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Tabac et Afrique : quand la Suisse exporte les cigarettes dont l’Europe ne veut pas

L’évolution du tabagisme en Afrique plonge ce continent dans une situation sanitaire préoccupante :

  • Entre 1986 et 2016, le nombre de fumeurs a augmenté de 52%. Dans la même période, on compte 33% de fumeurs de moins en Europe[1].
  • D’ici quelques années, si rien n’est fait, l’Afrique sera la région du monde où l’on fumera le plus, selon un rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS[2]).
  • Comptant aujourd’hui 80 millions de fumeurs, l’Afrique devrait voir le nombre de décès liés à la cigarette doubler d’ici 2030[3].

Marie Maurisse, correspondante helvète du Monde, a réalisé une investigation sur l’industrie du tabac en Suisse[4]. Grâce à une législation souple et une politique fiscale avantageuse, ce pays est aujourd’hui un eldorado pour les cigarettiers, à tel point que les trois plus grands groupes mondiaux du tabac y ont implanté leur siège social : Philip Morris, British Tobacco, Japan Tobacco.

En Suisse, on estime que l’industrie du tabac correspond à 1% du PIB national. Le pays est par ailleurs un grand exportateur de tabac (75% de sa production), dont une grande partie est destinée aux consommateurs africains.

Contrairement à la France ou au Royaume-Uni, les industries du tabac en Suisse ont le droit d’appliquer un double standard de fabrication, en fonction du pays d’exportation. Autrement dit, les cigarettes suisses en circulation en Europe et celles commercialisées en Afrique ne sont pas les mêmes. Ces cigarettes sont plus chargées en goudrons, nicotine et peuvent inclure des arômes attractifs totalement interdits dorénavant en Union Européenne.

Des analyses effectuées au Sénégal par le ministère de la Santé à la suite des révélations de Marie Maurisse confirment les pratiques scandaleuses de Philip Morris. Il est aujourd’hui attesté, selon les laboratoires sénégalais, que les cigarettes vendues au Sénégal présentent des taux de particules totales, de nicotine et de monoxyde de carbone plus élevés que celles destinées au marché suisse et européen.

La dérégulation des marchés dans les années 80 a permis à l’industrie du tabac de s’implanter dans le continent Africain, parfois à renfort de stratégies marketing agressives, incluant des campagnes publicitaires massives, de ventes de cigarettes à l’unité, de promotions, de distributions gratuites, ou encore de sponsoring d’événements culturels[5]. Ces pratiques agressives sont aujourd’hui réglementées par l’article 13 de la Convention-cadre de l’Organisation Mondiale de la Santé de la lutte anti-tabac (CCLAT).

©Génération Sans Tabac


Source image :

Fig.1 : https://www.ladiplomatie.fr/2018/10/24/comment-lindustrie-du-tabac-simmisce-dans-les-legislations-africaines/

[1] http://ash.org.uk/wp-content/uploads/2019/07/ASH-Factsheet_Developing-World_v3.pdf

[2] https://www.who.int/mediacentre/news/notes/2009/tobacco_20091204/fr/

[3] https://www.youtube.com/watch?v=_Qqala4kgHQ

[4] https://stories.publiceye.ch/tabac/

[5] https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/societe-africaine/lindustrie-du-tabac-vise-les-populations-vulnerables-en-afrique_3056231.html

| ©Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 7 janvier 2020