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Sevrage de la cigarette électronique : des informations sur Internet insuffisamment lisibles pour tous

Les informations disponibles sur Internet concernant le sevrage de la cigarette électronique sont assez rares et souffriraient d’un défaut de lisibilité pour les personnes les moins éduquées, pointe une étude étatsunienne.

Pour le grand public, trouver des informations médicales passe aujourd’hui le plus souvent par des recherches sur Internet. Encore faut-il que ces informations soient accessibles et facilement compréhensibles par des non-médecins, et autant que possible par des personnes peu éduquées. Une équipe de chercheurs étatsuniens s’est ainsi penchée sur la lisibilité des informations en ligne au sujet du sevrage de la cigarette électronique[1].

Renforcer l’accessibilité des contenus sur l’arrêt du vapotage

A partir d’une liste de mots-clés autour de l’arrêt du vapotage, les auteurs de l’étude ont  analysé 464 pages Web destinées au grand public. Ces pages ont, d’une part, fait l’objet d’un codage selon le Flesch-Kincaid Grade Level, qui permet d’estimer le niveau de lisibilité d’un contenu écrit à partir de la longueur des phrases et des mots employés. La lisibilité de ces contenus a, d’autre part, été analysée en fonction des publics visés, selon qu’ils étaient parents ou adolescents, et utilisateurs ou non-utilisateurs. La pertinence des informations délivrées n’était pas étudiée.

Les résultats de cette recherche indiquent que la moyenne des pages observées relèverait du 7ème niveau d’étude (l’équivalent de la classe de 5ème dans le système scolaire français) et que seules 23% de ces pages se situeraient au 6ème niveau d’étude (classe de 6ème en France), considéré comme la moyenne nationale aux Etats-Unis. Les auteurs en déduisent que la plupart des pages Web consacrées au sevrage de la cigarette électronique seraient insuffisamment lisibles pour la grande majorité des internautes étatsuniens. Ils préconisent donc de privilégier les phrases courtes et l’emploi de mots avec peu de syllabes, tout en évitant le jargon médical. Aucune différence significative n’a par ailleurs été relevée selon le type de sites visités (favorable ou défavorable au vapotage). La distinction selon les publics visés (parents/adolescents et utilisateurs/non-utilisateurs) n’est pas non plus apparue comme significative.

En France, des conseils proches de ceux de l’arrêt du tabac

Tandis que le débat perdure sur l’efficacité possible des cigarettes électroniques dans le sevrage tabagique, de plus en plus de vapoteurs cherchent à arrêter de vapoter, après une période de consommation plus ou moins longue. Certains y parviennent sans problème, d’autres éprouvent davantage de difficultés, notamment lorsque leur usage de la cigarette électronique est devenu quasi-permanent. Une étude réactualisée de Truth Initiative indique qu’aux Etats-Unis, 54% des vapoteurs réguliers de 15 à 24 ans souhaitent arrêter de vapoter[2]. Truth Initiative a également mis en place un programme visant à aider les jeunes vapoteurs à se sevrer de la cigarette électronique[3].

En l’absence de recommandations scientifiques validées concernant l’arrêt du vapotage, les informations disponibles sur les sites francophones s’inspirent des thérapeutiques proposées pour le sevrage tabagique, voire retenues pour l’arrêt du cannabis dans les années 2000[4]. Les indications fournies incitent par exemple à dresser une liste de motivations à l’arrêt, de réduire la teneur en nicotine des e-liquides, à fixer une date pour l’arrêt du vapotage, à cacher de la vue le matériel de vapotage et à éviter pendant un temps la fréquentation des fumeurs et des vapoteurs.  En l’absence de protocole scientifiquement validé sur l’arrêt du vapotage, le site Tabac Info Service renvoie vers les consultations de tabacologie ou le médecin traitant[5].

Les sites commerciaux francophones visités préconisent pour leur part un arrêt progressif de la vape, étalé sur plusieurs mois, et l’achat de e-liquides moins dosés ou sans nicotine – ce qui semble surtout destiné à éviter la fuite de la clientèle.

L’usage duel tabac-vapotage, à éviter

L’usage – et par extension le sevrage – de la cigarette électronique ne devrait ainsi éventuellement s’envisager que lorsque la cigarette fumée a déjà été totalement  abandonnée. Or, il apparaît qu’en France, plus d’un vapoteur sur deux est en fait un « vapofumeur », qui combine et alterne cigarettes fumées et électroniques[6] ; cette pratique duelle est au moins aussi nocive que l’usage seul de tabac fumé et il est fortement déconseillé de la prolonger[7]. Il est par ailleurs formellement déconseillé aux non-fumeurs de commencer à vapoter, même en l’absence de nicotine dans les e-liquides.

Mots-clés : cigarette électronique, vapotage, sevrage, lisibilité, Etats-Unis

©Génération Sans Tabac

MF


[1] Wood L, Agbonlahor O, Tomlinson M, Kerstiens S, Vincent K, McLeish A, Walker K, Hart J, Readability of online e-cigarette cessation information, Tob. Induc. Dis. 2022;20(June):53

[2] More than half of young people consider quitting vaping in 2022, new survey finds, Truth Initiative, publié le 5 janvier 2022, consulté le 10 juin 2022.

[3] This is quiting, Truth Initiative.

[4] Guide d’aide à l’arrêt du cannabis, INPES, 2004.

[5] « Nous ne disposons pas de protocole scientifiquement validé pour l’arrêt de la vapoteuse. Vous pouvez vous faire accompagner dans cette démarche par un tabacologue, qui vous guidera en face en face. » https://www.tabac-info-service.fr/questions-reponses/04_questions-mises-en-ligne/vapoteuse45

[6] Andler R, Richard JB, Guignard R, Quatremère G, Verrier F, Gane J, Nguyen-Thanh V. Baisse de la prévalence du tabagisme quotidien parmi les adultes : résultats du Baromètre de Santé publique France 2018. Bull Epidémiol Hebd. 2019;(15):271-7.

[7] L’usage conjoint de cigarette électronique et de tabac fumé exposerait à autant de risques cardiovasculaires que la seule cigarette, Génération Sans Tabac, publié le 11 mai 2022, consulté le 10 juin 2022.

Comité national contre le tabagisme |

Publié le 17 juin 2022