David Khayat, ancien Monsieur cancer au service de l’industrie du tabac

15 avril 2021

Par: Comité national contre le tabagisme

Dernière mise à jour : 15 avril 2021

Temps de lecture : 4 minutes

David Khayat, ancien Monsieur cancer au service de l’industrie du tabac

Un article paru dans le Monde le 14 avril 2021 met en lumière les liens étroits entre David Khayat, ancienne figure de la lutte contre le cancer en France et promoteur actif de la « réduction des risques », et Philip Morris International. Cette proximité illustre la nouvelle stratégie de l’industrie du tabac : diffuser un discours scientifique alternatif et neutraliser les avancées en matière de santé publique.

Ancien président de l’Institut national du cancer et ancien conseiller de Chirac ayant conduit au premier plan Cancer en 2003, David Khayat est une figure emblématique de la santé publique des années 2000. Oncologue réputé, il est également à l’origine de la création de l’Institut national contre le cancer (INCa), qu’il préside entre 2005 et 2006. Aujourd’hui, ayant mis un terme à sa carrière dans l’hôpital public, le cancérologue maintient son activité dans sa clinique privée du 16ème arrondissement.

Crédibiliser le tabac chauffé auprès des pouvoirs publics

David Khayat, à l’occasion de la sortie de son dernier livre « Arrêtez de vous priver », se fait le chantre de la réduction des risques, et pointe du doigt les travers d’une société jugée faisant preuve d’ « hygiénisme », et imposant de « nouveaux diktats ». Comme le mentionnent les journalistes, aucune mention n’est faite par le cancérologue de son activité parallèle de consultant pour Philip Morris International. En effet, l’investigation révèle qu’en juin 2018, à l’occasion d’une consultation des pouvoirs publics de Hong-Kong sur la réglementation de la cigarette électronique et du tabac chauffé, les contributions de Philip Morris et de British American Tobacco étaient accompagnées d’un courrier de David Khayat, certifiant être convaincu que le tabac chauffé est « nettement moins dangereux que la cigarette ». En France, la situation est similaire : les journalistes montrent que David Khayat a vanté les mérites du tabac chauffé auprès de sénateurs et députés. A la fin de l’année 2020, plusieurs amendements ont cherché à obtenir un allègement fiscal sur ce nouveau produit du tabac. Selon le journal, les liens entre l’oncologue avec les cigarettiers n’a pas été précisé.

Un curriculum vitae artificiellement gonflé

L’investigation publiée par le journal Le Monde montre que le cancérologue n’a pas hésité à usurper un certain nombre de titres honorifiques. Dans son curriculum vitae, David Khayat se présente comme le « président d’honneur de l’INCa », alors que cette fonction n’existe pas dans l’organigramme de l’Institut. De la même manière, Khayat est décrit comme le « conseiller du directeur général de l’Organisation mondiale de la santé à Genève », quand l’OMS dément formellement ces prétentions.

David Khayat, la blouse blanche comme caution pseudoscientifique

Le soutien d’une personnalité comme celle de David Khayat, ou celle de Derek Yach, ancien directeur de l’Initiative pour un monde sans tabac de l’OMS, et désormais président de la Fondation pour un monde sans fumée de Philip Morris, constitue, selon les journalistes du Monde, « une prise de guerre » pour l’industrie du tabac, qui récupère le prestige et la crédibilité scientifique de ces deux figures emblématiques de la santé publique. Pourtant, aujourd’hui, aucune étude indépendante n’est parvenue à démontrer que la consommation de tabac chauffé s’accompagnait d’une réduction des risques[1].

©THIBAULT CAMUS/WOSTOK PRESS/MAXPPP ©Génération Sans Tabac
[1] Glantz SA, Heated tobacco products: the example of IQOS, Tobacco Control 2018;27:s1-s6. Comité National Contre le Tabagisme |

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