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Le tabagisme, facteur de risque majeur pour les maladies cardiovasculaires

Dans un récent article, l’organisme britannique Action for Smoking and Health (ASH)[1] rappelle le lourd fardeau des maladies cardiovasculaires (MCV) et la contribution du tabagisme au développement de ces maladies. Les MCV sont responsables d’environ 4,1 millions de décès chaque année dans les pays européens[2].

Les maladies cardiovasculaires (MCV) comprennent les maladies des artères coronaires (angine de poitrine et infarctus du myocarde), les maladies cérébrovasculaires (accidents vasculaires cérébraux ischémiques et hémorragiques), les maladies des valves cardiaques, les maladies cardiaques congénitales et les maladies des artères périphériques[3]. Parmi celles-ci, les maladies des artères coronaires et les accidents vasculaires cérébraux, représentent la principale cause de mortalité dans le monde et un contribuent de façon majeure à l’invalidité. Le tabagisme en est le principal facteur de risque.

Le fardeau des maladies cardiovasculaires

Les MCV sont la première cause de mortalité dans le monde. Elles provoquent 31 % des décès prématurés et ces chiffres progressent chaque année. En 2019, l’ensemble des MCV étaient responsables dans le monde d’environ 19 millions de décès, 9,8 millions d’hommes et 9,2 millions de femmes. Le nombre annuel mondial de décès dus aux MCV devrait atteindre plus de 23 millions d’ici 2030 et plus de 34 millions d’ici 2060.

Chaque année, sur 9,4 millions de décès par maladie des artères coronaires  1,9 million, soit 20%, sont imputables au tabagisme et à l’exposition à la fumée secondaire[4]. Dans la Région européenne définie par l’OMS où le taux de tabagisme chez l’adulte est en moyenne de 26 %, un décès sur cinq par maladie des artères coronaires était dû au tabagisme en 2017, soit environ 480 000 vies perdues[5].

En France, les MCV sont à l’origine d’environ 140 000 décès par an, soit près de  400 décès par jour[6].  Sur les 75000 décès attribuables au tabac, 16000 sont dus à des MCV, soit plus d’un décès sur 5[7]. Les MCV ont longtemps été la principale cause de décès dans le pays mais depuis quelques années, elles se situent au deuxième rang des causes de mortalité, après les cancers, du fait d’une diminution continue du nombre de décès cardio-vasculaires en lien avec l’amélioration de la prévention et de la prise en charge thérapeutique. Néanmoins, chez les plus de 65 ans et chez la femme, ces maladies restent la première cause de mortalité. Les MCV représentent 30% des décès féminins et une augmentation du taux de femmes de moins de 65 ans hospitalisées pour IDM a été observée entre 2008 et 2013, particulièrement chez les 45-54 ans (+4,8% par an)[8]. Cette évolution est à rapprocher de l’évolution spécifique du tabagisme féminin dans ces tranches d’âge en France[9].

Le tabagisme, principal facteur de risque modifiable des MCV

Il a été démontré que le risque de MCV est significativement plus élevé chez les fumeurs actuels, par rapport aux personnes n’ayant jamais fumé et à ceux qui ont arrêté de fumer. Le tabagisme augmente jusqu’à trois fois le risque de décès par MCV. Cet impact du tabagisme est aussi présent chez les sujets jeunes. Ainsi, 80 % des victimes d’infarctus du myocarde avant 45 ans sont des fumeurs et entre 30 et 49 ans, le risque d’infarctus du myocarde chez le fumeur est multiplié par cinq[10]. La consommation de tabac augmente également le risque de développer une hypertension artérielle, une athérosclérose, une artérite des membres inférieurs, ou un accident vasculaire cérébral.

Une revue systématique étudiant l’impact du tabagisme sur les MCV chez les personnes âgées a révélé que chez les sujets de 60 ans et plus, le tabagisme contribue encore fortement aux événements coronariens aigus, aux accidents vasculaires cérébraux et double le risque de décès cardiovasculaire. Dans cette analyse, le tabagisme avance de 5,5 ans le risque de mourir d’une maladie cardiovasculaire[11].

L’enjeu de l’arrêt du tabac sur le développement et la mortalité des MCV

L’arrêt total du tabac réduit considérablement le risque de développer des MCV, notamment un infarctus du myocarde, un accident vasculaire cérébral ou une artérite des membres inférieurs. Une étude de cohorte portant sur 8 770 personnes a montré que chez les gros fumeurs, l’arrêt du tabac était associé à un risque significativement plus faible de MCV dans les 5 ans par rapport aux fumeurs actuels. Environ 10 à 15 ans après avoir cessé de fumer, les anciens fumeurs présentaient un risque de MCV similaire à celui des non-fumeurs[12].

Les bénéfices de l’arrêt du tabac sur la santé sont très rapides et contrairement aux idées reçues il n’existe pas de seuil en deçà duquel le tabac serait sans danger. Ainsi le risque existe  même pour une consommation d’une cigarette par jour[13]. La durée du tabagisme est un facteur déterminant. Aussi, un arrêt du tabac le plus précoce possible est un objectif prioritaire, réduisant de manière considérable les risques de contracter une MC. Néanmoins, des bénéfices existent à tout âge, puisqu’à 60 ans l’arrêt du tabac permet encore, en moyenne, de gagner 3 années d’espérance de vie [14]. Au-delà de l’impact sur l’espérance de vie, l’arrêt du tabac est également un facteur essentiel de prévention de récidive d’accidents cardiovasculaires. Ainsi, les fumeurs qui arrêtent de fumer au décours d’un infarctus du myocarde réduisent de 36% leur risque de décès et de 32% leur risque d’une nouvel infarctus[15].

 

Mots-clés : Maladies cardiovasculaires, MCV, cœur, tabagisme, santé, prévention, arrêt du tabac

©Génération Sans Tabac

A.E


[1] Smoking, the heart and circulation, Action for Smoking and Health, 4 août 2021, consulté le 5 août 2021

[2] Timmis A, Townsend N, Gale CP, Torbica A, Lettino M, Petersen SE, Mossialos EA, Maggioni AP, Kazakiewicz D, May HT, De Smedt D. European Society of Cardiology: cardiovascular disease statistics 2019. European heart journal. 2020 Jan 1;41(1):12-85.

[3] World Health Organization (WHO). Factsheet: Cardiovascular Diseases. 11 juin 2021, consulté le 5 août 2021

[4] Communiqué de presse OMS, Tobacco responsible for 20% of deaths from coronary heart disease, 22 septembre 2020, consulté le 5 août 2021

[5] Communiqué de presse OMS, Plus de 20 % des décès dus aux cardiopathies coronariennes sont liés au tabagisme et à l’exposition à la fumée secondaire, 20 septembre 2020, consulté le 5 août 2021

[6] Chiffres du Ministère des solidarités et de la santé, Maladies cardiovasculaires, dernière mise à jour le 2 août 2021, consulté le 5 août 2021

[7] Christophe Bonaldi, Marjorie Boussac, Viêt Nguyen-Thanh, Estimation du nombre de décès attribuables au tabagisme, en France de 2000 à 2015, Santé Publique France, 15 mars 2019, n°. 15, p. 278-284.  http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2019/15/2019_15_2.html

[10] Dès 1 cigarette par jour, coeur et artères en danger, Fédération française de cardiologie, 28 mai 2018, consulté le 5 août 2021

[11] Mons U, Müezzinler A, Gellert C, Schöttker B, Abnet CC, Bobak M, de Groot L, Freedman ND, Jansen E, Kee F, Kromhout D. Impact of smoking and smoking cessation on cardiovascular events and mortality among older adults: meta-analysis of individual participant data from prospective cohort studies of the CHANCES consortium. bmj. 2015 Apr 20;350.

[12] Duncan MS, Freiberg MS, Greevy RA, Kundu S, Vasan RS, Tindle HA. Association of smoking cessation with subsequent risk of cardiovascular disease. Jama. 2019 Aug 20;322(7):642-50.

[13] Hackshaw A, Morris JK, Boniface S, Tang JL, Milenković D. Low cigarette consumption and risk of coronary heart disease and stroke: meta-analysis of 141 cohort studies in 55 study reports. BMJ. 2018 Jan 24;360:j5855. doi: 10.1136/bmj.j5855. Erratum in: BMJ. 2018 Apr 11;361:k1611. Erratum in: BMJ. 2018 Nov 28;363:k5035. PMID: 29367388; PMCID: PMC5781309.

[14] Blake Thomson, Jonathan Emberson, Ben Lacey, Richard Peto, Mark Woodward, and Sarah Lewington, Childhood Smoking, Adult Cessation, and Cardiovascular Mortality: Prospective Study of 390 000 US Adults, Journal of the American Heart Association. 28 octobre 2020, https://doi.org/10.1161/JAHA.120.018431

[15] Critchley JA, Capwell S. Mortality risk reduction associated with smoking cessation in patients with coronary heart disease. A systematic review. JAMA 2003;290:86–97

Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 6 août 2021