Jeunes et tabac

Un fumeur sur deux meurt prématurément d’une maladie liée au tabagisme. Ainsi, l’industrie du tabac est contrainte de trouver un remplaçant pour chaque personne tuée par ses produits. Pour assurer la pérennité économique des cigarettiers, les jeunes constituent de ce fait la cible prioritaire à atteindre. Ces derniers deviennent très rapidement dépendants. Par ailleurs, le développement cérébral d’un individu n’étant pas achevé avant 25 ans, ceci rend les jeunes particulièrement vulnérables au tabagisme. C’est pourquoi la prévention de l’initiation au tabagisme représente une priorité de santé publique.

Jeunes et tabac : la situation en France

Chaque année, le tabac tue prématurément 75 000 personnes en France, soit plus d’un décès sur huit. Le tabac est le facteur de risque évitable le plus important de cancers, de maladies cardiovasculaires et de maladies respiratoires. Toutes ces pathologies coûtent par ailleurs particulièrement cher à la collectivité et aux finances publiques. Pourtant, plus d’un quart des Français de 15-75 ans est un fumeur régulier. Des chiffres, qui selon le Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH) de 2019, sont en baisse, notamment depuis ces trois dernières années avec 1,6 million de fumeurs en moins, soit une baisse de 4 points par rapport à 2016.

Selon l’enquête ESCAPAD de 2017 menée auprès des jeunes de 17 ans, un quart (25,1%) des jeunes de 17 ans sont fumeurs quotidiens, quand près de six jeunes Français sur 10 ont déjà essayé de fumer. S’il s’agit du niveau le plus bas mesuré par cette enquête depuis 2000, ces chiffres demeurent toutefois élevés.

La France, très mal classée par rapport aux autres pays européens, se fixe pour objectif de parvenir à une génération non fumeur d’ici 2032, c’est-à-dire que moins de 5% des jeunes de 17 ans se soient initiés au tabac. Pour parvenir à cet objectif que d’autres pays ont déjà atteint, il importe donc de poursuivre et renforcer la mise en œuvre des mesures éprouvées et efficaces en matière de réduction du tabagisme. Parmi ces mesures figure notamment l’interdiction de vente des produits du tabac aux mineurs. La plupart des individus fument en effet leur première cigarette entre treize et quatorze ans, et tombent très rapidement dans une dépendance tabagique, y compris avec des consommations faibles et ponctuelles. On estime que pour trois enfants qui expérimentent le tabac, deux d’entre eux seront consommateurs de tabac pendant au moins une partie de leur vie. Chaque année en France, plus de 200 000 jeunes tombent dans le piège de cette drogue au pouvoir addictif majeur.

Une génération sans tabac pour 2030

L’objectif d’une génération sans tabac d’ici 2032 fait partie de l’actuel Programme National de lutte contre le tabac, PNLT. L’Australie, la Nouvelle-Zélande ou encore le Canada sont des pays où le nombre de fumeurs est très faible et qui sont en voie de parvenir à ces générations sans tabac. Tous ont adopté un arsenal de mesures pour dénormaliser le tabagisme, et appliquent rigoureusement la mesure d’interdiction de vente aux mineurs. En France, contrairement aux idées reçues, la grande majorité des jeunes fumeurs se procurent leur tabac chez un débitant. En 2017, 94% des fumeurs quotidiens âgés de 17 ans déclaraient acheter régulièrement leurs cigarettes chez un buraliste. Il s’agit ici d’un enjeu prioritaire de santé publique.

La bonne application de l’interdiction de vente aux mineurs participe au processus de dénormalisation du tabagisme, et est très étroitement associée à des mesures comme les interdictions de publicités, qui ciblent prioritairement les jeunes, ou encore les interdictions de fumer dans les lieux à usage collectif, notamment les lieux fréquentés par les jeunes comme les établissements scolaires et d’enseignement, les lieux de loisirs, installations sportives, etc.

©Génération Sans Tabac

Le tabagisme et la santé des jeunes

 

Le tabagisme actif chez les enfants et les adolescents entraîne de graves risques pour leur santé respiratoire à court et long termes. Les enfants qui fument sont deux à six fois plus susceptibles de tousser, d’expectorer, de présenter une respiration sifflante, et d’être davantage essoufflé que les non-fumeurs. Le tabagisme nuit à la croissance pulmonaire et déclenche un déclin prématuré de la fonction respiratoire, qui accompagne progressivement le développement d’une broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO).

Les enfants sont principalement exposés au tabagisme passif à leur domicile du fait du tabagisme parental. Chez le tout jeune bébé, le syndrome de mort subite du nourrisson est plus fréquent lorsqu’un/les parent(s) fume(nt) au domicile.

Principaux effets du tabagisme passif sur le jeune enfant :

  • Irritation des yeux, du nez et de la gorge
  • Fréquence accrue des rhinopharyngites et des otites
  • Plus grand risque d’asthme et d’infections respiratoires (pneumonie et bronchite)
  • Faible, mais significative, diminution du développement du poumon.
Nicotine

L'addiction à la nicotine

La nicotine est la drogue à l’origine de la dépendance au tabac. L’addiction à la nicotine s’installe très rapidement chez les jeunes, avant même qu’ils ne ressentent les premiers symptômes de dépendance/manque et avant qu’ils aient commencé à fumer tous les jours. Volontiers, dès que l’enfant ressent ces premiers signes, il fait de nombreuses tentatives souvent infructueuses pour arrêter. L’addiction est en général patente dans les deux mois suivant le début du tabagisme.

La puissance addictive de la nicotine est démontrée par le fait que sur trois enfants/adolescents qui fument une première cigarette « pour voir » deux seront fumeurs quotidiens pendant une période de leur vie.

Les facteurs qui influencent les jeunes à commencer à fumer :

  • Le tabagisme de l’entourage : familial (parents, frères et sœurs) et des pairs, ce facteur étant lui-même lié à la variable de la catégorie sociale
  • La facilité d’obtenir des cigarettes ou autres produits du tabac : l’accessibilité aux produits et le niveau des pris de ceux-ci,
  • L’exposition à la promotion au sens large du tabagisme et des produits du tabac (publicités, parrainage, placements de produits et comportementaux etc.), notamment dans les supports audiovisuels et réseaux sociaux.
  • L’environnement familial et l’influence des amis/pairs 

Baisse du tabagisme des 13-15 ans dans le monde, encore trop limitée et inégale

Une récente étude a évalué la prévalence du tabagisme chez les jeunes adolescents de 13 à 15 ans entre 1999 et 2018 dans 143 pays. L’évolution à la baisse de la prévalence, pendant ces deux décennies, demeure cependant inégale, insuffisante tandis que la situation stagne voire se dégrade dans 40% des pays étudiés.

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États-Unis : les lois Tobacco 21 sont efficaces et convainquent d’autres pays

Après l’introduction progressive des lois états-uniennes Tobacco 21 qui ont fait leurs preuves à travers le pays, les décideurs politiques australiens et indiens envisagent également de relever l’âge de vente du tabac à 21 ans dans leurs pays.

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L’importance de la lutte antitabac sur la santé et développement des enfants

Un nouveau rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) appelle à sensibiliser les décideurs à l’importance de mesures éprouvées de lutte antitabac pour protéger la santé et le développement des enfants, notamment à travers l’interdiction de la publicité en faveur du tabac, la mise en place des lieux sans tabac et l’augmentation des taxes sur le tabac.

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États-Unis : les enfants exposés au tabagisme passif plus souvent admis à l’hôpital

Selon une recherche menée par l’Université de Cincinnati, les enfants exposés à la fumée de tabac sont plus souvent admis aux urgences et hospitalisés que les enfants non exposés, ce qui contribue à un lourd tribut pour le système de santé du pays.

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Publié le 23 octobre 2019