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Une loi antitabac de 2006 qui ne fait plus l’unanimité au Niger

Le Niger est l’un des premiers pays du continent africain à avoir ratifié la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac et adopté une législation très complète dès 2006. Toutefois, il est aujourd’hui constaté que les défauts d’application de cette loi la rendent obsolète et inopérante, face à l’intrusion insidieuse des industriels du tabac.

Une réforme antitabac, pionnière en Afrique, mais devenue obsolète

Après la signature de la CCLAT en 2005, le Niger se dote d’une loi antitabac dès 2006, suivie de son décret d’application en 2008. S’en sont ensuite suivis deux arrêtés portant respectivement sur l’interdiction de vente de produits du tabac aux abords des écoles, des hôpitaux et lieux de travail, puis sur  » la réglementation, la composition, le conditionnement et l’étiquetage des produits du tabac au Niger avec obligation des avertissements sanitaires graphiques”[1].

Cependant ces différentes dispositions datant de plus de quatorze ans trouvent de moins en moins d’écho auprès de la population, tant dans son contenu que dans son application. La société civile qui lutte contre le tabac a proposé un amendement à ladite loi de 2006 pour permettre la bonne application des dispositions progressistes. La proposition d’amendement a été reportée sine die, témoignant bien là de la considération dont la loi antitabac de 2006 et son application bénéficient, dans les faits.

L’ingérence des industriels du tabac anéantit les efforts de lutte antitabac, en violation de l’article 5.3 de la CCLAT

Il est aujourd’hui de plus en plus documenté que les industriels du tabac ont recours à des manœuvres sournoises pour influencer les positions des gouvernements relatives au tabac et par extension, la consommation de la population. A titre d’exemple, Philip Morris a, dans les années 2000, organisé un concert de 30 000 personnes, gratuit, dans la capitale Niamey pour le lancement de sa marque « Bond Street ». En outre, la semaine précédant le concert, PMI distribuait gratuitement des cigarettes aux plus jeunes, directement dans les écoles, en guise de récompenses à des jeux.

A quelques kilomètres de là, dans le village d’Hamdallaye, British American Tobacco organisait, cinq jours avant l’examen de la loi de 2006 par le Parlement nigérien, une cérémonie ostentatoire à l’occasion de l’inauguration d’un système d’adduction d’eau potable. Les hauts dignitaires et les habitants faisaient partie des invités – des victimes de la supercherie car dans les faits, le puits n’a fonctionné que les quatre premiers mois après cette cérémonie.

L’industrie du tabac ne déploie que des opérations de relations publiques qui instrumentalisent et trompent dirigeants et consommateurs pour ne servir que ses propres intérêts. Les retombées médiatiques de tels événements la servent et lui dessinent une image qui ne la représente pas.

©Génération Sans Tabac


[1] https://nigerinter.com/2019/03/niger-comment-lingerence-de-lindustrie-du-tabac-plombe-la-lutte-antitabac/

[i] https://nigerinter.com/2018/01/focus-sur-la-lutte-contre-le-tabac-au-niger/

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Publié le 3 juillet 2020