Les Finlandais préfèrent les traitements nicotiniques de substitution à la réduction des risques

2 avril 2023

Par: Comité national contre le tabagisme

Dernière mise à jour : 2 avril 2023

Temps de lecture : 4 minutes

Les Finlandais préfèrent les traitements nicotiniques de substitution à la réduction des risques

En matière de sevrage tabagique, l’efficacité et la disponibilité des traitements nicotiniques de substitution les rendent plus attractifs que les cigarettes électroniques aux yeux des Finlandais.

La Finlande est l’un des pays les plus en pointe en matière de lutte contre le tabagisme. La plupart des mesures préconisées par la CCLAT ont déjà été mises en œuvre : interdiction de fumer et de vapoter dans les lieux publics clos et dans un grand nombre d’espaces publics extérieurs, interdiction de tous les arômes autres que l’arôme tabac, interdiction de toute forme de publicité ou de vente en ligne et, plus récemment, instauration du paquet neutre pour l’ensemble des produits du tabac et de la nicotine.

La conjugaison de ces mesures et leur maintien dans le temps, grâce à la sanctuarisation de la politique antitabac afin d’échapper aux aléas des alternances politiques, ont permis à la Finlande d’afficher, en 2018, une prévalence de tabagisme quotidien de 13,3 % (10,9 % pour les femmes, 15,7 % pour les hommes)[1]. En conséquence, l’objectif d’une génération sans tabac – soit moins de 5 % de fumeurs dans la population – pour 2040 a été avancé à 2030. La Finlande ne souhaite d’ailleurs plus seulement être un pays sans tabac, mais aussi un pays sans nicotine.

Engouement pour les traitements nicotiniques de substitution

L’une des forces de l’approche finlandaise tiendrait à la nette préférence accordée aux traitements nicotiniques de substitution (TNS) pour accompagner le sevrage tabagique, plutôt qu’aux cigarettes électroniques ou à d’autres produits[2]. Accessibles sans ordonnance, les TNS sont non seulement disponibles en pharmacie, mais peuvent aussi, depuis 2006, être achetés dans les épiceries ou d’autres magasins.

Cette disponibilité des TSN et le caractère médical de ces produits ont contribué à les installer dans les habitudes de consommation. Une préférence qui se fait au détriment des cigarettes électroniques, au grand regret de Jari Ollika, président de Vapers Finland RY, une association de promotion du vapotage. « Personne ne croit à la réduction des risques », indique-t-il, « le vapotage est perçu comme une extension de Big Tobacco. Les cigarettes électroniques ne sont pas considérées comme des aides au sevrage tabagique »[3]. Le succès des TNS et leur grande disponibilité attirent cependant quelques convoitises de la part des pharmaciens, qui souhaiteraient rétablir une exclusivité de vente dans leur réseau afin de récupérer ce marché.

Une position également partagée en Europe

Bien qu’elle contrarie les fabricants et les vendeurs de cigarettes électroniques, la position de la Finlande n’est pourtant pas exceptionnelle : c’est également celle développée dans le rapport du comité européen SCHEER[4] et, en France, par le Haut Conseil de la santé publique (HCSP)[5]. Ces deux organismes considèrent non seulement que le niveau de preuve de l’efficacité des cigarettes électroniques n’est pas suffisamment établi dans l’arrêt du tabac, mais aussi que la toxicité à long terme de ces produits reste très incertaine. Comme en Finlande, le HCSP recommande en priorité le recours aux différents TNS (patches, gommes, pastilles, spray buccal), dont l’efficacité est médicalement reconnue.

Mots-clés : Finlande, TNS, vapotage, sevrage tabagique.

©Génération Sans Tabac

MF

[1] Finland, FCTC report 2020, WHO.

[2] Finland Backs NRT Over Harm Reduction, TobaccoReporter, publié le 27 mars 2023, consulté le 28 mars 2023.

[3] Sidhu K, “NRT or Cold Turkey”: Why Finland Won’t Back Tobacco Harm Reduction, Filter Mag, publié le 27 mars 2023, consulté le 28 mars 2023.

[4] Scientific Committee on Health, Environmental and Emerging Risks (SCHEER), Opinion on electronic cigarettes. Publié le 16 avril 2021, consulté le 21 juin 2022.

[5] Avis du Haut Conseil de la santé publique, relatif aux bénéfices-risques de la cigarette électronique, publié le 4 janvier 2022. Comité national contre le tabagisme |

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