Pour la troisième année, Santé Publique France diffuse une campagne de communication visant à dénormaliser l’usage du tabac et à présenter les bénéfices d’une vie sans tabac.
Montrer des images d’une vie où le tabac n’a pas sa place et inviter les spectateurs à se passer du tabac, tels sont les principaux messages de la campagne « Bienvenue dans une vie sans tabac ». Diffusée du 2 au 31 mai 2023 par Santé Publique France pour la troisième année consécutive, cette campagne propose de rejoindre « les 50 millions de Français qui vivent sans tabac »[1].
Une invitation à vivre sans tabac et à s’en éloigner
Plutôt que de pointer les dangers du tabac et les maladies qu’il cause, cette campagne se veut positive et insiste sur les bons moments de la vie. Il est sans cesse question du tabac, mais celui-ci est absent des scènes de la vie et n’apparaît que sous l’angle du sevrage. Les difficultés de ce sevrage ne sont pas niées, elles sont simplement relativisées : tous les fumeurs ne rencontrent pas les mêmes difficultés au moment de l’arrêt du tabac, lequel peut parfois se révéler plus simple qu’il n’y paraît.
Les films et les affiches de cette campagne visent avant tout à renforcer la motivation des fumeurs dans leur arrêt du tabac. Ils montrent qu’une vie sans tabac est possible, à portée de main, qu’il suffit d’essayer, que le sevrage complet est atteignable même s’il nécessite parfois plusieurs tentatives avant d’aboutir. Comme souvent dans le domaine des addictions, redonner confiance aux consommateurs sur leurs chances de réussir est l’un des leviers les plus efficaces.
La dénormalisation, condition indispensable d’une génération sans tabac
La dénormalisation du tabac consiste à le soustraire de toutes les situations où il semblait autrefois normal que des personnes fument. Les interdictions de fumer dans les lieux de travail, les lieux publics et les cafés et restaurants ont montré que l’objectif de lieux sans tabac est non seulement envisageable, mais aussi que ce type de mesure est vivement apprécié par les non fumeurs comme par les fumeurs. La généralisation des plages et des espaces extérieurs sans tabac participe à cette logique de suppression de l’image publique du tabac. Les films et les séries contribuent à notre perception du monde et sont à nouveau fréquemment utilisés par les industriels du tabac, en multipliant les situations mettant en scène des fumeurs (et maintenant des vapoteurs) afin de renormaliser le tabac. L’image du tabac a en effet beaucoup souffert depuis les procès intentés aux principaux fabricants aux Etats-Unis dans les années 1990 et les diverses révélations sur les procédés utilisés par cette industrie pour entretenir l’addiction à la nicotine.
Dénormaliser le tabac, c’est également l’un des principaux axes du Livre blanc « Parvenir à une génération sans tabac », que vient d’éditer le Comité national contre le tabagisme (CNCT)[2]. Ce document détaille un ensemble de mesures pour parvenir en 2032 à l’objectif de 5 % de prévalence tabagique chez les jeunes nés en 2014. Ces propositions sont notamment émises en vue de contribuer au prochain plan national de lutte contre le tabac 2023-2027, dont la publication pourrait intervenir à la fin mai 2023[3]. La dénormalisation du tabac est présentée à la fois comme un moyen et comme une condition d’atteindre cet objectif d’une génération sans tabac : c’est lorsque le tabac disparaît de notre environnement qu’il est plus facile de vivre sans.
Mots-clés : Santé Publique France, Bienvenue dans un monde sans tabac, dénormalisation, Livre blanc.
MF
[1] #viesanstabac : Santé publique France rediffuse et renforce sa campagne « Bienvenue dans une vie sans tabac », Santé Publique France, publié le 3 mai 2022, consulté le 2 mai 2023.
[2] Le Comité national contre le tabagisme (CNCT) propose des mesures fortes pour parvenir à une génération sans tabac d’ici 2032, CNCT, Communiqué de presse, consulté le 2 mai 2023.
[3] Chayet D, Suppression des filtres, interdiction aux moins de 21 ans… : six mesures fortes pour une «génération sans tabac» en 2032, Le Figaro, publié le 2 mai 2023, consulté le 2 mai 2023.
