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Une eurodéputée suédoise conteste la neutralité d’un consortium en faveur de la lutte antitabac

L’eurodéputée Sara Skyttedal dénonce un appel d’offres remporté par un consortium d’acteurs de santé en mettant en cause son impartialité sur les questions des nouveaux produits de la nicotine. Le directeur de l’ENSP, membre de ce consortium, appelle de son côté à ne pas détourner la notion de conflit d’intérêts.

Les conditions d’attribution d’un programme de recherche européen sur la réduction du tabagisme sont questionnées par l’eurodéputée Sara Skyttedal (groupe PPE). Ce programme est porté par l’European Health and Digital Executive Agency (HaDEA) et doté de 3 millions d’euros. Il a pour mission de conseiller la Commission européenne sur sa politique sur les produits du tabac, en lui fournissant des évaluations juridiques, statistiques, économiques et sanitaires sur les produits du tabac et de la nicotine. Il a également pour objectif d’alimenter le Plan européen de lutte contre le cancer et de préparer une génération sans tabac – soit moins de 5 % de fumeurs dans la population – à l’horizon 2040.

Composé de l’European Network for Smoking Prevention (ENSP), de l’Université de Crête et de la société Open Evidence, le consortium qui a remporté cet appel d’offres était le seul candidat.

Les acteurs de la société civile accusés de conflits d’intérêts

Dans une question écrite qui n’a pas encore reçu de réponse, Sara Skyttedal s’interroge sur l’objectivité de ce consortium, pourtant clairement engagé en faveur de la santé publique. L’eurodéputée s’inquiète d’un possible conflit d’intérêts de ce consortium, dont l’opposition affichée à tous les produits du tabac et de la nicotine pourrait constituer un préjudice à de nouveaux produits présentés comme moins nocifs.

Sara Skyttedal estime que des positions hostiles aux nouveaux produits du tabac et de la nicotine nuiraient également au bon développement du Plan de lutte contre le cancer. Reprenant les arguments de l’industrie du tabac empruntés à la réduction des risques, elle craint que les fumeurs soient restreints dans la transition vers d’autres produits[1], sans évoquer la possibilité qu’ils puissent cesser toute dépendance.

Un détournement de la notion de conflit d’intérêts selon l’ENSP

Cornel Radu-Loghin, le secrétaire général de l’ENSP, a tenu à préciser que son organisme ne pouvait être accusé de conflits d’intérêts puisqu’il ne réalise pas de profits, et que cette notion ne s’applique pas lorsqu’il n’existe aucun intérêt économique. L’objectif de l’ENSP étant précisément d’émettre des propositions de loi en matière de lutte contre le tabagisme, Cornel Radu-Loghin considère que cet organisme est dans son rôle en participant à l’élaboration de la politique européenne sur les produits du tabac. Il est par ailleurs mentionné dans l’un des articles du traité de l’OMS la convention Cadre pour la lutte antitabac de l’OMS, juridiquement contraignant pour l’Union Européenne qui l’a ratifié que les Parties au traité, donc la Commission européenne doivent agir avec la acteurs de la société civile œuvrant dans le domaine de la lutte contre le tabagisme.

Alors que le manque de transparence de la Commission européenne vis-à-vis de l’industrie du tabac a déjà été dénoncé à plusieurs reprises, les tentatives pour initier des polémiques de ce type pourraient se développer à l’approche de la révision de la directive européenne sur les produits du tabac et de la nicotine.

Mots-clés : ENSP, Sara Skyttedal, conflits d’intérêts.

©Génération Sans Tabac

MF

[1] Griera M, Leeson S, Stakeholders bicker over EU tender on tobacco control policy, Euractiv, publié le 17 mai 2023, consulté le 17 mai 2023.

Comité national contre le tabagisme |

Publié le 24 mai 2023