L’Association Nationale de Prévention Alcoologie et Addictologie (ANPAA) fait un excellent décryptage[1] de l’impact du COVID-19 sur les comportements addictifs dans la population française confrontée au confinement.
Concernant cet impact sur la consommation tabagique, il y est notamment fait état de la désignation des débits de tabac comme « achats de première nécessité » susceptibles de rester ouverts en période de confinement mettant ainsi la fourniture de drogue, certes légale, au même niveau que celles des denrées alimentaires, d’eau, d’électricité ou des produits de santé. Sans nier la nécessité d’éviter à la fois le commerce illégal et les risques directs et induits du sevrage de 13,5 millions d’utilisateurs fortement dépendants, il était cependant possible d’éviter cet amalgame dans l’imaginaire collectif en précisant officiellement les raisons du maintien des ventes de tabac.
Une excellente analyse des effets du confinement sur le commerce transfrontalier, tant légal qu’illégal, est également faite dans ce décryptage. Elle note que l’accès au tabac, notoirement plus coûteux, peut en effet voir certains fumeurs anticiper la décision d’arrêt envisagée de longue date.
Si la presse relate, à grand renfort de communiqués, un regain d’activité des bureaux de tabac frontaliers et laisse même penser au retour massif du tabac en France, les dernières données officielles[2] fournies par le principal distributeur de tabac en France, LOGISTA, par comparaison avec 2019, font ressortir une chute 9% pour les livraisons de cigarettes en mars 2020 et de 8,2% pour le tabac à rouler. A noter que ce même comparatif entre 2019 et 2018 enregistrait déjà respectivement 9,4% et 8,1% de chute des livraisons.
Il faut donc se réjouir du retour à une activité commerciale sans concurrence déloyale pour les buralistes frontaliers mais constater son faible impact sur la consommation de tabac en France, à moins qu’il ne fasse que réduire une très forte régression de la consommation nationale !
[2] http://www.zerotabac.net/2020/04/impact-tres-faible-du-confinement-sur-la-politique-antitabac/