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Suisse : sensibilisation autour d’une opération de ramassage de mégots

35 000 jeunes ont participé en Suisse à la 21ème édition du projet Expérience non fumeur.

Chaque année, le concours Expérience non fumeur, organisé par l’Association suisse pour la prévention du tabagisme (AT), récompense ses lauréats et cherche à convaincre les jeunes de ne jamais commencer à fumer. Il sensibilisait cette année au thème du littering, cette pratique qui consiste à jeter ses détritus au sol.

35 000 jeunes issus de 1 880 écoles à travers toute la Suisse et incluant le Lichtenstein ont ainsi participé courant mars à une opération géante de ramassage de mégots dénommée stop2drop[1]. Pour participer au concours, les élèves devaient en outre s’engager à ne consommer aucun produit de tabac dans les six mois suivants, ce qui a été atteint par 78% d’entre eux. D’autres personnes, jeunes hors scolarité ou citoyens, étaient aussi invitées à se joindre au projet.

Les mégots, une pollution permanente

L’objectif d’un million de mégots ramassés en deux semaines a pratiquement été atteint (958 181 mégots décomptés, précisément). Une goutte d’eau claire dans l’océan de pollution générée par les milliards de mégots de cigarettes jetés chaque jour dans la nature, mais qui a le mérite d’attirer l’attention sur cette calamité quotidienne. Au-delà des élèves, de leurs parents et de la population entière, cette opération d’alerte vise aussi à sensibiliser les fumeurs : « Plus de la moitié des mégots de cigarettes sont jetés au sol au lieu d’être mis à la poubelle » regrette Markus Dick, responsable du projet « Expérience non fumeur ». L’opération, fortement médiatisée, avait également pour objectif d’inciter les décideurs politiques et l’industrie du tabac à réagir et à apporter des solutions concrètes [2].

On estime en effet qu’un seul mégot jeté dans la nature pollue jusqu’à 500 litres d’eau et met environ 11 ans à se dégrader [3]. Les milliers de composants chimiques issus des mégots se répandent ensuite par la pluie et la neige. L’infiltration de microparticules dans les nappes phréatiques se répercute sur la qualité des sols, la nutrition des plantes et la santé des animaux – et bien entendu celle des humains. La plupart des 6000 milliards de cigarettes mises en circulation chaque année dans le monde sont porteuses d’un filtre, la moitié de leurs mégots sont ainsi dispersés dans la nature.

Une industrie très polluante

Bien qu’elle cherche aujourd’hui à redorer son blason en finançant quelques programmes écologiques de façade, l’industrie du tabac est foncièrement polluante : des plantations de tabac copieusement arrosées de pesticides aux poumons des fumeurs et à l’atmosphère des habitations, en passant par des usines hors contrôle (zones franches) et par des centaines de milliers de camions pour l’acheminement, l’industrie du tabac est polluante à chacune de ses étapes. Les déchets engendrés, quant à eux, sont non seulement composés de mégots, mais aussi d’emballages de cigarettes (papier, plastiques). A cela s’ajoutent tous les déchets liés aux nouveaux produits de l’industrie : dispositifs électroniques des cigarettes électroniques parfois jetables et du tabac chauffé dont les plastiques et les batteries se révèlent encore plus polluants que les cigarettes [4].

Les filtres et les mégots de cigarettes comptent à eux seuls parmi les principaux déchets de la planète : ils représentent ainsi 40% des déchets de la mer Méditerranée. Composés d’une matière plastique appelée acétate de cellulose, les « filtres » en réalité n’ont aucun effet de réduction de risque sanitaire. Ils n’empêchent aucune des particules toxiques du tabac d’atteindre les poumons des fumeurs. La présence d’un filtre se révèle en revanche moins irritante pour la gorge, ce qui a permis à l’industrie du tabac de prétendre que ces cigarettes étaient plus douces et de cibler, dès les années 1950, les femmes et les enfants. La présence de ces filtres est aujourd’hui discutée, de nombreuses voix demandant à ce qu’ils soient supprimés pour des raisons environnementales et pour que les fumeurs cessent de croire qu’ils les protègent. En attendant, une directive européenne adoptée en décembre et applicable au 3 juillet prochain prévoit l’obligation pour les cigarettiers de signaler sur les paquets que les filtres des cigarettes contiennent du plastique [5].

Mots-clés : mégots – jeunes – pollution – plastique – Suisse

Crédit photo : ©Stop2Drop

©Génération Sans Tabac


[1] Stop2drop, Les résultats de stop2drop. Consulté le 12 mai 2021.

[2] Dick M, Expérience non-fumeur: 35 000 jeunes ont traité le problème des cigarettes jetées dans la nature. Publié le 11 mai 2021, consulté le 12 mai 2021.

[3] Génération Sans Tabac, Les mégots, gros pollueur des mers des océans. Publié le 17 janvier 2020, consulté le 12 mai 2021.

[4] Truth Initiative, A toxic, plastic problem: E-cigarette waste and the environment, Publié le 8 mars 2021, consulté le 12 mai 2021.

[5] Génération Sans Tabac, Plastique dans les filtres : la nouvelle réglementation européenne. Publié le 20 janvier 2021, consulté le 12 mai 2021.

Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 14 mai 2021