Le 30e congrès de la Société européenne des maladies respiratoires, qui s’est déroulé de manière virtuelle en septembre 2020, a présenté des travaux sur les effets néfastes de la cigarette électronique. La cigarette électronique peut être la source de problèmes respiratoires, cardiaques et vasculaires, selon les résultats de l’équipe de recherche américaine du Professeur Sven-Jordt[1].
La cigarette électronique : des propriétés inattendues
En 2019, dans un rapport consacré à la lutte contre le tabagisme, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) mettait en évidence des risques d’irritation des voies respiratoires, de la gorge, des yeux ainsi que des risques d’effets cardiovasculaires. En janvier 2020, l’OMS renforce ses propos : « Il n’y a aucun doute que les cigarettes électroniques sont dangereuses pour la santé ». L’OMS alerte également sur le vapotage passif. L’exposition aux fumées des cigarettes électroniques peut occasionner des dommages aux fœtus, mais aussi aux cerveaux des adolescents, précise-t-elle[2]. Cela s’explique par la présence de substances toxiques telles que le glycol[3], utilisé dans la fabrication de l’antigel. Les effets néfastes à long terme restent inconnus.
Les études se sont multipliées pour analyser les effets de la cigarette électronique. Aux États-Unis, des chercheurs de l’université Duke déclarent, qu’actuellement, des composés toxiques sont trouvés dans les cigarettes électroniques. Leur présence est démontrée par l’analyse des cellules qui recouvrent les bronches. Ces composés toxiques sont dus au mélange des arômes (vanilline, benzaldéhyde, cinnamaldéhyde) et solvants (propylène glycol, glycérine végétale). Ils sont à l’origine de réactions inflammatoires : augmentation de la fréquence cardiaque, de la pression artérielle, des toux et des difficultés respiratoires. De faibles concentrations suffisent à endommager le métabolisme des cellules pulmonaires et conduire à leur mort (apoptose)[4]. Une autre étude sur la pollution de l’air montre que les particules fines, moins de 2.5 microns, s’infiltrent dans la circulation sanguine et peuvent provoquer des effets néfastes sur le cœur, un durcissement des artères et des inflammations[5]. S’il est reconnu que la plupart des arômes contenus dans les liquides de vapotage sont sûrs quand ils sont ingérés, ce n’est pas nécessairement le cas lorsqu’ils sont inhalés.
Ces chercheurs soulignent, tout comme l’OMS, que les cigarettes électroniques ne peuvent pas être considérées comme une alternative sûre aux cigarettes classiques et réclament des études scientifiques complémentaires sur les impacts à long terme. L’OMS, devant les risques encourus par le vapotage actif ou passif, réclame que l’usage des cigarettes électronique soit réglementé. Elle souhaite l’interdiction de la vente aux mineurs, celle de vapoter sur les lieux de travail confinés ainsi que dans les espaces publics.
[1] Jordt S. et coll.: Flavor-solvent reaction products in electronic cigarette liquids activate respiratory irritant receptors and elicit cytotoxic metabolic responses in airway epithelial cell.
Santé Respiratoire France, En direct du congrès de la Société européenne des maladies respiratoires, www.sante-respiratoire.com (le 11 octobre 2020, consulté le 22 novembre 2020).
[2] Organisation mondiale de la santé, E-cigarettes, www.who.int (le 29 janvier 2020, consulté le 24 novembre 2020).
[3] « Absorption du Propylène-Glycol sous forme d’inhalation : pas de toxicité avérée, mais une irritation des voies respiratoires chez certaines personnes »
[4] Santé Respiratoire France, En direct du congrès de la Société européenne des maladies respiratoires, www.sante-respiratoire.com (le 11 octobre 2020, consulté le 22 novembre 2020).
[5] Oxford academic, Cardiovascular risk of electronic cigarettes: a review of preclinical and clinical studies, www.futura-sciences.com (le 1er janvier 2020, consulté le 24 novembre 2020).
[6] Futura Sciences, Les cigarettes électroniques forment des produits toxiques, www.futura-sciences.com (le 6 septembre 2020, consulté le 22 novembre 2020).