L’interdiction de fumer dans les bars et les restaurants, instaurée en Suisse le 1er mai 2010, a pu provoquer des inquiétudes chez les professionnels de la gastronomie. Pourtant, le nombre d’établissements comme les recettes du secteur montrent que cette mesure sanitaire n’a pas découragé les consommateurs.
La santé protégée
L’interdiction vise avant tout à préserver la santé publique. Un an après sa mise en place, la Suisse enregistrait effectivement une baisse de 22 % des cas de crise cardiaque. La santé du personnel en place dans les bars et restaurants a également été protégée. En effet, il avait été prouvé que ces personnes inhalaient autant de polluants en 15 minutes que s’ils avaient fumé 5 cigarettes. Après le 1er mai 2010, la charge toxique – enregistrée par des badges – est devenue 16 fois plus faible.
Aujourd’hui, les acteurs de la lutte anti-tabac aimeraient aller plus loin. Le problème ? 27 % de la population suisse fumait toujours en 2017, et le tabagisme cause dans ce pays 8 600 décès par an. Il représente également un coût financier de plus de 10 milliards de francs suisses (incluant les dépenses de santé et les pertes de productivité).
La Suisse « à la traîne » ?
L’association des ligues européennes contre le cancer a publié un rapport sur les politiques publiques antitabac menées dans 35 pays européens ainsi qu’en Israël. La Suisse, dernier pays européen à ne pas avoir ratifié la Convention-cadre de l’Organisation Mondiale de la Santé pour la lutte antitabac (CCLAT), y apparaît comme une mauvaise élève. Considéré par beaucoup comme l’« eldorado du tabac », le pays héberge effectivement les sièges sociaux des plus grandes compagnies de tabac : Philip Morris International (PMI), British American Tobacco (BAT) et Japan Tobacco International (JTI). De plus, le fait que les politiques en place soient propres à chaque canton ouvre plus facilement la porte à l’ingérence.
Pour faire baisser le taux de tabagisme en Suisse, le recours au paquet neutre, largement développé en Europe, ou à l’augmentation du prix du tabac pourraient pourtant constituer des solutions qui protègeraient la santé des citoyens.
[1] La restauration a survécu à 10 ans sans tabac, www.tdg.ch (30 avril 2020 – consulté le 16 juillet 2020).
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