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Arrêt du tabac : il faudrait accompagner davantage les classes sociales défavorisées

Entre 2016 et mai 2019, le nombre de fumeurs quotidiens a baissé de 1,6 millions de personnes. Si ces chiffres sont encourageants, on note néanmoins des inégalités : les classes sociales défavorisées fument en effet davantage. Fabienne El Khoury, chercheuse postdoctorale à l’INSERM au sein de l’équipe de recherche en épidémiologie sociale, nous éclaire sur la politique de prévention à adopter.

Des chiffres qui interpellent

En 2019, le baromètre santé indiquait que :
– 19,4 % des Français ayant au moins le bac fumaient,
– 28,2 % des Français non-diplômées fumaient.
L’écart entre ces deux populations est donc considérable

Un tabagisme plus élevé et plus précoce

Selon Fabienne El Khoury, cette disparité existe depuis le début des années 2000. Plusieurs facteurs pourraient expliquer le fait que les classes sociales défavorisées fument davantage que les classes plus aisées.
Tout d’abord, le tabagisme débuterait bien plus tôt chez les populations défavorisées. Là encore, les chiffres sont éloquents :
– 25 % des Français fument à 17 ans,
– parmi eux, 57 % sont sortis du système scolaire et 22 % sont encore scolarisés.
Les jeunes défavorisés paraissent aussi moins avertis et donc moins conscients des dangers du tabagisme. Et la consommation de cannabis, plus importante que dans les classes favorisées, augmente, elle aussi, la consommation potentielle de tabac.

Des politiques à adapter

On constate donc une nouvelle fois que nous ne sommes pas tous égaux face au tabac. Aussi des politiques de prévention spécifiques, complémentaires à celles de prévention générale, sont-elles à envisager. Fabienne El Khoury indique qu’une des solutions pourrait être la distribution gratuite de substituts nicotiniques aux adultes défavorisés. De même, ces dernières ne sont pas nécessairement au courant du fait que les substituts nicotiniques peuvent être remboursés par la Sécurité sociale.
La mission d’information est donc ici fondamentale. L’Institut du cancer (INCA) l’a bien compris et prend désormais en compte la lutte contre les inégalités sociales dans son plan de financement des recherches de prévention.

©Génération Sans Tabac


Jean-Loup Delmas, « Prévention du tabagisme : « Il est temps d’aider spécifiquement les populations défavorisées »,
www.20minutes.fr, 28 mai 2019

https://www.20minutes.fr/societe/2527995-20190528-prevention-tabagisme-temps-aider-specifiquement-populations-defavorisees

Basé sur un entretien avec Fabienne El Khoury

 ©DNF – Pour un Monde ZeroTabac |

Publié le 19 juin 2020