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La Thaïlande, bonne élève de l’Asie du Sud-Est en matière d’interdiction de la publicité pour le tabac

L’Alliance pour la lutte antitabac en Asie du Sud-Est (SEATCA) vient de publier un indice qui fournit l’état d’avancement de la mise en œuvre de l’interdiction de la publicité, de la promotion et du parrainage en faveur du tabac dans 10 pays de l’Asie du Sud-Est[1][2]. Seule la Thaïlande a une interdiction complète de la publicité, de la promotion et du parrainage du tabac, tandis que Brunei et Singapour ont institué une interdiction presque complète. L’Indonésie, qui n’a pas ratifié la Convention-Cadre de l’OMS accuse un retard important dans l’interdiction de la publicité et demeure un terrain de jeu pour l’industrie du tabac.

L’indice est construit à partir des données d’état des lieux transmises par les partenaires nationaux de la coalition SEATCA et le suivi des activités de l’industrie du tabac sur le terrain en 2021. L’article 13 de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT) et ses directives d’application adoptées en 2008 confirment que l’interdiction complète de la publicité, de la promotion et du parrainage en faveur du tabac est une mesure essentielle pour réduire le tabagisme.

Les résultats mettent en avant les disparités entre les pays de la région avec des pays en pointe comme la Thaïlande et Singapour qui ont mis en place de manière complète et efficace des interdictions complètes pour la publicité du tabac, indiquées dans l’article 13 de la CCLAT. Ces pays ont par ailleurs constaté une baisse de leurs prévalences tabagiques ces dernières années. D’autres pays, parties à la CCLAT, connaissent une situation intermédiaire en raison des interdictions souvent partielles et d’une influence plus ou moins forte de l’industrie du tabac, et sont appelés par les auteurs de l’étude à compléter et renforcer leur dispositif pour se mettre en conformité avec la CCLAT.

 

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Le cas particulier de l’Indonésie

Bien que l’industrie du tabac interfère dans les politiques publiques de presque tous les pays d’Asie du Sud-Est, le niveau d’ingérence de l’industrie du tabac dans l’élaboration des politiques en Indonésie est le plus élevé de la région.

Le pays est actuellement le seul de la région à ne pas avoir ratifié la Convention-Cadre en raison du fort lobby de l’industrie du tabac et accuse ainsi un retard considérable sur la question de la publicité. À titre d’exemple, à l’exception de l’Indonésie, tous les autres pays de la région de l’ANASE ont interdit la publicité pour le tabac dans les médias de masse, y compris la presse écrite, la télévision, la radio et le cinéma, et une interdiction complète de la publicité extérieure pour le tabac par voie d’affichage. La loi indonésienne autorise encore ce type de publicité ainsi que la publicité dans les points de vente, sur internet, ainsi que le parrainage de certains événements sportifs ou culturels. L’Indonésie est également le pays de la région où les activités de RSE de l’industrie du tabac sont les plus importantes, PMI y a dépensé plus de $26 millions depuis 2017 dans des activités dites de RSE.

Une publicité qui reste importante sur les lieux de vente en Asie du Sud-Est

Alors que la plupart des pays de l’ANASE ont introduit des restrictions sur les publicités directes ou les promotions aux points de vente, conformément à l’article 13 de la CCLAT, l’Indonésie et les Philippines sont en retard et autorisent toujours les fabricants de tabac à faire la publicité de leurs produits sur les points de vente. Aux Philippines, la loi autorise la promotion des produits du tabac, y compris la distribution d’échantillons gratuits de produits du tabac, s’ils ne sont pas destinés aux personnes de moins de 18 ans. Le traité de la CCLAT exige une interdiction complète aussi les législations en vigueur qui n’intègrent pas le lieu de vente dans le champ de l’interdit de toute publicité tabac ne sont pas conformes.

Cette publicité sur le lieu de vente peut prendre des formes diverses. Ainsi au Cambodge, les détaillants peuvent afficher le logo ou le nom des produits du tabac sur les points de vente et montrer un paquet de cigarettes de chaque marque vendue. Ces restrictions partielles permettent ainsi aux compagnies de tabac de maintenir la visibilité de leurs produits et de leurs marques.

La Thaïlande a résolu ce problème en interdisant complètement l’étalage des produits du tabac sur les points de vente. Ce pays a été récemment suivi par le Brunei et Singapour qui ont introduit des restrictions similaires. En matière d’emballage, tous les pays de la région ont des avertissements sanitaires illustrés sur les paquets de cigarettes mais seuls Singapour et la Thaïlande ont instauré le paquet neutre. Le rapport appelle l’ensemble des Parties à la CCLAT à mettre en place le paquet neutre pour réduire l’attractivité du produit.

L’industrie du tabac continue d’utiliser les activités de RSE pour exercer son influence dans la région

En Asie du Sud-Est, les taux de tabagisme sont parmi les plus élevés dans le monde avec une prévalence moyenne du tabagisme chez les hommes de 42 %. La région compte 122 millions de fumeurs adultes et reste un marché lucratif pour les fabricants de tabac. Ces derniers mènent dans plusieurs pays de la région d’intenses opérations de marketing et de lobbying associées à des activités de responsabilité sociale des entreprises (RSE) afin de s’y développer commercialement.

L’industrie utilise la RSE pour redorer une image ternie au cours de ces dernières années et pour essayer de maintenir sa légitimité dans les sphères publiques et commerciales. Les contributions à la RSE sont par ailleurs développées lorsque toutes les autres formes de publicité, de promotion et de parrainage du tabac lui sont interdites. Pendant l’épidémie de COVID-19, l’industrie du tabac a intensifié ses activités de RSE dans la région de l’ANASE, en particulier dans cinq pays : l’Indonésie, la Malaisie, la Thaïlande, les Philippines et le Vietnam, qui représentent d’importants marchés pour elle alors même que certains de ces pays (Malaisie et Thaïlande) ont interdit les activités de RSE de l’industrie du tabac.

En 2020, PMI a augmenté ses dépenses publicitaires dans la région de l’ANASE au niveau de la catégorie de la communication dite de RSE. Celles-ci ont représenté environ 22 millions de dollars, soit plus du double des sommes engagées en 2019.

 

2017

2018

2019

2020

Total
Indonésie 6 224 231 6 037 000 5 972 145 8 007 835 26 241 211
Malaisie 303 718 248 987 83 870 262 685 899 260
Philippines 1 870 373 2 320 298 2 927 906 13 405 967 20 524 544
Thaïlande 275 000 250 000 582 794 478 164 1 585 961
Vietnam 80 069 77 906 96 000 253 975
Total 8 753 391 8 934 191 9 566 715 22 250 651 49 504 951

Dépenses de PMI en activités de RSE ($)

Mots clés : Asie du Sud-Est, ANASE, RSE, marketing, publicité, tabac, CCLAT

 

©Génération Sans Tabac

AE


[1] Southeast Asia Tobacco Control Alliance. (2022). SEATCA Tobacco Advertising, Promotion and Sponsorship Index: Implementation of Article 13 of the WHO Framework Convention on Tobacco Control in ASEAN Countries, 2022. Bangkok: Southeast Asia Tobacco Control Alliance.

[2] Association des nations de l’Asie du Sud-Est

[3] Responsabilité sociale des entreprises

Comité National Contre le Tabagisme |

 

Publié le 25 février 2022