Conduite à partir de 144 études sur les politiques de lutte contre le tabagisme, une méta-analyse a étudié leurs conséquences sur la santé des populations. Elle en conclut une réduction significative de la morbidité et de la mortalité dues aux politiques de protection contre l’exposition à la fumée de tabac.
Douze méta-analyses et revues exhaustives de la littérature ont déjà questionné le lien entre les mesures de lutte contre le tabagisme et leur incidence sur la santé des populations. Toutefois, celles-ci se focalisaient généralement sur une ou certaines mesures de lutte contre le tabac. Une équipe de chercheurs japonais, bangladais et camerounais a engagé une méta-analyse plus globale, afin d’estimer l’impact sur les questions de santé de l’ensemble de ces politiques antitabac.
Un rôle clairement positif sur la santé de la protection contre la fumée de tabac
La méta-analyse de ces chercheurs s’est appuyée sur 144 études, qu’elles soient observationnelles ou quasi-expérimentales[1]. Tous les types de politiques antitabac ont été inclus, qu’il s’agisse d’une mesure isolée ou d’un ensemble complet de mesure. Le champ des incidences sur la santé était également très large, incluant symptômes et maladies liées au tabagisme.
Parmi les 60 études qui s’appuyaient sur des informations quantitatives et se sont avérées les plus exploitables, un focus a été porté sur les études les plus nombreuses, celles centrées sur les effets sur la santé des populations des politiques de protection contre l’exposition à la fumée de tabac. Il en ressort que ces mesures ont entraîné une réduction significative des maladies et de la mortalité par maladies cardiovasculaires et respiratoires, des effets indésirables sur la naissance, ainsi que du nombre d’hospitalisations, la moindre exposition passive des individus à la fumée de tabac expliquant ces effets positifs sur la santé.
Une invitation à généraliser les espaces sans tabac
Concernant les autres mesures de lutte contre le tabac, les résultats étaient peu interprétables compte-tenu du caractère trop hétérogène et de ce fait peu comparable des études. D’autres méta-analyses ont par ailleurs déjà démontré la réduction de la prévalence tabagique du fait des augmentations de taxes, de l’introduction des avertissements sanitaires, de l’interdiction de la publicité pour les produits du tabac, et des restrictions imposées sur le marketing du tabac.
Au final, les auteurs retiennent que les politiques de protection contre l’exposition à la fumée de tabac ont pu formellement montrer une incidence positive significative sur la santé des populations. Ils invitent à généraliser les lieux clos non-fumeurs et les espaces extérieurs sans tabac. Ce type de mesures fait partie des six axes du programme MPOWER, promu par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et conçu pour réduire la prévalence tabagique[2].
Mots-clés : politiques antitabac, méta-analyse, interdiction de fumer, politique fiscale.
MF
[1] Akter S, Islam MR, Rahman MM, et al. Evaluation of Population-Level Tobacco Control Interventions and Health Outcomes: A Systematic Review and Meta-Analysis. JAMA Netw Open. 2023;6(7):e2322341. doi:10.1001/jamanetworkopen.2023.22341
[2] WHO, WHO report on the global tobacco epidemic, 2023, Protect people from tobacco smoke, 2023, rapport, 248 p.