Un laboratoire a analysé 59 échantillons de e-liquides, provenant de 17 détaillants présents dans 5 cantons suisse (Argovie, Berne, Bâle-Campagne, Bâle-Ville et Soleure), dont 34 étaient sans nicotine et 25 avaient une teneur déclarée en nicotine comprise entre 3 et 20 mg/ml. Au total, 66% des échantillons étaient non-conformes et 44% ont été interdis de vente[1].
La Suisse soumet la vente des cigarettes électroniques contenant de la nicotine et leurs liquides aux exigences de la directive européenne 2014/40/UE du 3 avril 2014 du Parlement européen et du Conseil relative à la fabrication, à la présentation et à la vente des produits du tabac et des produits connexes. À ce titre, la teneur en nicotine ainsi que la présence éventuelle d’ingrédients toxiques ou non autorisés et de parfums allergènes ont été contrôlées, de même leur déclaration et conformité avec la loi Suisse sur les denrées alimentaires et celle sur les produits chimiques ont également été analysées.
Échantillons contestés | Nombre d’échantillons (total 59) |
Pour non-conformité à la loi sur les denrées alimentaires | 16 (27%) |
Pour non-conformité à la loi sur les produits chimiques | 35 (59%) |
Total des échantillons non conformes | 39 (66%) |
Interdictions de vente | Nombre d’échantillons (total 59) |
Pour non-conformité à la loi sur les denrées alimentaires | 13 (22%) |
Pour non-conformité à la loi sur les produits chimiques | 23 (39%) |
Total des échantillons non conformes | 26 (44%) |
Récapitulatif de l’évaluation au regard de la législation sur les denrées alimentaires
La directive européenne prévoit que la vente de liquides contenant de la nicotine n’est autorisée que sous la forme de flacons de recharge d’un volume maximal de 10 ml, ou sous un volume maximal de 2 ml pour les cigarettes électroniques jetables et cartouches jetables. Les avertissements sanitaires doivent également figurer dans la langue officielle du lieu de vente.
Raison de l’interdiction de vente selon la loi sur les denrées alimentaires | Nombre d’échantillons (total 59) |
Ingrédient déclaré erroné | 1 (2%) |
Avertissement sanitaire dans une langue autre que la langue officielle | 11 (19%) |
Volume du réservoir de liquide de la cigarette électronique jetable / pods > 2 ml | 1 (2%) |
Volume du flacon de recharge > 10 ml | 1 (2%) |
Autres motifs de contestation selon la loi sur les denrées alimentaires sans interdiction de vente | Nombre d’échantillons (total 59) |
Date limite de consommation dépassée | 4 (7%) |
Avertissements peu lisibles | 1 (2%) |
Numéro de lot manquant | 1 (2%) |
Mauvais avertissement sanitaire | 1 (2%) |
Récapitulatif de l’évaluation au regard de la législation sur les produits chimiques
Les produits chimiques dangereux ne peuvent être vendus que s’ils sont correctement classés, étiquetés et emballés et une fiche de données de sécurité doit être disponible avec le produit. En outre, une adresse suisse du fabricant doit figurer sur le produit, et l’étiquetage doit être conforme à la législation nationale et rédigé dans la langue officielle du lieu de vente.
Sur les 59 échantillons, 36 (61%) contenaient des produits chimiques classés comme dangereux conformément à la législation sur les produits chimiques. Sur ces 36 échantillons, 23 ont fait l’objet d’une interdiction de vente.
Raison de l’interdiction de vente selon la loi sur les produits chimiques | Nombre d’échantillons (total 23) |
Pas de fiche de données de sécurité disponible | 12 (52%) |
Classification erronée ou manquante | 15 (65%) |
Autres motifs de réclamation selon la loi sur les produits chimiques sans interdiction de vente | Nombre de produits classés (36) |
Mauvaise langue d’étiquetage | 14 (39%) |
Adresse du fabricant manquante | 21 (58%) |
Obligation de déclaration non respectée | 27 (75%) |
Fiche de données de sécurité non conforme | 16 (67%) (sur 24)* |
Taille des caractères trop petite ou illisible | 2 (6%) |
Pictogramme de danger trop petit | 4 (11%) |
* Aucune fiche de données de sécurité n’a pu être transmise pour 12 produits.
Présence d’ingrédients toxiques dans certains e-liquides
Aucune des substances interdites par la directive européenne 2014/40/UE, telles que la coumarine, le safrole, la quassine, la vitamine E, l’acétate de vitamine E ou le diacétyle, n’ont été détectées. Dans trois échantillons les analyses ont révélé la présence d’acide salicylique à raison de 13,8 à 19,9 mg/ml. Cette substance est connue pour être toxique et fait partie des substances cancérigènes mutagènes reprotoxiques.
Des composants problématiques tels que le furfural (3 échantillons), la dihydrocoumarine (4 échantillons) ou la 7-méthoxycoumarine (1 échantillon) n’ont été détectés qu’à des concentrations très faibles, de sorte qu’aucune réclamation n’a dû être formulée.
De nombreux arômes et colorants présents
Au total, 44 substances aromatiques et quatre colorants ont été identifiés dans les 59 échantillons. De 0 et 17 substances aromatisantes différentes ont pu être détectées selon les liquides, les plus fréquemment détectées étant le linalol (40 échantillons), le cinnamate de méthyle (27), la vanilline (27), le limonène (23) et le citral (21). Des concentrations maximales élevées de substances aromatiques ont été mesurées pour le menthol (11 mg/ml), l’alcool benzylique (7,5 mg/ml), le trans-anéthole (2,5 mg/ml) et le 2-phényléthanol (1,1 mg/ml). Les colorants détectés sont des colorants alimentaires : jaune orangé S (C.I. 15985, E110), amarante (C.I. 16185, E123), bleu brillant FCF (C.I. 42090, E133) et azorubine (C.I. 14720, E122).
Selon les auteurs de l’étude, les effets sur la santé de l’utilisation de colorants alimentaires dans les produits du vapotage sont encore incertains et ils appellent à approfondir cette question.
Mots-clés : vapotage, e-liquides, suisse, analyses, laboratoire, ingrédients
AE
[1] Association suisse pour la prévention du tabagisme, Le laboratoire cantonal conteste deux des trois e-liquides analysés, publié le 20 juillet 2022, consulté le 25 juillet 2022