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Le sevrage tabagique, un droit humain dont l’accès doit être facilité

En prévision de la Journée mondiale sans tabac (JMST), le 31 mai prochain dont le thème est « s’engager à arrêter », le Centre international pour l’abandon du tabac (CTIC) et Action on Smoking and Health (ASH) ont publié un rapport[1] qui appelle à faciliter l’accès au sevrage tabagique à tous les consommateurs de tabac pour réduire la prévalence globale du tabac et à considérer cet accès au traitement de la dépendance tabagique comme un droit humain.

Les textes relatifs aux droits humains, juridiquement contraignants, exigent des gouvernements à fournir à leurs citoyens le meilleur état de santé physique et mental possible comme spécifié à l’article 12 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC). Dans le cadre du tabac, les gouvernements ont le devoir de protéger leurs citoyens en mettant en œuvre des lois et des stratégies de lutte antitabac pour mettre fin à l’épidémie de tabac.

Au cours des dernières décennies, des progrès ont été accomplis dans la lutte contre l’épidémie de tabagisme, notamment depuis l’adoption et la mise en œuvre de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT). Cependant, ces progrès restent limités, plus d’un milliard de personnes consomment du tabac à travers le monde et 8 millions de personnes décèdent prématurément à cause du tabac chaque année. De nombreux pays n’ont toujours pas mis de programmes complets de lutte antitabac. Si certaines mesures de la CCLAT ont été bien mises en œuvre, d’autres ont été gravement négligées, notamment le traitement pour le sevrage tabagique[2].

Un droit inscrit dans la Convention-Cadre de l’OMS

L’article 14 de la Convention-Cadre est consacré à la dépendance à l’égard du tabac et au sevrage tabagique. Il souligne l’importance de réduire le nombre de fumeurs actuels en ayant recours à des traitements validés rendus disponibles. En 2010, la Conférence des Parties a adopté des lignes directrices détaillées pour aider les Parties à mettre en œuvre l’article 14. Elle a recommandé les meilleures pratiques pour le traitement de sevrage, mais selon l’OMS, seuls 23 pays offrent des services complets de sevrage avec une prise en charge totale ou partielle des coûts pour aider les consommateurs de tabac à arrêter. Cela ne représente que 32% de la population mondiale[3].

En outre, l’article 12 du traité consacré à l’Éducation, la communication, la formation et la sensibilisation du public, comprend un certain nombre de références à la sensibilisation aux dangers du tabagisme et aux bénéfices de l’arrêt du tabac.

Un accompagnement lors du sevrage augmente les chances de réussite

Le succès des politiques de lutte antitabac a accru la demande des consommateurs d’un soutien pour le sevrage tabagique. En moyenne, dans les pays où l’Enquête mondiale sur le tabagisme chez l’adulte a été menée[4], plus de 60% des fumeurs ont indiqué qu’ils avaient l’intention d’arrêter et plus de 40% avaient tenté d’arrêter au cours des 12 mois précédant l’enquête. Sans une prise en charge adaptée, seules 4% des tentatives d’arrêt du tabac réussissent[5]. Des traitements de sevrage éprouvés et un soutien professionnel peuvent doubler les chances d’un fumeur de cesser de fumer. Selon l’OMS, les professionnels de la santé sont les principaux acteurs pour promouvoir des informations et aides sur le sevrage du tabac.

L’objectif de l’OMS d’une réduction de 25% de la mortalité prématurée due aux maladies non transmissibles (MNT) d’ici 2025 et l’objectif des Nations Unies de réduire le risque de décès prématuré à l’âge moyen dû aux MNT d’ici 2030 (indicateur ODD 3.4.1) ne seront certainement pas atteints en l’absence d’une action urgente concernant l’offre de soins en matière de sevrage tabagique[6].

Les cigarettes électroniques ne sont pas des aides au sevrage éprouvées

Au cours de la dernière décennie, l’industrie du tabac a élargi son panel de produits à la nicotine pour se positionner sur le marché des cigarettes électroniques, tout en lançant de nouveaux produits comme les tabacs chauffés/tabacs grillés. Derrière un discours de réduction de risques, l’objectif à travers ces produits est de développer de nouveaux marchés susceptibles d’inverser la baisse tendancielle de consommation des cigarettes classiques.

Les professionnels de santé alertent sur le fait les consommateurs de cigarettes électroniques qui continuent à fumer, même dans des proportions moindres, ne diminuent pas leurs risques.

Par ailleurs, l’OMS rappelle que les preuves scientifiques relatives aux cigarettes électroniques en tant qu’aides à l’arrêt du tabac ne sont pas concluantes à ce jour et il est difficile de se prononcer si ces produits ont un rôle à jouer dans l’arrêt du tabac. En outre, si les cigarettes électroniques, en cas d’arrêt complet du tabac, induisent une diminution de risques pour la personne, ces produits ne sont pas anodins. Les cigarettes électroniques génèrent des produits chimiques toxiques, qui ont été liés à des effets nocifs sur la santé tels que les maladies cardiovasculaires et les troubles pulmonaires.

Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS a ainsi déclaré : « Nous devons être guidés par la science et les preuves, et non par les campagnes de marketing de l’industrie du tabac – la même industrie qui s’est livrée à des décennies de mensonges et de tromperie pour vendre des produits qui ont tué des centaines de millions de personnes ».[7]

Mots clés : Sevrage tabagique, journée mondiale sans tabac, JMST, OMS, CCLAT, arrêt tabac

©Génération Sans Tabac


[1] Access to Smoking Cessation Support is a Human Right ASH and ICTC Release a Report in Advance of World No Tobacco Day, May 31st, ASH, 19 mai 2021, consulté le 21 mai 2021

[2] WHO Global report on trends in prevalence of tobacco smoking 2000-2025, Second edition. Geneva: World Health Organization 2018 (https://www.who.int/tobacco/publications/surveillance/trends-tobacco-smoking-secondedition/en/).

[3] WHO report on the global tobacco epidemic 2017. Geneva: World Health Organization; 2017 (https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/255874/9789241512824-eng.pdf?sequence=1).

[4] Asma S, Mackay J, Song SY, Zhao L, Morton J, Palipudi KM, et al. The GATS Atlas. Atlanta, GA: CDC Foundation; 2015

[5] WHO Report on the Global Tobacco Epidemic, 2019. Geneva: World Health Organization; 2019. Licence: CC BY-NC-SA 3.0 IGO.

[6] Communiqué, Maladies non transmissibles: les États adoptent une Déclaration politique « ambitieuse et équilibrée » sur ces maux responsables de 71% des décès au monde, AG/12069, OMS, 27 septembre 2018, consulté le 21 mai 2021

[7] Dr Ruediger Krech, World No Tobacco Day 2021 campaign – Commit to Quit, Organisation Mondiale de la Santé, 19 mai 2021, consulté le 21 mai 2021

Comité National Contre le Tabagisme |

Publié le 27 mai 2021