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Soumission d’un rapport sur le tabagisme féminin en France auprès des Nations Unies

Un rapport sur la situation du tabagisme féminin en France, préparé par le Comité national contre le tabagisme (CNCT), Action for Smoking and Health (ASH) Washington et l’Alliance contre le tabac (ACT) vient d’être soumis au groupe de travail chargé du suivi de la mise en œuvre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF), que la France a ratifiée.  Le groupe de travail se réunira du 28 février au 4 mars 2022 à Genève. Le rapport a été réalisé avec le soutien du Fonds de lutte contre les addictions.

Le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) est l’organe d’experts indépendants qui surveille la mise en œuvre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Tous les 4 ans, les parties doivent présenter un rapport d’état des lieux sur la mise en œuvre effective dans leur pays des dispositions contenues dans ce traité. La prochaine audition de la France ayant lieu en septembre prochain, un groupe de travail de pré-session de ce Comité, avec l’appui de son secrétariat, établit des listes de problèmes et de questions qu’il pourra soulever dans un second temps lors de la session d’examen. À cette occasion, la société civile, à l’instar du CNCT, d’ASH et de l’ACT,  peut fournir des contributions pouvant influencer les demandes du Comité au gouvernement français.

Le poids du tabagisme chez les femmes françaises

Le tabagisme féminin en France est l’un des plus élevé au monde. Depuis 2016, la prévalence du tabagisme en France a diminué, mais 20,7 % des femmes en France fument encore quotidiennement et près de 6% d’entre elles sont des consommatrices occasionnelles[1]. Alors que la prévalence de fumeurs a fortement diminué chez les hommes de 41,5 % à 34,4 % entre 1980 et 2012, elle a inversement fortement augmenté de 18,8 % à 27,7 % chez les femmes[2]. De plus, le pourcentage de décès de femmes attribuables au tabac était neuf fois supérieur en 2010 par rapport au niveau de 1980. Depuis 2000, le nombre de décès liés au tabac chez les fumeuses de moins de 65 a plus que doublé.

D’autres conséquences sur la santé des femmes dues au tabagisme, notamment une augmentation spectaculaire des crises cardiaques, des accidents vasculaires cérébraux, du cancer du poumon et de la BPCO sont amplement documentées. Une récente étude montre que le cancer du poumon progresse très rapidement chez les femmes en France, touchant 34% de femmes en 2020 contre 16% en 2000 et que 41% de ces cancers surviennent chez des femmes de moins de 50 ans[3]. Dans la tranche d’âge des 50-74 ans, la mortalité par cancer du poumon chez les femmes est actuellement en France supérieure à celle par cancer du sein[4].  À l’échelle mondiale, les femmes sont toujours les principales victimes du tabagisme passif et plus de femmes meurent à cause du tabagisme passif.

Inclure la lutte contre le tabagisme dans les droits des femmes

Selon les auteurs du rapport, une approche fondée sur les droits humains pour mettre fin au tabagisme est pertinente car elle oblige les gouvernements à protéger leurs citoyens en mettant en œuvre des réglementations et mesures complètes et éprouvées pour mettre fin à l’épidémie de tabagisme. Les gouvernements sont tenus de protéger la santé de leurs citoyens, et les traités et outils internationaux et régionaux comme la Convention-cadre pour la lutte antitabac (CCLAT), la CEDEF, les Objectifs de Développement Durable (ODD) ou encore le plan d’action mondial de lutte contre les maladies non transmissibles dans lesquels la France s’est engagée sont les outils les plus efficaces pour parvenir à ces objectifs.

En matière de droits des femmes, la consommation de tabac induit une violation plus particulière de certaines dispositions de ces conventions internationales, notamment le droit à la protection de la santé, le droit à l’information ou encore la lutte contre les discriminations.  Les femmes restent toujours des cibles de choix dans le marketing de l’industrie du tabac qui oriente ses campagnes à destination des femmes à travers des publicités et promotions qui s’appuient sur les stéréotypes de genre et associent faussement l’usage du tabac aux concepts de beauté, minceur, sophistication, ou encore émancipation et liberté.

La France doit poursuivre ses efforts pour protéger les droits des femmes

Le rapport rappelle que réduire le tabagisme, en particulier le tabagisme féminin, est une obligation pour la France en raison de ses engagements internationaux. Les associations précisent, bien que le pays soit engagé depuis ces dernières années dans une politique active et proactive de lutte contre le tabagisme ayant contribué à réduire la consommation tabagique globale, de nombreuses dispositions ne sont pas encore mises en œuvre de manière adéquate. Elles émettent ainsi une série de recommandations qui devraient être mises en œuvre par les pouvoirs publics français afin de protéger les droits des femmes et des jeunes filles. Parmi ces dernières figurent notamment l’incitation à :

– Veiller et améliorer l’effectivité de certaines mesures : interdiction de vente des produits du tabac aux mineurs, protection à l’égard de l’exposition au tabagisme passif, aux placements comportementaux tabagiques dans les œuvres culturelles, amélioration de l’offre de soins pour une prise en charge complète des traitements de la dépendance tabagique ;

– Harmoniser les législations existantes en matière de fiscalité, d’ingrédients, de conditionnement pour éviter les pratiques de contournements et transferts de consommation ;

– Poursuivre une stratégie générale de lutte contre le tabagisme incluant un volet centré sur le tabagisme des femmes.

Lire le rapport complet (en français – PDF)

Lutter contre l’épidémie tabagique pour renforcer les droits humains (CNCT)

©Génération Sans Tabac

AE


Mots clés : France, droits des femmes, droits humains, lutte contre le tabagisme, santé, Nations Unies

[1] Pasquereau A, Andler R, Arwidson P, Guignard R, Nguyen- Thanh V. Consommation de tabac parmi les adultes : bilan de cinq années de programme national contre le tabagisme, 2014- 2019. Bull Epidémiol Hebd. 2020;(14):273-81.

http:// beh.santepubliquefrance.fr/beh/2020/14/2020_14_1.html

[2]  Ng M, Freeman MK, Fleming TD, et al. Smoking prevalence and cigarette consumption in 187 countries, 1980-2012. JAMA. 2014;311(2):183-192. doi:10.1001/jama.2013.284692

[3] Génération sans tabac, Le cancer du poumon en progression chez les femmes en France, 24 janvier 2022, consulté le 10 février 2022

[4] Jéhannin-Ligier K, Dantony E, Bossard N, Molinié F, Defossez G, Daubisse-Marliac L, Delafosse P, Remontet L, Uhry Z. Projection de l’incidence et de la mortalité par cancer en France métropolitaine en 2017. Rapport technique. Saint-Maurice : Santé publique France, 2017. 80 p. https://www.santepubliquefrance.fr/docs/projection-de-l-incidence-et-de-la-mortalite-parcancer-en-france-metropolitaine-en-2017

Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 14 février 2022