pour promouvoir ses nouveaux produits à base de nicotine, notamment le tabac chauffé et fait pression pour bénéficier de réglementations favorables à ses intérêts.

Mots-clés : Santé publique France, BEH, prévalence, hausse tabagisme, politiques antitabac, covid, femmes, précarité, marqueur social

©Génération Sans Tabac

AE


[1] Pauline Verge, Tabac : en 2021, les Français ont arrêté d’arrêter de fumer, les Echos, publié le 13 décembre 2022, consulté le jour même

[2] Communiqué de presse, L’interruption de la baisse de la prévalence du tabagisme se confirme en 2021, Santé publique France, publié le 13 décembre 2022, consulté le jour même

[3] Génération sans tabac, L’industrie du tabac a intensifié ses efforts d’influence pendant la pandémie de Covid19, publié le 4 novembre 2021, consulté le 13 décembre 2022

Comité national contre le tabagisme |

Publié le 13 décembre 2022