Singapour : la lutte contre le vapotage s’intensifie
22 November 2024
Par: National Committee Against Smoking
Dernière mise à jour: 22 November 2024
Temps de lecture: 4 minutes
Singapour intensifie les actions contre le vapotage, une pratique illégale dans le pays depuis 2018. Selon les autorités sanitaires, près de 6 000 annonces en ligne proposant des produits de vapotage ont été supprimées durant les neuf premiers mois de l’année, soit le double du total enregistré pour l’ensemble de l’année 2023. Cette augmentation reflète à la fois une augmentation des contrôles et une hausse des infractions[1].
Depuis 2018, Singapour a renforcé son cadre légal en interdisant non seulement la vente et l’importation, mais aussi l’usage et la possession des cigarettes électroniques. Ces infractions exposent les contrevenants à des amendes allant jusqu’à 10 000 $S (6 800 €) et six mois de prison, des peines doublées pour les cas d’importation illégale.
Cependant, en 2024, les chiffres restent élevés : 9 680 personnes ont été sanctionnées pour usage de vapes au cours des neuf premiers mois de l’année, dépassant déjà les 7 838 cas recensés l’année précédente. Parmi elles, 743 étudiants ont été identifiés et signalés par leurs établissements scolaires, soulignant l’ampleur croissante du phénomène parmi les jeunes.
Un phénomène qui attire toujours plus de jeunes
L’attrait du vapotage reste fort parmi les jeunes Singapouriens. Les raisons évoquées incluent l’absence d’odeur persistante, les arômes séduisants, et un coût inférieur à celui des cigarettes, ces produits échappant souvent aux taxes. De plus, les réseaux sociaux contribuent à populariser ces produits. Une enquête menée en 2024 par Milieu Insight montre que 5,5 % des répondants utilisaient des vapes, un chiffre en hausse par rapport à 3,9 % en 2021.
Pour contrer cette tendance, le ministère de la Santé de Singapour a travaillé en collaboration avec des plateformes numériques pour retirer les publicités et les annonces illégales. Toutefois, le ministre de la Santé Ong Ye Kung met en garde contre une industrie du vapotage qui cible délibérément les jeunes, présentant ces produits comme une alternative « branchée » et au goût agréable, tout en dissimulant leurs dangers.
Selon le ministre de la santé, le vapotage reste perçu, à tort, comme une option « moins nocive » que la cigarette. Pourtant, des études et des alertes de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), rappellent que les produits du vapotage ne sont pas des produits anodins et que ses effets à long terme ne peuvent être encore pleinement appréhendés.
Des initiatives locales pour sensibiliser
Face à cette montée des usages, quatre associations professionnelles regroupant des propriétaires de cafés, d'épiceries et de petits commerces ont lancé une campagne anti-vapotage en mars 2024. Des affiches et des autocollants ont été placés dans les points de vente pour rappeler les dangers du vapotage et l’interdiction en vigueur. Cette campagne s’adresse également aux jeunes par le biais des réseaux sociaux, notamment via une page Instagram dédiée : @stop_illegalvaping_sg.
Un défi persistant malgré des avancées
Malgré ces efforts, les défis restent nombreux. La comparaison avec d’autres pays montre une situation contrastée : alors que Singapour maintient une interdiction totale, le Royaume-Uni à l’opposé incite les fumeurs à adopter le vapotage comme outil de sevrage tabagique. Le cas du Royaume Uni est à part et la législation restrictive concernant les produits du vapotage actuellement en discussion dans le pays souligne que le pays reconsidère profondément son approche. Cependant ces situations contrastées indiquent que les pays ont adopté des réglementations très diversifiées pour ces produits et cecialimente un débat parmi les consommateurs, certains plaidant pour une réglementation plutôt qu’une prohibition totale.
Mais des experts, comme le Dr Lambert Low de l’Institute of Mental Health, soulignent qu’autoriser un produit nocif serait irréversible. À long terme, renforcer les actions de prévention et améliorer la sensibilisation auprès des jeunes et des parents seront essentiels pour réduire durablement l’attrait de ces produits.
RK
[1] https://www.straitstimes.com/singapore/politics/6000-online-vape-listings-removed-in-first-nine-months-of-2024-double-that-for-whole-of-2023-moh (consulté le 18/11/2024)
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